1000 jours en mars

luttes / avenirs

Le 31 mars 2016 au soir, la Nuit Debout a pété les calendriers. Depuis, le mois de mars s'étire. Personne pour prédire jusqu'à quand il durera.

1000 jours en mars est un projet d'écriture à mille mains, une fabrique bricolée de mille futurs possibles.

1000 jours en mars invite à imaginer collectivement les un-peu-moins de trois années qui arrivent. C'est de la science-fiction en prise directe avec le réel. Un endroit où formuler des espoirs, des attentes, des craintes. Où se raconter, puis raconter aux autres, les histoires de ce qui va se passer.

Si vous êtes aux Nuits Debout qui existent ou prévoyez d'en monter de nouvelles, on va essayer de créer un kit pour des ateliers 1000 jours en mars sur les places occupées, avec papier de bois, crayons et petits cris d'encouragement.

1 mars 01 mars 2016

Preums !

20 mars 20 mars 2016

30 Ventôse An ?

39 mars 08 avril 2016

J´ai remonté le temps ! Ça mouille. On ferait mieux de repartir à l´envers ! Quand ? N´importe. Il y a des brèches partout maintenant.

40 mars 09 avril 2016

Sur la porte, c’est écrit : « Ne pas Déranger ! » Je dis : « Merci de faire le ménage ! ».

41 mars 10 avril 2016

Les images des manifestations lycéennes me rappellent celles contre le Contrat Première Embauche du siècle dernier. Mêmes banderoles qui bavent, mêmes foulards, mêmes passionarias qui traînent les boutonneux encore hésitants. Mais de mon temps, pour se manger de la lacrymo à bout portant, il fallait soit partir en queue avec les anarcho-syndicalistes, soit monter en tête et défoncer des vitrines avec les casseurs. Maintenant les condés gazent en plein milieu de cortège et matraquent ceux qui étaient déjà en train de se disperser. On leur apporte vraiment tout sur un plateau, aux jeunes d´aujourd´hui.

42 mars 11 avril 2016

Au soir Paris, la place de la République est cernée de gendarmes mobiles, de CRS, de PN. Cernée à l´ancienne. Siège. Exit les vendeurs sauvette de bières et de petits pains merguez. Exit les installations nomades, les tentes, les plantes, les cordes à photos, les marmites, les groupes électrogènes, les ordi, la sono (à défaut de sono, l´AG se tient en porte-voix naturelles). Longtemps, les trois forces de l´ordre empêchent ces objets simples de passer leur cordon. Un siège à la romaine. Après une forte pression de foule, des phrases en scande (au voleur ! Tout le monde encercle la police !) et quelque ruse, les objets sont passés. Reprise de place. Se lever, premier geste. Puis tenir, tenir debout, tenir siège si échéant. Affranchir un à un les lieux publics, places, rues, quais, escaliers. Un prochain jour de mars fleurissent les inscriptions : .

43 mars 12 avril 2016

Hum ça sent bon ce matin. Nous avons fini par nous débarrasser du fumier. Finies les effluves puantes des mauvaises pensées, parties dans le caniveau, englouties.

Seul demeure notre propre compost, ce mélange de matières organiques mixées, valorisées, travaillées, rassemblées, la puissance d’une fertilité spontanée.

Pour que les fleurs sauvages prennent l’ascendant sur le chiendent, sent pour sent des connectés doivent l’importer.

Pour me connecter je déconnecte. Électeurs et lecteurs de flux RSS (de l´URSS? ou de l´ère SS?) ne coopèrent plus. C´est pas net, mon pc est désabusé, quelque chose se répare, je vais revenir dans la rue.

44 mars 13 avril 2016

/Une clameur dans le Noir/

Je dors dans ma petite chambre sous les toits du 11eme, une Nuit comme une autre ? Je sommeille les yeux ouverts, Qu’est ce que c’est ? Tendre l’oreille… Un grondement au loin s’informe. Rires – Chants – Cris – D’autres – Plus – Ensemble. Mélopée urbaine et aller Camarades ! C’est un chant d’aujourd’hui, un chant de tous les jours, un chant de toujours. Le temps s’est arrêté en Mars, La Marche écrasante du temps Non assez on veut pas aller là merci beaucoup au revoir. Et maintenant ? Et Si Et Si Et Si Seulement Et les possibles se superposent. C’est le conte de deux villes, un ville dans la ville et un cœur qui bat ; la ville vivante de monde et les idées virevoltent, idéaux vol au vent aller vas-y ! Le son s’élève et traverse les cieux Parisiens et pénètre chaque fenêtre. Un champignon mélodique, un son qui monte, glisse et s’étend en vague pour embrasser la ville – Un son qui monte – Une clameur dans le Noir

45 mars 14 avril 2016

C´es bien beau d´être artiste, mais la douche, ça existe (Kool Shen). Ici, on est tous sales, et moches, et ouais, on est tous artistes, à notre façon. On attend qu´on nous donne le droit de vivre de nos mondes intérieurs, de ce qu´on a partager. On aimerait ne plus avoir à payer de notre personne pour disperser ces fragments de nous, de vous, de tout. J´aime pas montrer ma gueule, je veux juste qu´on comprenne que moi aussi, à ma façon, je travaille, et que le travail, c´est avant tout le projet d´une vie passée à construire. Pas un putain de PIB.

46 mars 15 avril 2016

Et pendant ce temps, prêt de Longchamps sur Aire, dans la Meuse, il est 23h et le vent souffle dans la campagne, laissant courrir son souffle sur l´asphalte désert de la D902. Bien loin de toutes ces grandes villes en contestation, de ces heurts, de ces polémiques. Ici aussi le vent souffle, il évolue, il change le monde, lentement, inéxorablement. Ici pas de raciste, de média en racolage, de révolté, de patron. Juste rien. Le calme. Le néant.

47 mars 16 avril 2016

Face aux CRS, l´oeil de la caméra planqué dans le strap du sac à dos, on est tous à regarder ceux qui vont frapper, en flux direct, pour que derrière, les gens comprennent ce que ça fait de se tenir debout là, devant le mur, ces corps en armure. Si nous n´avions des armures pour les affronter, est-ce que ce serait une escalade ? Comment ça se passe, une résistance passive ? Pour l´instant, on n´a que nos témoignages. On va attendre que la réalité virtuelle se "démocratise" (pas mal l´abus de language), pour que tout le monde comprenne enfin ce que c´est, que d´être là, sous les nuées des fumigènes, les cris, la pression, et la visière aveugle des forces invincibles. Alors peut-être qu´enfin, ils comprendront, qu´ils verront ce que ça fait, d´être un fil de vent face aux falaises.

48 mars 17 avril 2016

Nouvel an toute l´année au centre ville. Fini les feux de Twingo, c´est l´heure des BM, des Merco, des Cayenne. Les flics courent plus vite. On ne les paie pas trois fois plus, pourtant

48 mars 17 avril 2016

Aujourd´hui c´était notre premier pique-nique citoyen, une ruralité qui se met debout elle aussi, près d´Avignon, un genre de midi-debout de campagne, ici, hors du centre, en périphérie, avé l´accent et aussi l´envie de faire autrement. on rentre et on allume le poste et c´est tout un brouillard de voix qui reprend, je crois reconnaitre mon ami/camarade Antoine qui parle avec le Mexique sur les ondes de Radio Debout... Nous sommes et nous resterons, debout, cette nuit encore.

49 mars 18 avril 2016

Les lycéens sont en vacances et ils ne partent pas. On les voit dans les pharmacies à faire le plein de sérum phy. Dans les chambres, à imbiber des foulards de jus de citron. Dans les magasins de sport, à barboter des genouillères, des coquilles, des battes. Il n´a pas été nécessaire de leur en enseigner long, ils ont appris l´essentiel en regardant, la motivation est venu à la première lacrymo, au premier coup de tonfa, de grolle dans les côtes de leurs camarades tombés. Dix visages nus se sont fait arrêter, ils sont revenus à trente et avec des cagoules. Maintenant, dans la journée, ils prennent les adresses, repèrent les parcours. La sainte trinité : banque, intérim, immobilier. Quinze jours sans avoir à sécher les cours, quinze jours dans la rue, et des bris de verre bleu sur les trottoirs de la ville.

50 mars 19 avril 2016

Gueule de bois, non mais sérieux, qu´est-ce que je lis dans le Figaro ? Les "casseurs" hier ont pris les devants et sont entrés dans une banque pour remplacer les conseillers. Ils se sont assis derrière des bureaux, ils ont mangé les calendriers, avalés les cafés puis dispensé une sagesse aux clients. Facile, depuis l´assise, facile, depuis l´écran : on n´a qu´à dire qu´on fait comme les grands, qu´on aime exfiltrer notre argent  - allez, dites-le, tous expatriés fiscaux, tous sur cette place, sans notre fric, lui qui dort là-bas, de l´autre côté de la mer, c´est bien ça, casser, non ? Casser les prix ouais ! En attendant, y´en a qui bossent !

50 mars 19 avril 2016

Strasbourg - Dans le cadre magnifique des bâtiments vieil empire où dort la culture figée, des jongleurs passent l´après midi : lézards du cirque attendant le soleil. Le mois de mars n´en finit plus la pluie qui s´en suit non plus. Pourtant la belle de mars durera au moins jusqu´à sa soeur de Mai. Nous reviendrons demain pour participer au rêve générale.

51 mars 20 avril 2016

Les constituants debout font un troc : des volontés en place des douleurs. De ce jour, présenter ses doléances revient au passé, aux anciens régimes, aux royautés, aux aristocraties électives, aux V premières Républiques. Qu’il leur soit laissé le mot "doléance" > douliance, dolor, se plaindre de trntesses et d’afflictions. Car dès ce présent de nos futurs, on dira ainsi : donner, clamer et déclamer, hurler, chanter, tendre et créer des "voléances". Voléance > volo, vouloir et désirer. Le troc Voléances contre Doléances est adopté par mains levées.

51 mars 20 avril 2016

Impasse diplomatique à la nuit debout

État est fait d´importantes tensions au sein de participants à la nuit debout. Le conflit aurait commencé dans la soirée du 20 au 21 avril lorsque des anarcho-capitalistes ont ouvert un stand pour revendre des bombes anti-moustiques sur la place de la République et ce à des tarifs dépassant de loin les prix du marché. Voyant la population de culicidae décimée par ces armes de destruction massive, les membres anti-spécistes de la Nuit Debout ont décidé de bloquer le dit stand de vente, réclamant, je cite : « Des droits aussi pour les moustiques ! ». Deux factions se sont alors formées la première formée des anti-spécistes et de l´ensemble des anti-capitalistes anémiques présents à ce moment, la seconde des mecs que ça grattait. Les choses ont failli tourner à la bataille rangée lorsque des délégués des deux partis se sont rencontré et que celui des anti-moustiques à lâché : « Attends, t´en as un sur la joue ! ». Devant le potentiel bain de sang, Alain Finkielkraut a été appelé comme médiateur. Une mission diplomatique a également été dépéchée auprès des moustiques afin de leur faire évacuer la place en bonne entente. Apparemment la réponse a été : « Bzzzzz ». Devant la complexité de la situation, et sa femme souffrant de fortes démangeaisons due à de multiples piqûres (lui-même est anémique), le médiateur aurait quitté la Place vers six heures, traîtant les gens présents de fazzzistes.

52 mars 21 avril 2016

Stupeur des RG en commençant d´éplucher les milliers d´heures de caméras de surveillance (par recoupement, dans un mois et demi, on pourra coffrer peinard les cent ou deux cent casseurs identifiés, rentrés chez eux, isolés et désarmés) : sur plusieurs vidéos, le jeune agité de tête, celui qui pète les vitres et macule de peinture le siège du PS et hurlant, ressemble trait pour trait à Emmanuel Macron. #descendreEnMarche

52 mars 21 avril 2016

le geai moqueur prit la parole son nez rouge et ses lunettes de ski sur le visage.

"Mes ami(e)s quelle image donnons nous au citoyens lorsqu´ils ont dès leurs cafés l´image d´une voiture brûlée à la une de leur journaux ?

Nous devons reprendre en main notre image médiatique. Remplacer l´amour par la solicitude. Je propose que lors de la prochaine manifestations nous offrions des roses aux crs à la fin du cortège. Qu´à la première sommation nous nous asseyons tous par terre à la deuxième nous nous enlacions, à la troisième nous restons immobile. Le maximum de personne noie périscope sous un déluge de film de la manifestation.

tout fauteur de trouble sera isolé par le groupe.

La non violence va permettre d´ouvrir les oreilles de millions de citoyens, desciller les yeux de millions de moutons qui bêleront enfin à l´inverse du vent.

Une rose devant un crs est une lance face à l´obstination des politiques."

Il était temps de passer à la phase révolutionnaire non violente, de désinstrumentaliser la violence pour une cacophonie harmonique efficiente

53 mars 22 avril 2016

Lever les yeux. Les hélicoptères, petits moustiques assoiffés d´images, et ron et ron petit patapon. On applaudit leurs buzz, nos bières comme des torches de pisse dans leurs yeux, buvez notre sang vampires ! Nous, on a que cette fumée pour vous empoisonner ! Nous sommes les projecteurs qui vous attirent... Grillez dans notre lumière !

54 mars 23 avril 2016

Putain de giboulées, même au 54ème. Plus de dalles, dessous, la terre. Nuit de boue. On patauge gaiement, commission de ver de terre, du sol, commission agricole. Plus tard, les plan-t-s fleuriront : de nouvelles couleurs dans nos assiettes et dans nos têtes.

55 mars 24 avril 2016

Elle me dit : « le capitalisme, c´est la sociopathie élevée au rang d´idéologie. » Alors moi je dis « oui, Ok. tu veux aller prendre un verre ? »

56 mars 25 avril 2016

Dans la rue, les flics contrôlent tous les téléphones. Ils les passent sans contact au-dessus d´une drôle de dalle lisse, avec trois LED rouges sur le côté. On raconte que si les trois LED s´allument ils t´embarquent. Je ne comprends pas comment un truc pareil peut marcher. Je n´y croyais pas jusqu´à les avoir vus, il n´y a pas deux heures. En ce qui me concerne, deux LED se sont allumées. J´ai demandé ce que ça signifiait. Le flic (un grand Antillais) m´a donné une tape sur l´épaule et dit que je pouvais aller bosser.

57 mars 26 avril 2016

Un beau jeune homme me fonce dessus. « Je viens de passer trente heures en garde à vue pour outrage à agent, t´as pas un stick à me dépanner ? » Je n´ai rien, il soupire. « J´ai juste fait un fuck. Il faut pas. Pas avec ceux là. Ils m´ont mis un oeil au beurre noir et des coups dans la hanche. »

58 mars 27 avril 2016

On a planté un citronnier au milieu de la place de la République parce que le citron, il n´y a pas mieux contre les lacrymos. Reste à rempoter un serumphysiologiquier.

59 mars 28 avril 2016

AGENCE FRANCE PUTE. Les Compagnies Républicaines de Sécurité ont arrêté en marge des protestations contre la loi El Khomri. Placé en Garde à Vue, il a été rapidement transféré aux Quais des Orfèvres et confié à la section anti-terroriste. Selon des sources anonymes, il planifiait de frapper la foule des manifestants et des policiers. AGENCE FRANCE PUTE. Un groupe d´activistes s´est détourné vers la cité et campe désormais devant le quai des orfèvres. Il tente de faire libérer leur camarade, qui a été, à leur yeux, assimilé à tort à un terroriste islamiste. AGENCE FRANCE PUTE. Le jeune qui est détenu depuis hier soir par la Police serait orginaire de Seine-Saint-Denis et s´appellerait3 Mourad Boudjellal, étudiant en BTS chimie.

60 mars 29 avril 2016

Les cerveaux fuités décident de soutenir le mouvement autrement que sur internet. Les TGV Thalys et Lyria commencent à faire passer quelques capitaux dans l´autre sens. Pas de quoi remplir des valises de billets, alors on démarre petit, avec du chocolat.

60 mars 29 avril 2016

sur une place

 - Des projets des projets, des projets, j´en peux plus putain !

 - Je te dis nique sa mère le projet !

 - Ah ! le projet de loi el khomri ?

 - Non, enfin si aussi, mais nique sa mere tout les projets , nique Le Putain de Projet ! C´est ça le truc qui nous pourris.

 - On demande a des prisonniers de faire des projets de réinsertion, a des enfants de faire des projets d´études, a des chomeurs de faire des projets de retour à l´emploi.

Quand tu vois tes potes, ta famille, ta meuf on ne parle que de ca, projet d´appart, de vacances, de gosses, de boulot... On est tous dans Le projet. C´est triste à en crever.

 - Bah non, c´est bien d´avoir des projets, il faut avoir des projets.

 - Mais merde, t´es ramolli du bocal toi aussi ou quoi ? Tu vois pas que c´est ca Le projet ? Leur projet ? Que tout devienne un putain de projet !

 - Bah les seuls a qui on demande jamais de faire de projet. Les riches.

 - Mais je comprend pas pourquoi t´es contre le projet?

 - Parce que c´est l´inverse de la vie, c´est le contraire du désir. Moi je veux outrager ! Je veux m´extrajetter. Faire des extrajets c´est ça qu´il faut. Tu captes ?

Se balancer dans le dehors, sans savoir ce que ca va donner, se sentir une seule fois vivant putain. S´intrajetter aussi, reconnecter tes tripes avec ton coeur avec ton sexe.

Tu vois cette fille assis là-bas ? Je la regarde depuis une heure, je vais faire un extrajet sur elle. Je vais la voir, je ne prévois rien, je m´extrajette en elle.

 - T es malade toi ! Bois de l´eau !

 - J´ai jamais été aussi lucide je te dis. J´y vais.

60 mars : Ça a commencé le soir du 28 avril 2016.

Sur la place, comme les AG étaient chaque jour plus mornes, personne ne s’attendait à ce que ça parte comme ça. C’est allé hyper vite. Après la manif, on est tous allés sur la place et là plein de gens se sont mis à construire des cabanes, un château, et autres paillottes. Il y avait aussi un grand banquet et plusieurs sons. C’était taré, en deux-deux on a vu naitre sous nos yeux une ville dans la ville.

Il pleuvait mais on restait tous. On restait parce que y’avait plein de choses à construire, et puis on faisait la fête et puis j’en ai marre de walking dead. On restait aussi parce que y’a plus que ça à faire si on veut que ça bouge.

Avec tout ça la nuit est passée vite. Vers huit heures au moment du café et des tartines, en regardant débouler les premiers passants on a compris qu’on venait de tenir notre première nuit d’occupation.

61 mars 30 avril 2016

Je ne peux pas rester longtemps ni assise ni debout. je ne suis pas très vieille mais bref, c´est dans les nouvelles de mon cousin mon "plus d´un mètre de cicatrices"... Donc je propose #assisdeboutpiétonassis, sur un passage piéton là où on se trouve pendant 13 minutes 17 secondes 3 images à peu près. à midi pile. Bon là je suis toute seule, en même temps on peut le faire tous les X1... le dernier donc pour le 991 de mars... Là faut juste se méfier des LED si j´ai bien compris.

62 mars 01 mai 2016

Aujourd´hui c´est la grande fête à Paris et sur toutes les Places de la République. Cette nuit, des Deboutistes ont rempli des centaines de bouteilles de petits messages destinés à leurs parents. Paris se transforme en Océan et les bouteilles à la mère sont libérées sur la place publique. Il y a aussi des bouteilles adressées au père car les Deboutistes ne veulent pas que seules les mères soient concernées par leurs messages et leur volonté de changer le monde. Paris devient la mer et les places publiques des plages envahies de petits rêves poétiques. Car les Pères, ils nous guettent. Pères, îles sur la démocratie qui veut les submerger. Chaque corpus de lois donne naissance à une réalité. Si d´une nouvelle constitution pouvait naître un réseau de cités libres ayant le pouvoir de créer leurs législations locales, chaque territoire aurait le pouvoir de se singulariser, d´exprimer tout son potentiel. Alors dans ma petite bouteille je n´ai inscrit qu´un seul mot : LOCALOCRATIE. En belles lettres filantes, une encre rouge sombre, sur le blanc lisse et froid comme le marbre sur lequel sont couchées les lois de notre République. Je la déposerai tout à l´heure sur la place du Général de Gaulle, près du manège qui tourne et tourne sans cesse sous le ciel bleu.

62 mars 01 mai 2016

Je sens que des êtres virtuels m´espionnent mais pas forcément en bien. Il y a des gens qui me casseraient volontiers la figure pour que j´arrête d´écrire mes petits délires qui ne conviennent pas au politiquement correct. Je m´en fous. Le politiquement correct ne m´a jamais répondu. Silence depuis 21 ans de la société médiatique. Tout a commencé en 1995 je crois... pour quelques extravagances sexuelles à l´air libre sur un joli lac tout bleu. Mais je m´en fous. Le sexe c´est la révolution. À Nuit Debout, nous sommes tous des migrants et migrantes en danger de se noyer dans la Méditerranée ; et dans le risque de tomber dans l´oubli ; et dans la volonté flagrante des gouvernements du monde de finir parqués comme des chiens dans un apartheid, qui ne dit pas son nom, créé par les très riches qui dominent la planète, qui jouent à leurs petites guerres pour vendre leurs armes sophistiquées et semer la terreur. La Terreur se sont EUX. Pas nous. Que sont devenues les 28 pages du rapport américain qui n´ont pas été publiées sur la chute des tours jumelles? Que nous cache-t-on encore? On nous cache que tout ce petit monde est finalement d´accord de créer des guerres, de massacrer des populations au nom d´intérêts supérieurs qui sont sensés être des intérêts d´Etat et qui sont en réalité leurs intérêts très privés de semer le chaos sur la planète pour nous désécuriser et nous soumettre à leur Etats de plus en plus policiers et de moins en moins démocratiques. Pourquoi l´Amérique est complice de l´Arabie Saoudite qui est mise en accusation dans ces fameuses 28 pages ayant disparu? Pourquoi Poutine est le complice d´Assad le sanguinaire? Pourquoi tout ce joli monde ne risque jamais rien mais que ce sont les peuples qui paient dans la réalité de tous les jours, les peuples qui sont saccagés et chassés de chez eux, les peuples qui meurent, les femmes qui sont violées et vendues comme esclaves, les enfants qui n´ont plus de scolarité et qui sont enrôlés de force dans les factions armées de groupes masculins qui se battent pour de l´argent, toujours l´argent, rien que l´argent.

À Nuit Debout, nous voulons d´un autre monde et des gouvernements qui cessent leur grand jeu pervers et cynique. Nous ne voulons plus que la France s´abaisse à décerner la Légion d´honneur à des chefs d´Etat qui soutiennent la lapidation, et la décapitation pour adultère ou fornication ou blasphème à une religion. La religion n´est pas faite pour soumettre les peuples à la loi de princes et de rois. La religion, s´il en existe vraiment une de sincère et divine, est faite pour libérer le peuple, le rendre plus conscient de soi, de ses capacités spirituelles et morales, de son éthique solidaire, de sa force de faire grandir une société dans la beauté et l´espérance. La Légion d´honneur devrait être réservées à ces personnes qui se battent pour ce style de monde et non à des gens qui usent de leurs milliards pour fomenter des complots, détruire des villes entières par le terrorisme. La légion d´honneur devrait appartenir à une France libérée qui ne se compromet plus avec des dictatures aux noms d´intérêts économiques supérieurs qui sont toujours les intérêts de quelques-uns au détriment de tous les autres.

À Nuit Debout, nous sommes tous des précaires de ce monde, des voyageurs qui cherchons notre route, des banlieusards et banlieusardes qui voulons la vraie égalité et non cette élite qui décide pour tout et pour tous en s´octroyant l´immense part du gâteau du Capital fourni par tous et toutes. À Nuit Debout, nous sommes des boat people en partance pour le nouveau monde et ensemble nous arriverons à éviter le naufrage que nos élites nous promettent par leurs comportements scandaleux et décadents. La vraie décadence ce sont eux. Pas nous. Parce que nous sommes Debout ! Et qu´eux ils se sont agenouillés devant l´argent, la Bourse, le Capital, et que rien au monde ne compte plus pour eux que leurs comptes en banque si possibles défiscalisés et placés dans des paradis qui leur appartiennent et dont nous n´avons jamais accès. Nous sommes Debout ! Parce que pour nous, l´être humain passe avant le Capital et que pour nous le Capital sert prioritairement à une redistribution juste et équitable parmi les peuples ; non contre rien du tout en échange citoyen, contre aucun effort de notre part mais au contraire pour récompenser réellement le fruit de nos efforts fournis pour devenir créatifs et autonomes tout en se solidarisant des soucis de notre entourage, des communautés qui vivent différemment de nous mais qui ne sont pas autrement humaines que nous.

Nuit Debout est un formidable moteur solaire de changement de société. C´est pourquoi j´y prends part avec passion et que je donne ma part au processus de ce Mouvement mondial pour une humanité sans frontière et sans limite.

Écrit pour le 1er Mai 2016 ou plus précisément pour le 62 mars de notre calendrier deboutiste dans ma cabine sous-marine. La plage est belle. Les filles sont belles. Les garçons et les filles sont rebelles. Paris est notre port. La Place de la République notre sous-marin avec tous ses matelots filles et garçons qui forment notre armée rouge. Nos périscopes sont nombreux pour relayer ce qui se passe à bord. Tout va bien pour nous. Notre armée est vaillante et ses armes sont l´esprit, le coeur, et nos regards sur le monde avec nos crayons de couleur qui virevoltent dans tous les sens. Le 1er mai, 62 mars de notre guerre, il y aura de jolis papillons dans les rues et des CRS pour les capturer dans leurs filets... Ils ne voleront pas nos rêves...

63 mars 02 mai 2016

AGENCE FRANCE PUTE. Cela fait désormais plus 72 heures et le jeune Mourad n´a toujours pas été relaché par les forces de Police.

63 mars 02 mai 2016

Deux jours après le « traditionnel » défilé de la fête du travail, qui a réuni cette année plus de 5 millions de manifestants, dont la moitié à Paris (beaucoup de régionaux et d’étrangers répondant à l’invitation des organisateurs franciliens), tout le monde a convergé vers la place de la République et s´est posé. La foule remplit la place, et même au-delà (Temple, Saint-Martin, Arts et métiers, Filles du Calvaire…). En attendant l’heure de l’AG dont le cénacle élargi entoure la statue de Leopold Morice, des débats publics thématiques ont été organisés pour expérimenter une autre forme de dispositif : celui ou celle qui prend la parole n’est plus devant, à la tribune, mais au centre ; le temps de parole peut dépasser les 5 minutes fatidiques si le public présent est d’accord ; les interventions qui n’ont aucun rapport avec le sujet abordé sont à écarter ; des modérateurs / animateurs du débat font circuler micros ou des porte-voix parmi l’audience pour permettre au public d’interpeller directement l’intervenant ou de lui poser des questions, de construire et prolonger une conversation démocratique ; les « personnalités » (intellectuels, artistes, syndicalistes… voire politiques) ne sont pas jugées suspectes a priori et peuvent proposer leurs idées, visions, propositions d’actions, expériences… mais s’exposent en retour à des remarques et critiques. Sinon, un peu partout : concerts, bals, projections, installations, happenings, performances, cracheurs de feu, mascarades… La foule constituée en agora (et non plus en défilé, nomades vite dispersés) peut enfin se rencontrer et échanger. Des petits grou l´pes informels et hilares partent en expédition pour mener des actions ludiques et non violentes aux quatre coins de l’Ile de France et reviennent le soir se ressourcer dans ce grand poumon de réflexion et de contestation qu’est devenue la place.

64 mars 03 mai 2016

Réunion au café associatif, Camille est remonté comme d´hab, il a passé la nuit à fouiller dans des .pdf de chartes techniques et de décrets d´application. Des cernes sous les yeux, une énergie de bouffeur de speed. "C´est un algorithme", il dit, en tapant de l´index sur la page imprimée. "Ils se dont mis à utiliser une formule mathématique pour trier les gens à mettre sous surveillance. L´arbitraire, plus l´excuse par la machine. Et vous savez ce que ça veut dire ?" On ne ne sait pas ce que ça veut dire. De toute manière, il est trop énervé pour nous laisser parler. Camille sourit de là à là. "Ca veut dire qu´ils ont pas le début d´une idée de comment nous gérer."

65 mars 04 mai 2016

Moi d´un côté, je trouve ça bien qu´on ait viré ce fils de chacal de Finkel, il a rien à faire là, surtout si c´est pour nous recup à la louche, mais je pense aussi que c´est bien, de se confronter à des cons, et d´exposer leur délire : le seul moyen de bien faire fermer sa gueule à un gros faf, c´est de le laisser parler. Surtout s´il y a des gens autour. A un moment, ça tombe en miette, le discours. Tout discours. Notre capacité à nous taire, aussi, peut nous aider à surmonter les limites du débat, posées par l´écologie des médias. Repenser notre façon de discuter, ça passe un peu par la patience de laisser l´autre franchir le mur du con.

66 mars 05 mai 2016

Les martiens débarquent un peu en avance : "Conduisez-nous à votre chef !" On s´entre-regarde. "Désolé les gars. Mais si vous attendez 19h vous pourrez participer à l´AG". Les petits hommes verts mangent du couscous vegan, viennent s´asseoir en tailleur. Ils ont l´air de bien aimer agiter les mains au-dessus de leur tête. Leur fusée a un peu noirci un coin de la place, on espère que la mairie nous pardonnera.

67 mars 06 mai 2016

Suite à la viralité d´un mémo interne, un groupe d´hommes et de femmes quittent la Défense. Ils sont en costume deux-pièces & attaché-cases et portent d´obscurs intitulés de poste. Avant de rallier République, ils ont eu le temps de monitorer les process d´optimisation ns, habitants et collectifs bariolés pour faire entendre des voix nouvelles et rescusiter l´agora perdue depuis trop longtemps et dévoyée par les Démocrates Associés du "politic business". La démocratie directe est en marche ; au travail camarades, résidents et citoyens. Une joyeuse pagaille en perspective mais sans les escrocs de la politique dans les pattes.

69 mars 08 mai 2016

Le choeur des pourritologues de BFTF1M hudes méthodos du mouvement Nuit Debout en intégrant les variables ajustables inhérentes au moral des ménages et aux conditions météo. Nous les avons gentiment remercié. Promis, on lira la note de synthèse. Puis nous les avons présenté aux copains.

68 mars 07 mai 2016

Miracle...? : l´ensemble des élu-e-s : conseillers municipaux, généraux, régionaux, députés, sénateurs, du village à l´Europe sont tombés en léthargie ce matin : funestes sonneries pour ces grands pitres de tous les partis. Le Grand Sommeil de la Classe Politique, enfin !! Quelques rares épargnés errent hébétés par la situation et la prise de conscience de leur vacuité : que faire !!!! Les majestueuses salles de leurs dérisoires assemblées sont rapidement occupées par les saltimbanques, comédie

rlent sur les écrans à l´anarchie, au chaos total, à l´entrave du libre marché (tiens, encore un prompteur qui défaille !!!) La dictature télé multipliant aux 4 coins des terroirs les reportages halucinés sur nos chers hommes et femmes politiques somnolant dans de vastes lits ou avachis sur leurs moelleux fauteils, entourés de médecins réduit à confirmer que leur sommeil est lourd et qu´il faut garder espoir... Le Figapoint titre au complot des Nuitdeboustes financé par la Corée du Nord, mais quelles bandes de tristes sires en manque d´imagination ces éditocrates : comment faire non-violemment taire ces clowns ...?

70 mars 09 mai 2016

C´est flagrant : le nombre de jet privés décollant vers des contrées acceuillantes : Panama, Maldives, Qatar, Suisse (pour les moins chanceux...) a dépassé les RER B jour de rentrée scolaire : bizarre cette envie de longues vacances pour tous ces gens si sérieux et prompt à dénoncer le laxisme du Code du Travail et son obscéne générosité en vacances et RTT ?

71 mars 10 mai 2016

Jusqu´ici on savait ce qui se passait en écoutant France Inter. Depuis hier la radio n´arrive plus jusqu´à chez nous. Mon mari a appelé notre fille à Millau. "Tout est calme ici", elle a dit. "Il paraît que quelque chose d´énorme s´est produit à Paris."

72 mars 11 mai 2016

Cela s´est passée la veille à 20h pile, plus de TV messes ce soir !!! Miracle des miracles: l´ensemble des TV et des radios proposent enfin des programmes de qualité : somptueuse neige et parasites ont colonisé tous les canaux recouvrant enfin le flot de merde audiovisuelle déversé par le capital et le gouvernementeur depuis plus de 40 ans !!! Une sieste électronique totale pour libérer les cerveaux fatigués.

73 mars 12 mai 2016

Oh joie !!! Après des jours de ralentissement incontrolable et global d´internet : Erreur 404 est la page la plus vue !!! C´est la catastrophe les zombies privées de leurs FasteBook et autres BouhTube. Les "stars du web" vont devoir retourner au collège voire au lycée pour les plus agés ! Cet étrange phénomène fait des heureux : des monceaux de smartphone, tablettes et autres PC jonchent les trottoirs : une véritable aubaine pour la récup !! Que le libéralisme est cruel : en moins de 2 heures les actions de Bouygtel, Free, Orange et consort s´effrondrent lamentablement dans ce qui reste de la Bourse, les tradeurs perdus face aux écrans réduits au statut de cadres vides !!! En 48h le big système politico-médiatique et son double cybernétique a disparu : mais quelle divine surprise !!!

74 mars 13 mai 2016

Depuis l´étranger, on se demande bien ce qu´on va pouvoir faire pour changer tout ça, on a peur : on a fuit le continent pour un autre, on a eu peur de ces gens, ivres de préjudices, qui sont descendus dans la rue pour refuser des droits à leurs semblables. On a cru un instant que là-bas, ce serait ptet mieux, tu vois, il y a du boulot et plus d´épiceries italiennes, mais ici c´est pareil, et c´est loin de la famille, et loin de vous, debout. On se demande bien comment réussir à unir les deux bouts, nous, comme des ponts. Nous, des navires.

75 mars 14 mai 2016

En haut des escaliers la petite, plus si petite, se bat avec le chat. Là sur mon écran défile des contacts pour peut être une autre vie. Certaines images me choquent, d´autres m´affligent.

J´ai rêvé que j´avais des poux, ma fille a rêvé que j´étais réalisateur de films pornos. Tout va pour le mieux sur la planète terre.

76 mars 15 mai 2016

PËTONS DEBOUT ! UN BON GROS PET POUR DIRE BONJOUR AUX ETOILES !

77 mars 16 mai 2016

La polie cité remue. Vaste, puissante et épuisante, mécanique. Ses voix qui parlent pour ne rien penser soulèvent les tombes médiatiques. C’est leur chemin de loi ! Depuis que la loi branle et pactise. La polis citée remue. Ses voix factices s’imitent, s’enjoignent dans une ultime tentation de couverture. Couvre, couvrez, vite ! en toute fréquence, obture le chaos ! Bouchez les coins ! Couvre ces nuits que je ne saurais vendre ! Alors, d’outre ces mille bouches blafardes se déversent des astimots bien gras et blancs, les vers nuisants de la parole que nous avions perdue. Ça crie : tu crises ?

78 mars 17 mai 2016

Mon bleu est un peu plus foncé. Il y a du jaune et du violet un peu autour, même du vert par endroit. Un vrai arc-en-ciel de douleur. Faut dire que le CRS n´y a pas été de main morte.

79 mars 18 mai 2016

Wala comme c´est serré ici...

80 mars 19 mai 2016

80ème jour, et la vie parait différente. Plus rien n´est comme avant, les mentalités en quelques dizaines de jours, ont considérablement changés. Après une tentative ratée d´assassinat sur notre Président, on vient d´apprendre à la radio (seul média non censuré) que des casseurs viennent d´envoyer à l’hôpital notre Premier Ministre. Encore des représailles à prévoir, mais peu importe, cachés derrière nos barricades, notre liberté à la main, nous sommes les plus forts. Ou tout du moins, nous aimons le croire. Dans le fond, on a tous peur. Qu´ils viennent nous déloger à coups de snipers embusqués sur les toits, de gaz lacrymogène ou de tirs dans la foule.

À vrai dire, le seul point positif dans tout ça, c´est que le mouvement se généralise. Le réseau routier est bloqué depuis un mois, il se développe un partage alimentaire pour subvenir aux besoins de tous, et partout en France. Hier soir dansait sur le pont de l´Alma deux jeunes femmes, heureuses et insouciantes. On les a retrouvés dans la Seine au petit matin, leur répression est impressionnante.

À une époque, on avait peur de se prendre des coups de boucliers, mais maintenant, les fusils ont remplacés les matraques.

81 mars 20 mai 2016

Phrases trouvés sur des murs :

j´ai décidé d´arrêter les points et de me remuer les phalanges, comme ça, quand j´ouvrirai les poings, mes doigts feront des petites tiges et ma paume une fleur

où ai-je mis ma tête, dis moi, j´ai arrêté les poings, je virgule de temps en temps, et je crois que mon cerveau est dans une marmite

ça bouillonne d´idées depuis que je fuse sans point final, je sais que je ne m´arrêterai pas, que si je m´arrête, ce ne sera pas moi, je continuerai, je conjuguerai le présent de l´existentialisme, je foncerai dans le tas, avec l´espoir en bandoulière et que vive sans borne la folie des rêveurs debouts, que vive l´utopie foireuse d´un nouveau monde, car chaque jour est une utopie, chaque seconde est une graine à planter, une folie à envisager, une main à tenir, un sourire à brandir, une nouvelle ère à bâtir, une véritable balle chargée de rage et d´avenir

hier soir, sur la place, j´ai vu ton regard sans fard enfarandolé et j´y ai puisé une gorgée de poésie

quand je suis débout, la nuit, je me dis que je suis un éveillé

l´attentat n´était pas prévu l´ennemi est partout et nulle part, mais nous sommes restés là, à lever les yeux, à brandir nos textes de sang et nos flammes d´aujourd´hui

après les pleurs, les retrouvailles, les doléances à la con, nous avons repris le chemin, on s´en fout d´un autre attentat, j´aurais dû crever mille fois, alors ne me montre pas le chemin, lâche moi la rate avec ton état d´urgence, je crève de vivre, je veux hurler ton nom sur tout les murs de facebouc, je veux manger des putains de pommes qui en ont encore le goût, parce que ça fait mal d´être libre, putain, ça fait chier, mais tu ne sauras jamais quel goût à la belle pomme si tu n´en paies pas le prix

82 mars 21 mai 2016

Garde le jus, l’énergie, malgré la torpeur de ce premier été debout… Pousse le volume de ton casque audio : LOOK IN THE EYES OF A SAVAGE GIRL / FALL DEEP IN LOVE IN THE UNDERWORLD… Plonge dans la ville et dans la foule en te remémorant les vers d’Annie Dillard : « Il est possible, en plein espace, de faire voile au vent solaire. La lumière, qu’elle soit onde ou particule, recèle une force : alors hisse la grand-voile, et te voilà parti. Le secret du voir, c’est naviguer au vent solaire. Aiguise et déploie ton esprit jusqu’à devenir toi-même cette voile, tranchante et translucide, plein-travers au moindre souffle. »

83 mars 22 mai 2016

Ptin mais faut que j´arrête de lire les commentaires sur le net quoi... Qu´est-ce que c´est mon problème ? Évidemment que ces gens ont de l´ego plein la bouche, que tout le monde a un avis sur tout, y compris sur nous. Mais y a plus que ça. Ils hurlent contre la vie elle-même, contre ce qui les empêchent de se sentir libres d´être des consommateurs bien dans leurs mocassins à pompons. Et moi, pourquoi je me délectais de leur haine ? Ca me faisait rire, il y a quelques temps, de voir la misère des gens qui savent tout. Je ris plus du tout. Ça me terrifie.

84 mars 23 mai 2016

Une Nuit debout, deux Nuits debout, trois Nuits debout, quatre Nuits debout, cinq Nuits debout, six Nuits... quoi ? Je compte les Nuits debout pour m´endormir tu vois pas ? J´y peux rien j´aime pas les moutons.

Une Nuit debout, deux Nuits debout, trois Nuits debout, quatre Nuits debout, cinq Nuits debout, six Nuit deb... quoi ? Ah, je t´empêche de dormir de dormir... Désolé mec...

Une Nuit debout, deux Nuits debout, trois Nuits debout, quatre Nuits debout, cinq Nuits debout, six Nuits debout, sept Nuits debout, huit Nuits debout, neuf Nuits debout, dix Nuits debout, onze Nuits debout, douze Nuits debouts, treize Nuits debout, quatorze... Nuits... debout, quinze..... Nuits..... debout...., quin...ze....... Nuits............de......bout........, seeeeeize..................Nuits....................debouut.............................................................................................................................................................

84 mars 23 mai 2016

« Putain de monde parfait  !» cracha Ulis Ditak. Il ramassa une bouteillesur la plage et la jeta dans les premières vagues. Le flux la rapporta, avecd´autres. «  Je suis comme cette bouteille. Je suis coincé sur cetteplage.  » Il s´en voulait de rester là, accroché à cette plage, alorsqu´il se croyait un aventurier, un entrepreneur, un de ces marins qui ouvrentles passes et les routes commerciales. Au loin, le ciel montrait les couleursrassurantes de la télévision. En ruminant ses pensées circulaires, Ulis rentraà la cabane de Kalypse. (suite au bout du lien) http://www.zanzibar.zone/wp-content/uploads/2017/02/Ulis.pdf

85 mars 24 mai 2016

Les Mexicains Debout ont bidulé une piñata CRS. Les gamins se ruent pour la tabasser. Elle cède. Des larmes tombent, pas des bonbons. Des trucs en plastoche fin qui éclatent quand on les touche. C´est quoi, la morale ? La violence n´est pas une solution quand on veut des bonbons ? Il ne faut pas taper un CRS, c´est mouillé ? Ils sont finauds, ces Mexicains. Debout les Chiapas !

86 mars 25 mai 2016

Combien de temps on va encore tenir ? Moi, tu vois, j´ai pas bougé depuis le début. 86 jours, ouais. 86 jours que je suis debout, sans m´assoir, sans dormir, je sais même pas combien d´heures a fait, 86 fois 24. Un paquet. Bon, c´est pas tout à fait vrai, la nuit ; je dors debout, y a des potes qui se relayent pour me tenir, pour pas que je tombe (j´ai le sommeil agité). c´est absurde : je pourrais rentrer chez moi et mesurer le mouvement, doucement, mais non, je veux rester là. C´est comme si, d´une certaine façon, cette place ne pouvait plus tenir sans moi. Vous allez dire : voilà le prétentieux. Mais je vous le dit : je me suis encroûté ici, j´ai pris racine, je tiens l´espace, j´en suis devenu le pivot. Combien de fois, ils ont menacé de nous la reprendre, cette place, hein ? Juste appuyer dessus pourqu´elle tombe. Mais rien à faire : elle veut pas bouger. Elle reste ancrée. Et vous savez pourquoi ? Parce que je la tiens. Et parce que personne me voit. Je suis dans l´angle mort de la statue, le nez vers elle, douce déesse, et je me cache dans dans les nuées, dans les pigeons, les étudiants. On m´a badigeonné, taggé. Les chiens me pissent dessus. J´ai de la morve partout, de la chiure d´oisillon. J´ai mes deux mains sur une pancarte sans message, tellement vide que tout s´y lit, y compris la détresse. L´espoir. Le renoncement. La tenacité. Tout et son contraire. On est tellement prévisible, dans notre binarité, quand on regarde l´abysse, l´abysse vous regarde même plus. Il regarde le futur.

86 mars 25 mai 2016

France Inter ment. France Inter ment. France Inter est gouvernement.

87 mars 26 mai 2016

"- Bonjour, je m´appelle Florimont… Florimont avec un "t". Mais vous me connaissait déjà…" Le jeune homme au micro cache une légère timidité derrière sa mèche aristocratique. Pourtant, voilà plusieurs semaines qu´il parle devant une foule, deux fois par semaine. Il a rejoint les Nü-chouans avec Aliénor, Arnaud, Greg et Constance. D´autres copains légitimistes les ont rejoints par la suite. Le mouvement a planté ses barnums dans une aile du parc de Bagatelle. Qu´importe pour les autorisations nécessaires, le maire est acquis à la cause. Lui aussi ne peut pas sentir cette chienlit gauchiste qui se répand comme des poux.

Le mouvement essaime. Un peu partout, les nobles sortent du bois. Dans le Bordelais, le Baron de Rocquigny a même mis a disposition son château. Les crânes rasés qui mouillent dans leurs draps aux imprimés fleur de lys aimeraient les rejoindre. Mais la greffe ne prend pas. Le sang bleu ne pourrait se diluer dans la roture.

Florimont termine son petit discours avec la devise des Brossart de Cléry : Audenti succédait opus. L´AUDACE DONNE LE SUCCÈS !!! Les hourras, les applaudissements frénétiques et la mine extatique de l´auditoire tranchent avec l´ambiance fin de race des cocktails habituels. La révolte ne nous va finalement pas si mal, pensa Florimont, avant de passer le micro à Églantine.

88 mars 27 mai 2016

La commission "Carrières et catacombes" étudie la possibilité d´héberger matériel et dormeurs dans le sous-sol de la capitale. Les cataphiles présents objectent que les principaux réseaux de carrières sont trop éloignés de la Place de la République et peu confortables. Ils proposent des accès aux galeries techniques, mieux équipées, et des interconnexions avec les autres réseaux souterrains. La commission est renommée "Nuit dessous".

88 mars 27 mai 2016

35 portes entourent Paris. 35 unités d’habitation y sont déposées le 27 mai 2016 au petit matin. 70 habitants les habitent et les déplacent vers le centre. — Parce qu’il est temps de voir une performance de grande dimension envahir la capitale, parce qu’offrir un outil commun aux habitants crée de la mémoire collective joyeuse, parce que la question de l’accueil de l’autre et de ses migrations doit être posée, parce qu’il n’y a qu’un «nous» et que «eux» ça n’existe pas, parce que discuter ensemble, c‘est beau, mais faire avec, c’est encore mieux, parce que des raisons il y en a plein, parce que vous nous manquez et que nous vous devons bien ça...

89 mars 28 mai 2016

on dirait un gros clodo, le type qui prend la parole. Au moins il ne gaspille rien : sur les deux minutes allouée, il prend royalement vingt-cinq secondes. "L´avenir est, de par sa nature, entièrement connaissable, dit-il. Il n´y a qu´à s´adonner à la méditation et aux exercices adéquats pour développer la faculté de prémonition."

90 mars 29 mai 2016

La li lo, ils font bien la gueule, parce qu´on a levé trois dalles de leur putain de rénovation, mais sous la dalles, pas la plage, juste, la terre, juste, enfin, la façon de dire qu´on a les mains dans la texture, qu´on plonge sous la surface. L´espace public, PUBLIC, t´entends mec ? C´est putain, c´est à nous ! Et toi tu râles dans les commentaires du Figaro, parce qu´on a bousillé cette ostie de place scellé avec ton fric, une vraie dalle de tombe, ouais, alors on te montre un truc là, tu vois, on te montre comment ça marche, de faire fructifier nos taxes et tout le reste, on y cultive des fleurs, ouais, et des fruits et même juste des vers dans la terre qui mouille, n´importe quoi pour rendre cet endroit putain de VIVANT. Tu crois quand même pas qu´on va les bouffer nos patates... On veut juste qu´elles aient le temps de moisir un peu.

91 mars 30 mai 2016

On lit sur un carton qu’une femme dresse en face : « Vivre est inédit. » De l’autre côté : « Vivre est inécrit. » Un journaliste tourne, perché comme un panneau signalétique.

92 mars 31 mai 2016

Sous l´ancien régime de bananes nous aurions dit "3mois", maintenant on dit "ça fait trois mâts" que nous avons mis les voiles vers des horizons politiques inconnus. Personne ne peut plus dire si il s´agit de grèves, de vacances, ou d´une révolution. La commission européenne en exil s´est réunie à Bucarest sous la nouvelle présidence bicéphale du Dalali Lala et du Pape de l´Eglise de la Très Sainte Con Sommation. Le communiqué de cette autorité de plus en plus inopérante s´est borné à souligner la non-conformité de Nuit Debout avec la réglementation internationale en matière de préparation de repas en plein air, et d´en appeller à l´OTAN pour effectuer des bombardements préventifs dans l´intérêts sanitaire manifeste des populations. La direction de l´Otan réfugiée au Lichtenstein a émis un avis positif, suspendu cependant à la reprise des productions d´armement (très réduites du fait de la grève-vacances-révolution en cours). Nuit Debout au boulot a en effet considérablement modifié les conditions de production... et même les produits! Les feux d´artifices géants tentent d´écouler les stocks de poudre, et faute de lacrymogènes les CRS en pleurs inondent les places pour demander pardon. Une comission scientifique étudie actuellement les éventuels impacts sur l´environnement, et les services de l´activité choisie se demande bien comment orienter les ex-gardiens de l´ordre... La plupart des ex-dirigeants ont trouvé refuge en Corée du Nord, au Vatican et à Las Vegas. Curieusement le problème du logement se trouve résolu, voir inversé : que faire de ces km² de bureaux ? De ces hémicycles ? De ces palais , de ces sièges sociaux vides ? Certains ont rapidement été réaménagés et convertis en lieux de vie (l´Ex-assemblée nationale est un très sympathique petit théatre et accueille des troupes du monde entier en résidence) ...d´autres font l´objet d´appel à l´imagination ou à de complexes programmes de démantèlement. La tour Montparnasse devrait ainsi faire place aux jardins du Mont PArnasse...A.Vice(n)

94 mars 02 juin 2016

Ce soir, comme les autres, le confort de mes pantoufles m´empêche de sortir. Nuit debout ? J´irais quand il fera beau, quand il fera chaud, le printemps, c´est bon pour une nuit assise, au coin du barbecue. La révolution se fera dans mon jardin, ou ne se fera pas ! Car oui, le jardinage aussi, je le fais en pantoufle.

95 mars 03 juin 2016

La violence a lieu et s’accroît autant que le désert et sans se déclarer. La paix a lieu et se déploie autant que la plaine et sans être égoïste. En un mot comme en cent, c´est la paix que nous voulons. C´est la violence que nous ne supportons plus. Nous n´avons rien d´autre à déclarer.

96 mars 04 juin 2016

Alors ce type qui se sent exclu des assemblées féministes non-mixtes, il en pense quoi de l´exclusion de Finkelkraut ? Il a compris qu´un espace public est divisible, reformatable, qu´il ne s´agit pas de créer une soupe commune et collégiale, mais de lancer des propositions, dont la naissance doit parfois être protégées. Ca commence à me nifler sévère, ces gens qui arrivent à pas saisir la fluidité. C´est tout le problème de notre monde, cette vision institutionalisane des habitudes : une chose est une chose, elle l´est pour toujours. Plus elle durçit, plus il faudra la brutaliser pour la changer. C´est très pratique, de définir un espace puis de l´annihiler et de le modifier, et ce type qui couine parce que ses privilège de male blanc cis l´empêchent d´avoir accès à quelque chose, c´est symptomatique de cette VIPsation de l´être.

97 mars 05 juin 2016

Elle s´appelle Camille et ne veut pas que Bastien l´amène aux urgences, ça va. Elle s´en tirera avec de sales bleus. Elle tousse, ils toussent ensemble, reniflent. La manif a fini de passer, elle est plus loin avec ses cris, a laissé derrière elle des tracts, des projectiles, des tags qui bavent un peu. Bastien invite Camille chez lui pourqu´elle se nettoie le visage, se rince les yeux au sérum phy. Tandis qu´il prépare un café, elle peste contre son portable cassé, demande si elle peut emprunter le sien, réalise qu´elle ne connaît aucun numéro de ses potes par cœur, puis rit beaucoup trop fort.

Ensuite ils boivent le café sans un mot, côte à côte sur le canapé lit. Ils ont les yeux presque complètement rouges et quand ils ont tous les deux finis, sans signe avant coureur, Bastien se met à parler pour ne plus s´arrêter.

98 mars 06 juin 2016

Moi au début je regardais ça de loin avec une nostalgie, je regardais ça depuis l’autre rive, avec les regrets d’un présent dont je m’étais exilée volontairement dans le passé Je n’appartenais plus. Je n’appartenais à pas grand chose. J’étais dans un pays où cinq ans avant, la rue avait été pleine de gens debout entre décembre et janvier et puis ça avait changé, et puis ça s’était reproduit ailleurs, mais toujours en différent, et de tout ça on en disait un peu n’importe quoi, des gens prétendaient renifler le jasmin alors que non ça sentait la lacrymo peut-être, mais pas le jasmin, et puis chacu nétait rentré chez soi un peu ivre, et oui ça avait changé mais pas comme ils voulaient. Peut-être qu’il y a toujours des gens dans l’ombre qui décident à votre place sans que vous le sachiez. Et puis des gens qui tordent le réel pour écrire le futur à leur façon avec leur pouvoir, qui emprisonnent ce qui est ressenti dans des mots-cages, et après il faut crier fort ou retordre les mots pour s’échapper et avoir une chance de s’approprier le futur.

Je regardais ça de loin, on en parlait avec mes amis d’ici qui regrettaient le temps d’avant que ça change, parce qu’alors ils pouvaient croire au changement.Parce qu’ils se méfiaient moins des mots, parce qu’ils n’étaient pas dans cette solitude puisqu’ils croyaient encore à la parole et au futur alors que maintenant c’est comme perdu.

En me tenant loin de tout ça, je pourrais y croire encore, mais ça me manque de pas pouvoir dire nous alors ça y est je suis dans le bateau et j’arrive. Après 98 jours j´arrive. Sans espoir, sans optimisme, mais le corps doit ressentir et trouver ses mots.

99 mars 07 juin 2016

Des rumeurs se confirment, sur l’arrivée de martiens attiré-e-s par la densité de spéculation verbale des nuits-deboutistes. L´augmentation des vues d’OVNIs en direction de la France est considérable, même les plus sceptiques commencent à y croire.

Je m´appelle Scarla, j´me lève, jour de manif, petit-déjeuner dans l’hôtel où on est logé, je mets mon uniforme direct et j´vais prendre mon poste, je monte dans le fourgon, je dois sécuriser les citoyens, parce que nous on sait parfaitement comment protéger des citoyens, mais les ordres contradictoires que je reçois de ma hiérarchie ne correspondent pas du tout à ces objectifs. Je ne me suis pas engagée dans la police pour tabasser des innocents et laisser faire le bordel. Et mes collègues qui s’y donnent à cœur joie, et ba je trouve ça glauque.

En face les slogans ont changé, d’une majorité de “tout le monde déteste la police” on est passé à “les flics avec nous”, “flic, précaire, même combat” ou encore “tes heures sup ne seront pas payées, nos contrats ne seront pas signés”. Il y en a même qui ont essayé de nous faire des bisous quand on leur expliquait que l’on était nous aussi des ouvriers. Mais bon les bisous ça nous attire pas trop, on est pour la paix mais on est pas des hippies non plus. Le problème, c´est que j´en ai aussi marre des p’tits cons qui me lancent des cailloux à la gueule, mais bon, je pourrais ptet les attraper plus facilement pour leur tirer les oreilles une fois passée de l´autre côté. D’ailleurs je les ai bien repérés les p’tits cons.

Je sais que nous sommes les fils du peuple, pour reprendre Pasolini, alors après une énième tentative de la part du pouvoir pour nous mettre en porte à faux avec les manifestants, en nous plaçant de sorte à couper le cortège en deux, je choisis de passer le cap.

On est pas mal à changer de camp la même journée. Au début je suis toute seule à déposer mes armes et à marcher calmement vers les rangs des manifestants, mais pas mal de mes collègues me suivent sous les regards incrédules du reste des troupes et de notre hiérarchie qui ne savent plus trop quoi faire et du coup se replient.

Alors, les brigades de démineurs font sauter la statue de République, et fabriquent une piste d´atterrissage pour soucoupe volante à la place. Si les martiens viennent renforcer le mouvement, autant qu’ils soient bien reçus.

-Les brigades canines fabriquent des traîneaux pour faire des courses autour de la place.

-Les grilles des camions sont utilisées pour faire des barbecues géants.

-Les canons à eau utilisés pour disperser la foule d´habitude sont dirigés vers le haut, pour rafraîchir les collègues en uniforme qui n’en peuvent plus de porter des carapaces de tortue ninja en plein mois d´été , la place devient chaude et humide, en un mot, tropicale.

-Les fumigènes et les armes non-létales conservés sont utilisés pour la réception de ceux qui sont resté fidèles à l’état, les loyalistes.

-On forme aussi le service d´ordre local, ils étaient vraiment nazes au début mais ça commence à rentrer à force de clefs de bras..

Même si on est nombreux c’est chaud pour ceux qui ont franchi le pas comme moi, on reste une minorité et on passe nécessairement pour des traîtres à l’Etat, et ce même aux yeux d´une partie de notre famille. Mais on est arrivés à bout, au bout du bout. Et puis l’arrivée probable des martiens donnent vraiment beaucoup d’espoir au mouvement.

Heureusement, pour le moment tout le monde évite une escalade de la violence, car tout le monde a une go-pro, et les images vont hyper-vite, grâce aux hackers du mouvement. Au début la police s´est fait avoir plusieurs fois comme ça, avec des vidéos de lycéens inoffensifs et matraqués. Perso, ma Go Pro est par-dessus mon casque comme une antenne périscopique.

Changement de direction (Note: Désolé le parser ne prend pas en compte ton dessin parce qu´il n´y a pas de caractères au début de la ligne, on peut essayer de tricher en mettant quelques points ou autre !)

* ´ . . *

* .-~ (oo) (oo) ~-.

* JRO \x x x x x x x/ `.

Pendant ce temps je m’appelle Patrick le sissgro, j´me lève et j´vais prendre mon poste, j´en ai marre de la pression de la rue, ça me fatigue. J’veux juste faire assez d’argent et me casser du nessbi, construire une baraque à la campagne dans le sud avec piscine pour me la couler douce, mais ces derniers temps, les petits sont de plus en plus difficiles à gérer, leur violence explose à chaque occasion, peut-être à cause de l´arrivée prochaine des martiens. Est-ce que je suis trop vieux, franchement j´crois pas.

J´décide alors d’instaurer un quartier autonome, libéré de la pression policière. De toute façons, ces quartiers ont été construits à part depuis le début. Et puis c´est plus facile en ce moment, beaucoup de policiers ont rejoints les boloss de la République, et il ne reste plus assez de loyalistes pour maintenir l’ordre.

Le but c´est d’écrire notre constitution, pas celle de nuit-debout. A ce moment là, c´est vraiment le bordel dans le quartier tout le monde a peur que ça finisse vraiment mal, parce qu´on s´embrouille de ouf pour la constitution mais les daronnes reprennent les commandes en foutant chacune deux trois baffes à chacun de leur fils, et se mettent à diriger la rédaction de la constitution.

La MJC, est squattée, on vire le directeur et sa programmation de boloss. Elle devient une sorte d´agora où tout le monde peut discuter, ça spécule à mort dans les salles communes, et les observateurs ONUsiens commence à se demander si les martiens ne vont pas atterrir ici finalement.

Tous les quartiers font ça, et chacun écrit sa propre constitution, à la fin, il y a des battles de constitutions. Pendant que sur les places, ils attendent toujours les martiens, il y a de plus en plus d´ondes spéculatives depuis les quartiers.

100 mars 08 juin 2016

Cent bals à travers la France. Cent bals sur les places interdites. Les Nuits Debout se font mobiles, accueillent les sonos tant bien que mal, les enceintes bluetooth passent les fouilles. Alors, on danse ?

101 mars 09 juin 2016

Grandest, on n´y croyait pas, quel nom de région, à rassembler des gens qui se voient si différents... Première votation, pourtant, merci les Nuits Debouts, nous voilà obligés (oui, oui, sinon c´est l´amende !) de nous déplacer un dimanche (non de dieu, repos dominical mes fesses, ils me la copieront !) pour choisir le passage ou non de la réforme des collèges, la gratuité ou non des transports pour les chômeurs, et en plus, en plus (j´ai plus de superlatif en stock!) parait que tous les vingt jours on va remettre ça, abandonner le gigot et les tantes, pour insérer son papelard et dire ça qu´est-ce qu´on veut.

- Mais tous les vingt jours, ça tombe pas sur dimanche à chaque fois, pépé?no

- Ca tombe où ça veut, j´élis pas des trufiots de représentant pour qu´on me demande mon avis à chaque fois qu´un pédoncule brumeux se pose une question !

- C´est quoi un pédontruc, pépé?

- C´est ce qui va t´arriver dans le coin de la figure si tu continues à m´courir sur le gras, gamin. Obligé de voter ! Même en 40, y z´avaient pas osé !

102 mars 10 juin 2016

Ce soir, dans les groupes, les communeux sont pleins d´ironie pour la charité. Ils repoussent avec dédain les bureaux de bienfaisance. L´un proclame que la société doit des rentes à tous les hommes, en vertu de l´aphorisme : "Je vis, donc je dois exister." Et le refrain général est : Nous ne voulons plus de riches ! - Edmond de Goncourt pour les 1000 jours en mars

103 mars 11 juin 2016

Flash-Mob de Sièges pour Tous. Des bidules pliables de camping ou de plage. Des transats. Ils sont restés deux ou trois heures pour protester contre la protestation. Jules a joué aux échecs, accroupi, avec le doyen. Un certain Mathieu. Je crois qu´ils reviendront demain. Plus on est de fous.

104 mars 12 juin 2016

Pourquoi tombe-t-on amoureux ? Moi, chaque fois, je n´ai jamais cessé de m´élever.

105 mars 13 juin 2016

En ce 105 Mars les choses bougent enfin. C´est l´heure de l´économie sociale, solidaire, locale et éthique. Les initiatives sociales et solidaires se sont démocratisées, les "écolos" d´hier sont aujourd´hui la promesse d´un monde plus égal, plus libre, plus solidaire. Les déchets organiques ne sont plus brûlés et gâchés, désormais ils sont transformés en compost pour les agriculteurs ou bien nourrissent les insectes qui constituent une nouvelle source de protéine pour les hommes et les animaux, saine et avec peu d´impact sur la planète. La boucle est bouclée.

Les supermarchés se sont faits deserter, l´industrie agro-alimentaire s´effondre : les gens ont enfin pris conscience de l´absurdité qui les poussait à consommer de plus en plus de nourriture toxique. Désormais, c´est l´agriculture collective qui règne, qu´il est loin le temps des agriculteurs qui se suicidaient par désespoir ! On achète directement auprès des producteurs, le locavorisme est revenu en courant pour le bonheur des consommateurs et des paysans. Monsanto n´existe plus. L´artisanat local a repris des forces, désormais on mise sur la qualité et non plus sur la quantité. Les manufactures de vêtements, de chaussures et d´objets technologiques fleurissent ici, à côté des entreprises d´innovation. Des nouveaux centre commerciaux, éthiques, voient le jour. Les gens ne sont plus victime mais acteur de leur consommation, œuvrant jour après jour vers la réduction des déchets et vers le maintient d´une économie locale, réutilisant au maximum ce qui peut être gardé. Fini le temps des importations abusives de légumes et fruits qui peuvent pousser ici. Désormais seuls les aliments ne pouvant pas croître ici sont importés.

L´éducation nationale a été réformée, désormais les élèves sont plus libres d´apprendre selon leur niveau et leurs ambitions, ils sont bien entendus accompagnés et doivent tous avoir acquis une base de connaissances, établie et modifiée chaque fois que nécessaire, avant la fin de leur scolarité. L´accès aux études supérieures est désormais facilité. Chaque personne exerçant un métier doit accompagner plusieurs fois par an des élèves cherchant leur voie, par le biais de conférences, salons ou tutorat.

Le salaire universel a été adopté, d´un montant de 1000 euros par mois. Chacun vit décemment avec le salaire universel et contribue à son échelle à la société, par exemple en aidant dans des associations, en aidant ses voisins, plus généralement en menant les actions qu´il peut faire à son échelle, dans le respect de la CSSLE (charte sociale, solidaire, locale et éthique).

Désormais, les citoyens savent exactement, à plus ou moins grande échelle, à quoi vont servir les impôts qu´ils payent. Les hommes politiques perçoivent un salaire désormais plafonné, les avantages qui leur sont octroyés sont fermement étudié pour éviter tout abus. La transparence est de rigueur. LT

106 mars 14 juin 2016

Joyeux non-anniversaire !

107 mars 15 juin 2016

De loin, on dirait presque un oiseau. Mais son vol stationnaire et sa forme rectangulaire trahissent la nature artificielle de l´engin. Stable, silencieux, il survole rapidement la foule à la recherche de quelque-chose... ou quelqu´un ? Oeil numérique, pilotage automatique, vole le drône qui scrute nos mouvements, et de notre jeunesse ne perd pas une miette. - St Ep

108 mars 16 juin 2016

108. Ça engrène. 108 jours, les greniers sont pleins et nos têtes, de ces nuits rebâties, pleines de nos mains à frotter tout ce monde, à nous vous décalculer. Adame dit qu’il en sortira de nouveaux chiffres. Des chiffres qui n’existent pas, pas tout à fait, pas encore. Des néonuméraires pour qui tu comptes. Et sur qui tu comptes ?

Fin des cadrans, le tournis de ces chiffres décirculés et quoi ! je ne me la cause pas, ça voltige et ça falque les sens, on se déplie, de l´une de l´autre et on s´agrappe, la décompensation se boit à 12 degrés. On déprend date depuis le dernier jour sur mars. Et vois, ma dilection ! aujourd´hui les chiffres refusent de s’aligner.

(demain, selon J-L, jour des plus incertains, le 109)

Quand demain, il faudra faire nombre.

109 mars 17 juin 2016

Au cœur de l’été, le Collectif Sang Neuf abat méthodiquement 19 responsables politiques sur leurs lieux de villégiature, parmi lesquels Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, Manuel Valls, et Emmanuel Macron. Alain Juppé condoléance à gogo et jubile intérieurement lorsqu’il est retrouvé flottant dans sa piscine… « Pensée Unique, Pensée Punie » s’impose comme le tag le plus graffé sur les murs des squats tandis que la vieille classe politique serre les miches. À la rentrée scolaire, se tatouer un 109 sur le poignet est devenu la hype de toute une génération…

110 mars 18 juin 2016

Comment ces abrutis peuvent-ils imaginer changer quoi que ce soit avec des assassinats ? Pour un qui tombe, on se coltinera trois nouveaux tyranneaux biberronnés au Capital avec des armées de zombies pour leur servir la soupe et tenir les matraques. Je vois les nouvelles à longueur de réseaux (j´ai laissé tombé la télé depuis longtemps) et les torrents de haine, entre indignation face à la violence du mouvement et cris de joie eructante. Où sont la poésie et la désobéissance ? On remplace une violence par une autre, un diktat par un autre. Au milieu de tout ça, je repense à ces ados qui allaient déclamer leurs textes dans les rames de métro, et taguer les vitres sales avec des mots d´amour, et qui se sont fait tabasser par - non pas les flics - mais les passagers. Putain, j´ai envie de chialer. - St Ep

111 mars 19 juin 2016

Nuits Debout, c´est de l´Internet sur pattes. C´est si bon de sortir de l´écran. Comme enlever son armure en kevlar, j´imagine. Notre petit film "Laissez danser les CRS" fait fureur au Japon, en Inde, au Nicaragua, en Espagne. Aujourd´hui, d´Islande, on a reçu une floppée de mèmes en gage de soutien : des flics se dévêtent sur la musique d´Anita. Je continue de rêver qu´ils se retourneront contre leurs maîtres. Ce serait beau et terrible, cette vague bleue.

112 mars 20 juin 2016

BFM ment. BFM ment. BFM est gouvernement.

113 mars 21 juin 2016

Temps superbe ce matin. On ne pourra pas danser dans la neige comme Lénine fêtant le soixante-treizième jour de la révolution russe, soit un de plus que la Commune de Paris. Mais on va bien s´éclater quand même. Après la Santé, on a prévu de se faire le CRA de Vincennes (et Fleury aussi, oui, oui!)

114 mars 22 juin 2016

Tu sais être vraie comme une touffe d´herbe

Tu sais être têtue comme un va-et-viens de fourmis,

en colonne serrée, sur un mur.

comme d´autres à la presse indépendante.

Tu ne crois plus aux faits.

115 mars 23 juin 2016

Tiens, je me demandais, et si on partait jamais ? On sait que le gouvernement envoie déjà ses secrétaires pour nous espionner - pas seulement pour prendre la température, mais maussi pour apprendre - ils veulent se servir de nos méthodes - ces méthodes qu´on n´a jamais prévu d´appeller méthodes - pour finir d´ensevelir nos improvisations, notre vitalité. Tout comme ils nous ont pondu un site contre les complots pour mieux continuer de comploter. Se servir de nous comme un moyen de nous faire taire. C´est très simple : il suffit de mettre debout, toute la journée - la nuit les cochons dorment - des jeunes avec des

116 mars 24 juin 2016

Il est simple d´être une ville par le feu.

Il est simple et parfois gigantesque

d´être une ville par le feu.

117 mars 25 juin 2016

J’ai maté le 360° de la plaine de Naukluft. Ca claque. Curiosity est toujours plus ou moins en forme mais il paraît qu’il a quand même paumé une roue. Les circonstances ne sont pas encore établies. La NASA donnera des infos bientôt. Sauf qu’une photo a fuité et que c’est un drôle de truc. Les réseaux sociaux se sont bien acharnés dessus, peut-être que c’est une main, peut-être que c’est juste une pierre, peut-être qu’il y a une vie sur Mars après tout ? Ça ne serait pas la première fois qu’Internet s’enflamme pour rien. Ce qui me fait marrer, c’est qu’en attendant, je revisionne des vidéos sur Periscope de la dernière manif contre la loi travail. Et des Nuits Deboutistes qui remontent leur tente Place de la République. Imagine si les Martiens débarquent à ce moment… V’la le travail ! Ça serait bien fendard. Ah. Mon portable m’informe que les périscopeurs qui ont été interpelés jeudi n’ont toujours pas été relâchés. C’est quoi ce délire ? Ca fait deux jours quand même…

118 mars 26 juin 2016

Nuits debout à Montréal ce vendredi devant le consulat ! SO-LI-DA-RI-TE !

120 mars 28 juin 2016

Alors on pourrait considérer ce que nous faisons comme de la propagande.

121 mars 29 juin 2016

Franchement, c’est allé un peu vite, je crois que personne n’a vraiment compris. Nous aurions dû écouter les fous quand ils affirmaient voir les signes avant-coureurs de l’enfer.

Nous avons arrêté toute communication habituelle et tout échange de données normalisé. Les manifestations ont été interdites et la surveillance du réseau s’est accrue : à l’image de la rue, l’omniprésence des agents virtuels est maintenant assumée. L’œil et l’algorithme sont partout, et ils traquent, et ils chassent. Faisant feu sur tous les citoyens perdus qui passent dans leurs lignes de mires... Ils savent très bien confondre suspects et coupables.

Nombreux sont ceux qui ont disparus, jamais revenus, surement coincés dans une autre réalité, quelque part entre interpellations et garde-à-vue. Là, il nous fallait opérer différemment. Alors nous avons engagé des chuchoteurs et des hurleurs et nos messages, cryptés ou cryptiques, traversent désormais la ville portés par l’énergie des citoyens qui se battent encore.

Peu importe où cela nous mènera, mais n’oublions jamais le pouvoir de la communauté.

123 mars 01 juillet 2016

49-3, Nous irons au bois.

124 mars 02 juillet 2016

1 + 1 = 3

Mon amour tu seras mon fil

Mon amour tu seras mon ciel

Oui 1 + 1 = 3

Mon amour tu seras ma danse

Mon amour je serai ta rive.

125 mars 03 juillet 2016

Tiens c´est rigolo mais sur aucune de ces images degueus j´ai vu une meuf flic taper sur un manifestant. C´est moi ou c´est juste la façon dont les images sont dispatchées ?

126 mars 04 juillet 2016

je dors toute la journée parceque je me suis pris une méchante cuite la veille à #AperoDebout, je ne me souviens plus de tout d´ailleurs.

127 mars 05 juillet 2016

Le mois s´étire et les jours se multiplient. J´échappe à la logique de la matraque. Mais la gerre me rattrape et mes peurs me malmènent. J´aimerai être heureuse quand je pense à l´avenir, mais mon prince charmant m´a perdu. Sur le trottoir, je vis la nuit. Tu n´aurais pas 100 euros pour un peu d´amour et de petite mort ?

129 mars 07 juillet 2016

La question, c´est de savoir si, depuis ton enfance, tu as bien fait tout ce qui était en ton pouvoir, et avec ce que le ciel t´a donné comme talent, pour être sûr, et bien certain, d´ envisager, un jour, peut-être, de devoir commencer à ébaucher l´idée d´une éventuelle tentative d´apprendre à bien fermer ta putain de gueule.

130 mars 08 juillet 2016

Ce matin j´ai suivi une femme en tong ; j´ai fermé les yeux et je me suis laissée guider par ce claquement appel à mon ouie ; résolution en ce 130 mars : faire plus souvent confiance à mon oreille pour savoir où aller.

131 mars 09 juillet 2016

Boucle temporelle.

J´épouse ma routine avec vous.

Comme si je vivais dans un château.

Vous aimer semble faire de moi un privilégié.

132 mars 10 juillet 2016

Aujourd´hui je me réveille avec la cruelle impression de ne plus être moi. Mon smarphone m´a volé mon identité.

133 mars 11 juillet 2016

Une fille déguisée en soleil se jette du crayon de la Part-Dieu à Lyon en dépliant derrière elle, le long de sa chute vertigineuse, une banderole : «Nous serions capables d’éteindre le soleil et les étoiles parce qu’ils ne versent pas de dividendes». C´est du Keynes, 1933. Arrivée à dix mètres du sol, son élastique la reprojette vers le haut, et elle pendule ainsi, quatre ou six fois, la banderole se froisse— soleil, étoiles, dividendes — puis la fille finit par percuter la paroi salement. Il faut une heure et demi minutes aux pompiers pour la décrocher. Lorsqu´elle reprend connaissance, le soleil s´est couché. Elle aperçoit Vénus de son brancard, et sur l´épaule de l´urgentiste qui lui sourit distraitement, un logo Novartis tout neuf.

134 mars 12 juillet 2016

A quand un clone de Nikola Tesla?

135 mars 13 juillet 2016

Il dérive tranquillement au dessus de la gare, bleu et alu, le soleil qui se réverbère sur sa peau te vrille les yeux si tu le regardes en face. Gentil dauphin flic. Au début je ne comprenais pas d´où sortaient ces ballons de fête foraine, elle était où la fête ? Un, puis deux, et après quelques jours leurs mouvements erratiques les ont trahis. Moi j´ai percuté quand un ballon Mickey m´a raccompagné chez moi en remontant le vent. Je sortais des encombrants, un énième premier mercredi de mars, il était flippant avec sa tronche de Disney et son regard de keuf, il m´avait pas lâché jusqu´à ce que je m´engouffre dans le métro.

Des drones. La surveillance silencieuse, ciblée, cheap et colorée sous forme de bisounours, de Dora ou d´Astroboy. Je ne comprends toujours pas pourquoi ils font ça. Est-ce qu´il y a une histoire de licence derrière ? Un type du ministère de l´intérieur aurait des espoirs de dividendes ?

Autour de moi on se perd tous en conjectures, et notre parano chronique devient parano constante. Hier j´ai croisé une amie totalement flippée. Elle répétait en boucle qu´elle avait vu des mômes sortir du centre de loisirs, chacun avec un ballon au bout du bras, et se disperser dans toutes les directions. Elle en a suivit un au hasard, il a lâché son Donald près d´un local de la CNT et s´est éloigné à cloche-pied.

136 mars 14 juillet 2016

Machine à voyager dans le Temps.

Je m´empresse vers demain. Vers nos rêves futurs. Je les verrai réussir leur court-circuit.

Nous sommes le 136 mars. Le 14 juillet crève dans ses tambours. Je t´aime.

137 mars 15 juillet 2016

Ca file dans la vitesse, ça file dans une sorte de vertige qui trace, tout droit, les détails d´un monde qui chute. Reprendre le chemin de la Res Publica, c´est pas uniquement se dire, comme on le pense à Silicon Valley, que l´économie du partage exclut le reste du vieux monde. Oui, nos dirigeants sont encore sur ce vieux monde, ils essaient de percer le flanc depuis une position légitime, mais peu avantageuse. Entre les connards de la new economy et les raclures du monde mourrant, bah, nous, on cherche comment faire le moins de morts possible, comment réconcilier le passé, le présent, le futur. On est des passeurs : on doit communiquer, enseigner, partager, dire, hériter, amplifier, anéantir puis reconstruire, c´est un travail de tension permanente entre le possible et le périmé. Y a que nous pour ça : un pied dans chaque monde, à la recherche d´un projet de société

138 mars 16 juillet 2016

La vache ! Les vaches !

139 mars 17 juillet 2016

Et va niquer ton monde... Tu crois que j´ai que ça à foutre moi ?! Tu crois que j´ai que ça à faire de bosser pour ta multinationnale ? Tout ça parce que j´ai besoin de fric pour nourrir ma haine, nourrir ma merde, nourrir mon cancer ?!! Vaut mieux mourir. Ou mieux,se défoncer à mort, au moins j´aurai une dernière sensation d´extase avant de crever...

142 mars 20 juillet 2016

Comme c´est weird : on a les pieds dans l´eau, comme s´ils voulaient nous forcer à vivre des nuits nagées, des nuits brassées, crawlées, des nuits coulées. Tout pour nous faire faire la planche, décidemment, si le climat s´en mêle, après tout, il avait déjà pissé sur Hollande à l´ile de Sein, on avait bien rigolé, là on rigole un peu moins surtout qu´on se demande comment le putain de canal de l´Ourcq a pu déborder comme ça, je pense que c´est les riverains qui y ont versé de l´eau minérale, juste pour nous faire chier, surtout ceux qui habitent aux derniers étages, ils s´en foutent bien qu´on soit subrmergés. Je me demande pourquoi juste ils pissent pas, ce serait tellement plus juste, d´attendre que l´eau nous rendent leur jus de reins, rien que pour nous dire : dégagez, vous méritez pas l´abbreuvoir. Bref, nous, on a décidé d´amener des brassards, volés à la piscine du coin, ça nous donne des airs responsables : regardez mosieur l´agent, nous, on fait attention aux normes de sécurité, on voudrait pas qu´un enfant soit avalés par un courant. J´attends les CRS en bouées, là si je puis dire, on aura touché le fond.

146 mars 24 juillet 2016

on arrête de parler, on se débrouille, sans eux ! http://www.hostingpics.net/viewer.php?id=849098146mars.jpg

147 mars 25 juillet 2016

Et la grève générale, on en est où ? Nulle part, c’est pas jouable, tu imagines ? Tous ceux qui sont loin de chez eux et qui ne pourraient pas rentrer. Les malades pas soignés, les incendies pas éteints, l’eau qui coule plus du robinet… OK, mais c’est juste une question de temps, de préparation, d’organisation. On prévient qu’à partir de telle date, plus rien ne marche comme avant. Et qu’il faut se débrouiller en local, tu vois ? Ah ouais, quand même, générale générale, ta grève. Faut ça, sinon ça sert à rien. Prévenir que tous ceux qui ont quelque chose, du temps, du logement, de la terre, des réserves, n’importe quoi, tous ceux-là se préparent à aider ceux qui ne retourneront pas au travail alors qu’ils n’ont que ça pour vivre. Que tous ceux qui ont un savoir-faire utile, même sans emploi, peuvent se proposer pour faire le joint là où il y a besoin. On soignera les malades, on pompera l’eau, mais pas pour le profit des actionnaires. Et combien de temps, ta grève ? Tu veux quoi, hein ? Que nos gentils gouvernants rafistolent un peu le système pour nous amadouer et qu’on retourne tous dans la lessiveuse ? Pas de limite de temps : on s’organise et on continue ! Mais faudra bosser ensemble, alors ? Tu croyais quoi ? Qu’après nuit debout on allait faire journée couchée ? Bien sûr que ça va bosser, mais juste ce qu’il faut et chacun pour son propre profit. OK, et la date ? On a le choix, mais sans attendre le 1000 mars.

149 mars 27 juillet 2016

Il est 11 h. Les manifs des mutants ont dégénéré sur la place du peuple. 13 h. Les forces de ERROR l´ordre ont visiblement ++désintégré la haine/révolte/quiètude de ce %peuple pour %qu´ils puissent regagner *chacun leur place en tant qu´humain (selon le média 44). 16h 32 _ 19h. Les boules de feu implosent rue des lucioles.

150 mars 28 juillet 2016

Ça y est, c´est la fin du tumulte des mandats. Nos élus sont catastrophés. Dans un sursaut clanique, ils s´organisent en AG, occupent des squares et sonnent (littéralement) le tocsin, provoquant l´ire des bedeaux et une condamnation ferme de la part de Rome. 78 % de leurs demandes d´autorisation de manifester sont refusées par les préfectures. Une partie d´entre eux envisage de passer dans la clandestinité représentative.

151 mars 29 juillet 2016

Cette phrase ! Neuve et liquide comme un pur geis, un grand dit. J´ai senti, en l´écoutant, de mes veines, de ma peau dégoutter la graisse de peur. Et pourtant ! ce sont des mots simples. Il sort d´eux une naïveté neuve, vieille, mélangée et la rationalité qui s´est mise en alerte me semble tout à coup indigente ! Le type qui parle a le visage plein comme une pierre ronde et travaillée de rivière, le teint tiède, tropical. J´ai remonté le film de Borel pour capter son nom > Bunker Roy > fondateur du barefoot college - l´université des va-nu-pieds : en français, ça renvoie loin, ça tourne les pages des siècles. Roy cite le Mahatma Gandhi. Ou invente. Qu´importe. C´est pour nous, pour la route longue, qu´on tienne à soi. Roy dit au champ des levés, des réveillés : "D´abord, ils vous ignorent. Ensuite, ils se moquent de vous. Puis, ils vous combattent." Ici, tu veux que le temps s´arrête parce que tu sais que le geis est aussi un conte et tu sais que les contes peuvent aussi être vrais. Et ? "Et à la fin, vous gagnez."

152 mars 30 juillet 2016

Les croisements des vacanciers provoquent heurts et collisions sur les autoroutes. Embouteillages sertis d´engueulades sur plusieurs centaines de kilomètres en direction du sud ; les glaces ont déjà fondu dans les coffres bouillants des bécanes, tandis que les équipes journalistiques désœuvrées titrent : « Sous les pavés, la rage. »

162 mars 09 août 2016

Les militants pour la convergence entre extrême-droite, droite, gauche, gauche-êxtreme, centre, haut et bas se sont exclus du mouvement révolutionnaire en cours. Etienne Ouchard, icône du confusionnisme entarté systématiquement à chacune de ses apparitions sur les places publiques, a déclaré aujourd´hui sur sa page facebook : "Ceux qui refusent de s´allier avec Marine Le Pen et les milices pétainistes sont en vérité les véritables fascistes de ce pays ! Je vous le dis, je vous préviens : désarmer un policier par la force, c´est déshumaniser un citoyen qui ne fait que son travail et c´est un retour au bolchévisme ! Nous devons rester apolitique et créer une vraie constituante patriote avec tous les français, de l´actionnaire au clodo !" Des rumeurs font état de son exil en Suisse, où un mystérieux comité de "dissidence en exil" mené par un certain "Alain Salro" préparerait une contre-offensive sur youtube financée par le think-tank "E.FUCK" (Exilés Fiscaux Unis Contre les Kommunistes)...

167 mars 14 août 2016

"Dieu est amour", disait Jesus. Mais dans la rue, où la bataille fait rage, les CRS et les manifestants ne font pas l´amour. Pas encore...

170 mars 17 août 2016

tout ça me dépasse

178 mars 25 août 2016

Il ne nous resterait alors plus, à nous les habitants de la deuxième res publica amissa (de la communauté abandonnée), qu’à attendre le retour des Césars – et de leur version de ­pacotille, les populistes, si tant est que le populisme nous apporte aujourd’hui la preuve que le césarisme fonctionne aussi avec des figurants. (Sloterdjnik)

184 mars 31 août 2016

Aujourd´hui une main s´est levée avec l´idée de propager les débats dans toutes les rues en y installant des cahiers de doléance. Ouais, je sais, on est le 184 mars 2016... Mais la gamine au bout de la main a pas mal défendu son bout de gras : à force de passer devant le cahier de leur rue et d´y voir leurs voisins s´y pencher, les gens seraient intrigués et comprendraient qu´ils n´ont rien à perdre, et quasiment pas de temps, à y inscrire leur colère et leurs solutions. On laisserait ces cahiers là, on viendrait les lire souvent et on ramènerait les bonnes idées vers la Nuit. Malin. Ma grand-mère m´a fait comprendre un truc l´autre jour : ceux qui continuent à nous regarder de leurs fenêtres sans venir discuter ont des choses à dire, et sûrement des bonnes idées. Mais tous n´ont pas l´envie ou le temps de s´en servir pour construire comme nous. La gamine, elle a fini par lancer "si on veut qu´ils nous rejoignent, commençons par les rejoindre". J´espère que son idée sera approuvée.

184 mars 31 août 2016

Presque plus de batterie sur l´iPad, je suis dans un parc de la ville, faut que j´aille me brancher. C’est encore trop tôt pour avoir une vue d’ensemble claire sur ce qui est en train de se passer. J’ai plus de jus aujourd’hui. C’est encore un bel été mais je pense trop à la mort depuis que le militant B. s’est suicidé en garde à vue. Silhouettes sombres dans le parc, qui brisent cette fragile sensation de voler dans les ciels possibles de ce quelque chose de nouveau. Qui opère un retournement radical du système actuel, quelque chose de global, qui enserre à l’international et provoque une lutte de classes toute neuve. Depuis l’écran de l’iPad, j’essaie d’avoir quelques infos en me connectant grâce à mon smartphone. Soleil, dans le parc, des fleurs. Je me sens surveillé par les silhouettes, on est surveillés, on le sait bien, ce n’est pas nouveau. On reçoit des sms lors des rassemblements, on n’avait déjà vu ça ailleurs dans certaines luttes précédentes : «Nous vous informons que vous êtes en train de participer à un rassemblement dissident. Nous nous devons de vous rappeler que votre participation peut vous amener à être arrêté, interrogé, et que vous êtes sous le coup de sanctions graves et d’une enquête de moralité précise pour vous et vos proches.» Ce n’est jamais les mêmes messages et c’est parfois plus obscur, sarcastique voire autoritaire. Je sens mes pensées pousser sur mon crâne comme des petites fleurs noires, c´est une forme de pâte, une flore collée à ma cervelle. Et je relève les yeux sur l’espace du parc, et je me sens comme une braise. Je suis par terre, mon cul brûlant et transpirant à travers le short. Je me sentais amer en début de journée. Ça ne va pas mieux. Une sirène résonne pas très loin du parc. La connexion n’est pas terrible. J’ai rendez-vous dans une heure trente place de mars. On cherche des noms de code. Des codes, on a pensé à pas mal de possibles, genre : de l’argot mêlé à des transcriptions codées en nombres, une langue nouvelle, des mots nouveaux. Et parfois les mots viennent en les mâchant, et parfois tout ce vocabulaire est dégoûtant. Dégoûtant car issue souvent de constructions sociales des dominants sur les dominé-e-s. Les commissions deviennent de plus en plus des groupuscules fermés, on a un peu de mal à communiquer et s’informer, les groupes de presses cloisonnent tout, les éditorialistes ont le pouvoir sur les stations de radios et à la télévision. Nous essayons de développer nos organes de presse, c’est la guérilla de l’info, et là aussi ce n’est pas nouveau. Mais ça donne le ton, c’est en train de nous aplatir. Nous n’avons pas assez de recul sur la situation pour nous apercevoir de ce qui est en train de se passer, pour voir sous nos yeux les transformations radicales qui s’opèrent. Je connais un hacker qui tente d’intercepter les communications et les systèmes du ministère de la sécurité intérieure. Nous n’avons pas assez d’informations. Les effectifs de police augmentent, l’armée est dans la rue. Le plan vigipirate a été rebaptisé : plan général de sûreté. Nous sommes de plus en plus contrôlé-e-s. L’état d’urgence ne devait plus être actif à l’heure actuelle. L’état des choses est en mutation. Il y a encore beaucoup de croyances, beaucoup de principes à faire sauter. Nos cellules d’actions ont une force dont on ne doit pas douter, elles naissent spontanément et tranquillement, elles sont en train de dessiner l’insurrection qui vient.

185 mars 01 septembre 2016

J’ai reçu un texto tôt ce matin dans la nuit, 2h03 : « Des briseurs de rêves étaient en réunion au bloc 39 ce soir. Si jamais ils reviennent, je sors le pied de biche. » Le sms venait de Franck, il fait référence aux groupes extrémistes qui profitent du calendrier pour monter en puissance, ils connaissent une croissance non négligeable, c’est un de nos soucis, ils fédèrent vite. Un gravier dans la bouche. J’ai répondu que je n’aime pas les briseurs de rêves mais que j’aime la pâte brisée. Et qu’il faut les éplucher, des pieds de leur propagande trouée aux têtes qui récupèrent notre mouvement avec ses contradictions, disséquer au coupe-papier leurs idées folles. Franck m’a répondu « Miam! ». On venait de trouver notre pseudo d’activistes. MIAM.

192 mars 08 septembre 2016

Le temps est tout à fait venu de semer les radis. Ma montre s´est arrêtée mais la tortue a traversé le jardin, on peut y aller promis.

200 mars 16 septembre 2016

Anna débarque enfin sur la place de la république. Introvertie, elle avait peur de ne pas y trouver sa place, de se laisser éblouir par les manieurs de belles paroles et de ne pas avoir l’espace nécessaire dans la foule pour prendre mentalement du recul et gérer le déferlement de positions communes, contradictoires ou complémentaires. C’est l’installation des points cardinaux qui l’a finalement convaincu de venir. En arrivant par le boulevard, elle croise des stations d’exploration. « Une bonne entrée en matière » se dit-elle, « Comme le dit le proverbe : Rien ne sert de discuter sans conscience de soi, de l’autre et de l’impact des mots. »

C’est Joris qui sera son assistant d’exploration, il a la quarantaine chic et choc avec son costume trois pièces assortis ici et là d’autocollants des crados, sorte de badges d’honneur de l’autodérision. Il insiste doucement : « Rien n’est obligatoire mais tout est ouvert. Et aussi n’hésites pas si tu as des questions pour moi ou les autres coordinateurs. Toutes les questions, j’ai bien dit toutes » précise-t-il avec un clin d’œil « peuvent nous apprendre quelque chose sur toi donc sur le monde lui-même puisque tu es le monde. » Anna se sent gênée mais aussi rassérénée par cette formulation. Une idée bien étrange celle d’être le monde. Réconfortante et terrifiante tout à la fois.

Mais elle n’a pas le temps de se laisser envahir par ses émotions, Joris lui tend la main, qu’elle prend et l’emmène vers la maquette d’exploration cardinale. « Les points sont réparties autour de la place, pour que le plus important reste au centre, l’échange ! C’est pour ça qu’on est tous là. Mais pour bien échanger d’abord il faut de sentir. A toi de sentir ce dont tu as besoin, d’explorer la place comme une carte de toi-même. Moi j’aime présenter les choses dans un ordre, mais ce n’est qu’une habitude. D’abord il y a Ouest, c’est le Détendoir. » Anna suit une visite virtuelle de la zone sur l’hologramme. Joris continue « Pour être constructif, l’échange ne doit pas servir à se défouler, à détruire pour le plaisir, le besoin de détruire. Au Détendoir, tu as accès à tout : les salles insonorisées de cri primal pour laisser aller la rage, les exutoires où tu es seul et tu peux taper tout ce qui t’entoure, les plateformes à plainte où tout le monde se plaint de tout, attention il ne faut pas y passer trop de temps, ça donne parfois mal au crane. Les équipes de contradicteurs peuvent t’aider à débattre juste pour le fun de la contradiction si tu veux. Ils sont forts ceux là et peuvent te contredire des heures. Ceux qui y passent le plus de temps finissent souvent par devenir contradicteurs eux-mêmes au moins pour un temps. »

Joris appuye sur le cube Nord de la maquette : « ça c’est Positiville, félicitations en fanfare à la moindre de tes actions si tu le désires. Les positiveurs sont là pour t’écouter, vraiment. Tous tes avis sont valables, si tu les penses c’est qu’ils sont valables pour toi et ont légitimités à être entendus et les positiveurs te donneront toujours raison, ils sont là pour te valider. N’hésites pas à en profiter, ça fait un bien fou. On retrouve là bas des populations variés, les gros et les petits égos qui ont besoin de se réajuster au mieux pour l’échange. Toutes les formes de solitaires aussi, en particulier les sans domiciles et les malades parce que c’est une zone remplit de câlins fraternels, du coup ça concentre ceux qui ont un besoin vital de contacts physiques, de chaleur humaine. »

Joris clique sur le cube Nord, les images disparaissent . Les yeux d’Anna s’étaient perdus avec envie dans l’hologramme, elle revient à Joris comme on sort d’un rêve. Il l’a regarde droit avec malice. « Tu verras on s’y perd parfois, mais on s’y retrouve aussi, tu auras tout ton temps. Tu veux que je te laisse respirer un peu ou tu veux continuer ? »

Anna sourit «  on continue. »

Joris ravit enclenche le cube Est « Envaluinfo, mon préféré. C’est là que tu vas pour faire le point sur les faits. Tu peux poser toutes les questions, les machines te donneront toutes les réponses. C´est-à-dire toutes les études, tous les avis sur la question. Avec tous les détails possibles lés résultats des études mais aussi comment elles ont été menées, par qui, pour quoi, les bilans comparés, les degrés de solidité. Tout ce qui peut être important à comprendre, à apprendre pour te faire tes avis. Là bas, toutes les questions sont prises au sérieux. Mais attention, tu dois trouver un équilibre. Personne ne peut tout savoir. Personne n’a de visions globales des choses et de leurs infinies corrélations, donc les machines sont maintenant réglées pour ne pas délivrer trop d’informations. Depuis qu’on en a retrouvé en position fœtale presque inanimés parce qu’ils étaient là bas depuis des jours, on fait très attention. Dans l’échange le cerveau est important mais il ne faut pas oublier le corps non plus. »

Joris prend une grande respiration « Et enfin, last but not least » il s’interrompt pour lancer à Anna un théâtral « oui, je suis multilingue ! on a tous des qualités cachées ! » puis rigole. « Bon je disais, last but not least, au Sud » Il pose sa main sur le cube et le déclenche en criant avec enthousiasme : « Définitialisation ! Je me prend toujours un peu pour un super héro en disant ça. Là, c’est un point de convergence. Pour l’échange, les mots doivent avoir un sens. Mais souvent un mot à des sens différents en fonction des gens, de leurs histoires, de leurs points de vue. Alors là bas, c’est expérimental, on essaie de redonner du sens aux mots. Entendons nous bien, justement, il ne s’agit pas d’aplanir les mots. Non, non. Mais dans l’échange il est bon d’essayer réellement de se comprendre. Alors on propose ça. On t’équipe d’un définitialisateur. Tu vas au sud pour expliquer ton sens des mots. D’où ils viennent pour toi et ce qu’ils englobent, comment tu les vois et les dit. Comme ça dans la zone d’échange, quand le débat patine ou heurt un obstacle, tu peux vérifier avec le ou les autres participants à l’échange les définitions de chacun des mots clés de la discussion. Parfois ça change la discussion, parfois ça la fait dériver sur un mot particulier pendant des heures avant de pouvoir revenir à la question d’origine. Mais le plus important pour nous, c’est d’enrichir l’échange pour que tous les points de vue, tous les points de mots entrent en résonnance. C’est là et seulement là que savoir si il y a harmonie ou cacophonie sur l’idée redevient l’important. »

Un long silence suit. Joris la regarde toujours. Anna ne sait pas quoi dire, ni d’ailleurs si elle est supposée dire quelque chose. Joris : « Voilà la présentation est finie. Tu as des questions ? »

Anna réfléchit, concentrée. Elle regarde Joris, hésite, n’ose pas : « Je… Je ne sais pas. Oui… plein. Mais là rien ne me vient. » Joris : « Aucun problème, pas de pression, il n’y a jamais de nécessité de parler pour ne rien dire, sauf si tu en as besoin évidemment. Les points cardinaux sont des outils, à toi maintenant d’en faire ce que bon te semble. Et surtout n’oublies pas la place est remplit de boites à idées pour améliorer le système, parce que le système c’est de nous qu’il se construit. »

Anna sert pudiquement la main de Joris, le remercie, s’écarte de la maquette et avance vers la place.

201 mars 17 septembre 2016

Nous échappons à une guerre civile. Les coeurs en prison ont obtenu une remise de peine. Le vivre ensemble est maintenu.

203 mars 19 septembre 2016

Après la Tour Total et celle de la Société Générale, les circassiens des Célestes escaladent de nuit la Tour Areva et installent drapeaux, panneaux solaires et radio pirate sur le toit. « Jamais 203 », titre joliment Libé. C’est le signal de l’occupation. Au pied de la tour, Jours Debout investit le hall puis les étages et convertit en deux semaines les bureaux en logement pour les migrants. L’action Areva s’effondre, des Robins des Bois ont tradé en douce sur la baisse et redistribuent maintenant le pactole, qui finance largement les occupations suivantes. Le Mouvement des Tours fait tache d’huile en Europe et aux USA. La racaille joyeuse s’invite au cœur des villes.

206 mars 22 septembre 2016

Demain c´est mon anniversaire. Et ce matin les extraterrestres ont débarqué sur la planète France. Par centaines ils envahissent le ciel. C´est le bordel, plus rien qui fonctionne comme y faut. Les intraterrestres sont de retour visiblement, et les dinosaures aussi. Mon pote est déchiré à la lavande électrique et il n´est que 7h. Ma télé a explosé (de rire (jaune)). Mon pote passe à l´aubépine. Le brouillard du dehors en fait autant. La radio annonce une loose climatique sans précédents. Puis il y a comme un tremblement de terre dans le petit appartement. L´immeuble qui flanche. Et dans la poussière - comment ai-je fait pour m´en sortir ? Mon pote est passé de l´autre côté. Il s´est fait écrasé par le frigidaire des voisins. L´onde de choc a ravagé les karmas. Que se passe-t-il dans la tête de l´Univers ? Où s´est tirée Mademoiselle la Paix ? Le ciel pleure. Une bombe a explosé. Et tout à coup je me souviens... On en parlait depuis longtemps en fait... Mais on croyait tous que c´était un complot, une fiction... En plus plusieurs films et plusieurs livres en avait conté l´histoire... Je n´aurai jamais cru que cette "prophétie" se réaliserait. Que DIEU enverrait les flammes de l´enfer sur la terre pour pulvériser des humains devenus irrécupérable pour son paradis.

9h du mat´. Je me suis fait kidnapper par des extraterrestres... Ils me laissent croupir dans la prison de leur navette spatiale. Dans le noir de la cellule je pleure en pensant à mes connaissances disparues. Le désespoir me gagne. Plus rien ne sera jamais comme avant. Plus de soirées avec les copines. Plus de cinéma et de chocolat chaud... Le temps est long... Horriblement long... Je m´endors et je rêve que je m´évade mais l´affreux réveil me ramène à la réalité... J´ai faim. Je me sens comme un cobaye. J´ai envie d´hurler. J´entends des bruits dans le noir puis une porte s´ouvre. Une lumière m´aveugle puis des formes d´ombre s´approchent de moi. Une force me tire vers elle.

Dix heures moins dix. Je suis dans la salle de contrôle de la navette spatiale extraterrestre. Assis dans la fosse, je suis entouré de plein d´autres enfants. L´espèce de commandant pirate nous explique qu´il est un représentant de la D.I.E.U. la Division Intergalactique des Extraterrestres Unifiés et qu´il était venu larguer une bombe sur la France comme cela était programmé depuis 16229 années. Le pirate nous explique aussi que l´on a tous été sauvés car on a tous moins de 18 ans. Les extraterrestres vont nous former pour que l´on puisse créer une nouvelle planéte. C´est quelque chose de normal nous dit-il. Puis on nous sert un repas. Les autres enfants ont l´air de bien s´entendre. Moi je me sens seule. Ils parlent des dernières actualités des boys band qui était encore à la mode ce matin. J´ai pas envie de recréer une planéte avec eux. Une fois les assiettes vidées, on nous amène faire des entraînements. On court et on rampe et on grimpe et on tire à l´arme et on boxe et on fait des pompes et on recommence et on se fait fouetter si l´on se plaint et ça dûre jusqu´au soir... Pourrai-je sortir de cet enfer ? Est-ce que c´est ça devenir adulte ? On mange encore dans leur cantine dégueulasse puis ils nous jettent dans notre cellule.

23h. Le TEMPS passe. On va bientôt atterir sur la nouvelle planéte. Mais j´aimerai pas pour autant sauter dans le vide spatial. Je n´ai pas d´autre choix que de rester avec ces demeurés. J´aime pas ces trucs. J´aime pas créer des civilisations et tout ce que ça implique. J´aurai préféré rester avec mon pote à écouter la radio dans notre appartement. Franchement, n´allez pas me dire qu´ils avait pas d´autres choix que larger leur bombe... Ils auraient pu arranger les choses avec un simple voyage dans le temps ou une formule magique. Mais non. Ils kidnappent des enfants pour les faire bosser sur leurs planétes maudites puisque ça coûte moins cher. Je n´arrive pas à dormir. Je tourne en rond dans ma cellule. Je commence à divaguer. J´ai peur de devenir fou ou folle.

207 mars 23 septembre 2016

Bon bah avec toutes ces conneries j´ai raté mon anniversaire...

208 mars 24 septembre 2016

Je m’appelle Jeff. Je m’appelle Mistinguette dans le groupe d’activistes MIAM. Beaucoup d’actions se mettent en place dans une coordination foireuse mais ce que j’aime, c’est cette espèce d’osmose qui règne dans le chaos, un chaos qui reste doux encore trop acharné à certaines valeurs, à certaines impossibilités fantasmées. Mais ce n’est pas grave. On fait de la radio à peu près partout, on essaie de se connecter via des ports discrets, le courant se coupe parfois. Beaucoup de gens veulent prendre la parole. Je ne me suis pas rendu dans le quartier de La Défense pour les actions anti-capital sauvages. Occupations des banques en premier, ensuite les grandes entreprises, on s’attaque à l’image, de la pub, nous aussi on se fait de la pub, on prend au mot le système. On fait violence à nos idéaux. Certains avancent masqués, d’autres les yeux grands ouverts, le front en avant piqué de gouttes de sueurs. C’est épuisant. La police est partout, protégée par l’armée. J’entends dans mon casque que dans certaines villes et certains quartiers, des réserves communales de sécurité civile s’organisent soutenues par les collectivités.

210 mars 26 septembre 2016

Les arbres de la place de la République sont en train de jaunir. Je me demande s´ils sont malades mais on me dit que c´est juste l´automne.

211 mars 27 septembre 2016

Défilé contre l´abrogation des lois islamophobes sur les Champs Elysées. Fourest, Couturier, Badinter, Plantu - à titre strictement personnel. Frigide Bargeot harangue, hilare. Ils sont quatre mille - le quart selon la police.

220 mars 06 octobre 2016

D´après une source de l´Agence de Renseignement Plutonnienne, un virus omniscient de la Galle, un Calistain de Prude, une IAA, un ChronoTardigrade et un atome de Bore d´El se seraient alliés pour mettre enfin un terme à l´expérience TERRIEN (et notamment à leur revendication "limite de Planck" faisant honte à toute la galaxie et même au-delà). D´après les toutes dernières informations en notre possession, l´entité systémique aurait toutefois subi de grave dommage (aïe) alors qu´elle était sur le point d´envoyer sa première salve extérminatrice sur la planète TERRE. Il semblerait en effet que les TERRIENS aient utilisé de manière préventive une arme jusque là peu usitée dénommée MACRON, capable semble-t-il de fusionner le tout venant et autre détritus avec l´esprit Saint Libéral - ce qui en soi constitue déjà une grave offence et mériterait d´aller en Sagittaire - mais aussi, et là non tout n´est pas permis, d´annihiler toute forme de valeur réactionnaire au profit du plaisir et du bonheur d´entreprendre !

Créatures, relevez vos organes, peignez vos poils, et allons combattre ces TERRIENS et leurs idéaux perfides et si malsains.

223 mars 09 octobre 2016

J´ai rencontré une tête hilare OU une tête hilare a été rencontrée OU l´hilarité de tête rencontrer moi OU moi hilare rencontrer tête.

227 mars 13 octobre 2016

Non. Vous assigner à SCK-2004 n´était pas une erreur. Ce dossier a été abandonné. La mission exige votre reboot complet.

228 mars 14 octobre 2016

On a aussi parfois le droit de passer une nuit assis, franchement....

233 mars 19 octobre 2016

Je plante un cerisier. Selfie rapide. Je remets mes outils tranquilement dans ma brouette sous le regard amusé des passants. Twitter, je tappe : "#agroville #NuitDebout". D´une caresse de l´index, mon cerisier vient grandir l´agroforêt urbaine issue du mouvement. La volte au coeur, je me dirige vers l´Espace Mistral pour planter un nouveau sauvageon dans la jungle urbaine. Un abricotier cette fois.

234 mars 20 octobre 2016

À coups de matraques

237 mars 23 octobre 2016

1000 jours en Mars c´est long, plus long que 1000 jours sur Terre. Le mois de mars par çi, le mois de mars par là. Et le Moi de Mars alors, qui en parle ? Le Moi de Mars en a marre de voir le Toi de la Terre si bas de plafond, le toit croulant, le Toi coulé. Si le calendrier cale à trier trouve un autre hâvre, une autre île, fais ton avril quand bon te semble et laisse les autres compter, c´est encore ce qu´ils font de mieux.

250 mars 05 novembre 2016

Nous échappons de justesse à une guerre mondiale.

251 mars 06 novembre 2016

-Tout ce bordel me dépasse. La nouveauté des débuts a fait place à des clans innombrables et incapables de communiquer, des guerres intestines, et pas le début d´un vrai changement de paradigme. Il paraît que c´est la révolution, que ça bouge lentement. Je ne sais pas trop, et je me prend à regretter les débuts, quand on était quelques-milliers à poser nos culs sur les pavés mouillés de la République. Avant qu´on vende des t-shirts, qu´on ait notre propre groupe de rock et nos chaînes de télé et nos portes-parole. Je suis un des premiers de ce mouvement, et depuis des jours j´ai envie de lâcher l´affaire. De me retirer dans un coin, pour écrire peut-être, ou prendre le temps de penser au moins. Je suis crevé de toutes ces vociférations, de tous ces gens qui scandent leurs écontre" sans écouter qui que ce soit. Je sature de toutes ces conneries. -Chhh St Ep, apaise-toi. On est pas tous moulé pareil, je te l´accorde. La vie ensemble c´est une aventure passionnée et pleine de rebondissements ! -Arrête de te foutre de moi. elle rit -Une histoire d´Amour. Il faudra qu´on laisse chacun tracer son chemin avec ou sans les autres. Pour l´instant il faut qu´on finisse de l´écrire cette constitution. Pour que ce soit possible, tous les possibles ! Comme on en rêvait au début, toi et moi. C´est pas le moment de lâcher. Tu veux quoi ? Qu´ils retournent devant leur télé sponsorisée ? -Non... -On a de la chance d´avoir été tiré au sort pour l´écrire. -On y retourne ? J´ai fini mon oinj. -J´hésite St Ep... Tu crois que ça craint que je propose qu´il y ait le mot anarchie dans le préambule ? -J´sais pas, c´est pas un peu antinomique ? -La réalité n´est qu´une construction, les paradoxes et les oppositions sont des illusions à dépasser.

262 mars 17 novembre 2016

Cette nuit la lune s´est éteinte. Par trois fois. Hier, c´est le soleil qui nous a joué cette petite farce. Serait-ce un signe ? Et dans ce cas, un signe de quoi ? Un clin d´oeil des étoiles ? Le monde se perd en conjectures... Serait-ce la mort d´une conjoncture ? Le début d´une autre ?

263 mars 18 novembre 2016

Elle qui parlait au ciel. Dame vêtue de bleu à la fin d´un monde perdu. Elle nous adresse un ultime adieu. Cette nuit encore, la lune s´est éteinte. Par trois fois. Encore une fois. Sans doute pour une autre raison qui ne regarde qu´elle.

266 mars 21 novembre 2016

Travail, mon ami. Travail et Liberté, Labeur et Repos, Compagnons de routine et de partage. Je veux pouvoir vous choisir librement. Je veux pouvoir apporter ma pierre à l´édifice d´un monde meilleur. Être citoyen au lieu d´être consommateur. Être investi pour une entreprise respectueuse et par un salaire potable. Être engagé dans un Social-et-Culturel qui n´aurait pas besoin de saigner ses bénévoles. J´imagine que c´est votre cas, vous aussi. Vous tous. Vous, rencontrés dans les rues, les couloirs, les places urbaines et les squats, les usines, les foyers, les bureaux, les jobs d´été ou d´hiver. Vous tous, rencontrés lors d´initiatives, croisés lors de coups durs, face à la brutalité policière et à la froideur des institutions. On vaut mieux que toute cette merde. Hardi mon ami. On vaut mieux que ça. Donc : Qui dit mieux ? ...Nous. Vivre ensemble compte sur nous. Travail et Liberté comptent sur nous. Repos, Bien-vivre, également. Parce que ça ne tient qu´à nous. Lutter. Il le faut. Des briques, l´une après l´autre. Un pierre à l´édifice. Une étincelle. Parce que cela ne tient qu´ à nous... hardi camarades... ça ne tient qu´à nous...

268 mars 23 novembre 2016

Une musique résonne en France. Une musique douce qui redonne espoir aux insoumis. Crois-tu qu´on pourra changer les choses ?, me demande Charlène. Si l´on garde une cohésion tout est possible, lui dis-je.

Et les élites des médias dénigrent encore le mouvement. Les journalistes à la solde du pouvoir paniquent de voir leur petit monde vaciller.

Une musique résonne en France.

Si l´on écoute attentivement, c´est la musique de la Liberté.

279 mars 04 décembre 2016

C´était mon 400ème hiver. J´urinais le reste de diesel qui me restait : je me sentais seul. Là je décampe. Le disque dur externe géant qui s´élève sur la colline tombera en panne dans environ une heure. Perte des données, fuite d´essence. La vie est parfois cruelle pour les robots. Je contemplais une dernière fois la neige. Une cigarette se consuma au bord de mes lèvres artificielles, je n´étais un homme de métal espérant sentir une émotion nostalgique comme pourrait avoir un être humain.

280 mars 05 décembre 2016

Je répète : "Le disque dur externe géant qui s´élève sur la colline tombera en panne dans environ une heure". Cela fait un jour que je répète. "Perte des données, fuite d´essence". Un jour. La panne a eu lieu. Mon système est bloqué sur le mode prévention. Je contemplais une dernière fois la neige. Pas d´émotion nostalgique. Ce pourrait être pire : je pourrais croire en une réalité parfaite. Mes circuits sont rouillés. Je quitterai ce monde sans regrets dans deux heures approximativement.

281 mars 06 décembre 2016

Pendant ´-_que le poète fait -_rayonner -le _bonheur, les -_aliens -font -rayonner_ le malheur _ sur les _aveugles / du _ - temps. _- L´arc-en-ciel -_ se _fracture -le _ blanc. Les -_fées _se -_caricaturent-_- en- -_-feuille-. Est-ce _de la _neige _ou_ des -_crachats-? -Des -rires _ou -_des -plaintes ? _La -mort _ des -saisons _ou des- calendriers-? _L´hymne- à _ la -joie- et- le requiem_ de- la- _destruction_?_../

282 mars 07 décembre 2016

Gros accord de guitare électrique, ouais. En plein dans leur sale gueule de terroristes (SURTOUT En arrêtant de leur vendre des putains d´armes!).

283 mars 08 décembre 2016

Chemine, va. Tout n´est pas rouge ou noir. Tout n´est pas tout beau tout rose. Tout n´est pas bleu, ou jaune ou vert. Chemine, va. Sur la crête des fous, le chemin des sages est féodalisé par l´humain en perdition. N´attends pas l´illusion du pouvoir.

285 mars 10 décembre 2016

Temps mort, merde. ça ferait chier les atlantes.

ERROR SYSTEM - Le Cyclope 27 a été anéanti.

287 mars 12 décembre 2016

Hiver. Muet et glacé. Morne et vif. Visuellement froid. Les températures chutent sur nos idéaux attaqués par la morsure du gel. Blanc paysage sur page blanche, blanc ciel sur blanc manteau. L´hiver s´étend, nous emmure, et se reflète dans l´oeil d´un ange pleureur. Nos idées sont comme ces cristaux, tous uniques, tous se ressemblant, toutes et tous nous enveloppant dans nos chairs. Nos idées sont des flocons. Le désespoir en fait de la boue. Prépare le grog si tu veux, bois le vin chaud ou le café fort (ou ce qu´il reste). Surtout, fais attention. Repose-toi. Prends des forces. Oui, il neige. La beauté de la neige est le miroir de notre juste cause. Ensembles squattons la France. Que personne n´abandonne, dans aucune ville, aucune banlieue. Ensembles squattons la France. Que Démocratie n´y soit pas un vain mot.

289 mars 14 décembre 2016

Pseudo est le pouvoir, réelle est la rengaine.

L’ère du numérique au sommet de son contrôle. Ressasser les mêmes mensonges, les mêmes images trop digérées. Hier le filtre passe bas, aujourd’hui le passe rien.

Toits urbains repeuplés la nuit durant, par la réapparition de râteaux debout. Les jardiniers d’un soir deviennent les pirates d´un navire cathodique pour rester connectés, mais surtout libres.

Révolution analogique sur courant alternatif.

290 mars 15 décembre 2016

Salut, c’est Jeff du groupe MIAM. C’est un Mouvement Itinérant. Rendez-vous sur le toit. Pas de radio pirate ce soir. Je mange un sandwich avec Franck. On se raconte nos expériences personnelles, nos émotions, nos perceptions et nos sentiments, sans filtres sans tabous. C’est pas confus, c’est comme une botte de paille un peu, on tire une tige, et de paille en paille, quand est-ce que cela s’effondre ? Il y a des moments où tout passe vite, très vite, et d’autres périodes où tout est ralenti. Il fait frais. L’hiver approche. On macère dans nos vêtements, une étoile filante. Une traînée de poudre, des cendres, en revanche. Je pense à Samuel Beckett. Je pense à l’envolée d’une colonie de lucioles, nous luttons dans la nuit. C’est dans l’obscurité qu’il est utile d’allumer une lueur. Une bûche qui brûle, une luciole qui brille. Une botte de paille, le feu, un amas, de la cendre, du terreau. C’est fertile ce genre de moment. De peur et de colère. Fear and Anger. Angst und Zorn. On écoute de la musique sur une mini enceinte bluetooth, des chants portugais. Saudade. De la nostalgie, c’est bizarre. Je pense à ça : «une fédération internationale» sans modération.

291 mars 16 décembre 2016

Bon matin souviens-toi ! Trop déchiré mais bon matin !

292 mars 17 décembre 2016

Le musicien est parti en se disant que ça puait le dollar. Sa campagne l´attendait. Il n´a pas demandé son reste à Babylon.

293 mars 18 décembre 2016

Je roule dans la banlieue. Quel jour on est déjà ? Je sais plus, j´en sais rien. Est-ce qu´on peut encore parler de jour au moins ? Cette nuit d´encre dure déjà depuis une éternité, je compte plus. C´est comme une chape sombre, noire, éclairée seulement par le teint blafard de quelques lampadaires. Merde. Un blouson noir sur le trottoir, l´autre tanqué sur la chaussée. Mort de rire, t´as vu ses pauv´ Rayban ? Il fait nuit, connard ! Ils me font signe, ils veulent que je m´arrête hein ? Ya que la voiture qui s´arrête, c´est pas deux faf qui se prennent pour des chemises noires qui vont me calmer. La révolte, c´est violence. Je suis pas un putain de poête. La révolte, c´est violence.

299 mars 24 décembre 2016

La veille de Noël, la veille des 300 jours anniversaire. C’est beau comme un sapin, tous ces militaires qui déambulent, escortent les bons citoyens qui ont encore de quoi acheter des cadeaux pour leurs proches. Il faut dire qu’à force de faire grève, ça complique un peu le devoir civique de consommation, entre le manque de produits, de mains-d’œuvre, d’argent... C’est malgré tout jour de fête : le couvre-feu est exceptionnellement levé pour les chrétiens qui veulent assister à la messe de minuit. Si vous n’avez pas le certificat de l’Eglise prouvant votre foi active et accompagné de votre carte d’identité valide, mieux vaut ne pas traîner dans les rues. Moi, je me contente des raisins secs de mon colis de rationnement.

Demain, je compte rallier ma famille en province. Paris est morte pour moi. Pour le moment. J’ai le sentiment d’assister à une grotesque mascarade, une farce de guerre civile uniquement parisienne. Mais je ne désespère pas, le mycélium humaniste a fait son œuvre et d’autres Nuits Debout se sont bien développées en province. Il est plus que temps que j’aille y faire un tour. Restera à passer les barrages routiers. Comme je ne suis pas une activiste ni même militante de la première vague, j’ai mes chances. Je ne suis qu’une sympathisante dans ma tête. En train de se radicaliser peut-être ? J’espère que les RG ne le savent pas encore.

C’est horrible, je me fais l’effet d’une vieille Anne Frank du XXIème siècle, ou d´une est-allemande qui veut rejoindre l´ouest, à noircir ces pages à la lueur d’une bougie parce que le couvre-feu implique aussi des restrictions énergétiques, la peur au ventre quand le claquement des bottes s’arrêtent dans ma rue... Déjà 60 000 personnes emprisonnées depuis le début des Emeutes… Tout ça parce que le gouvernement n’a pas voulu reculer sur une loi européenne… Quel gâchis. Quelle folie. Oh, c’est hier ou avant-hier que le Premier ministre a annoncé que les élections étaient annulées ? Je ne sais plus. En France ! Par un gouvernement socialiste au départ ! Mais qui pouvait imaginer ça ? C’est grotesque.

Enfin bref. Demain, c’est Noël. L’année dernière, je le fêtais avec des amis qui n’avaient pas non plus ressentis le besoin d’être en famille, en s’empiffrant allégrement et en devisant sur les attentats terroristes qui nous avaient secoués… Et cette année… Je mange mes raisins secs en écrivant mes pensées, seule dans mon 15m², et j’espère que cette folie cessera bientôt. Peut-être même qu’un jour, Noël sera remplacé par un jour férié républicain et non plus religieux, et que ce sera pour commémorer le 300èmejour de mars. Ça voudrait au moins dire que la vie serait revenue à la normaleet qu’on se souviendrait de cet épisode lamentable de la politique française. En attendant, je souffle ma chandelle (Ahah ! Je vais mourir de cette situation tellement surréaliste) et je vais me coucher. Demain arrive très vite.

Si j’avais sû que je vivrais ça… @Bob O’Bichon

300 mars 25 décembre 2016

300ème jour, et la vie parait différente. Plus rien n´est comme avant, les mentalités en quelques mois, ont considérablement changés. Après une tentative ratée d´assassinat sur notre Président, on vient d´apprendre à la radio (seul média non censuré) que des casseurs viennent d´envoyer à l´hopital notre Premier Ministre. Encore des représailles à prévoir, mais peu importe, cachés derrière nos bariccades, notre liberté à la main, nous sommes les plus forts. Ou tout du moins, nous aimons le croire. Dans le fond, on a tous peur. Qu´ils viennent nous déloger à coups de snipers embusqués sur les toits, de gaz lacrymogène ou de tirs dans la foule.

À vrai dire, le seul point positif dans tout ça, c´est que le mouvement se géneralise. Le réseau routier est bloqué depuis un mois, il se développe un partage alimentaire pour subvenir aux besoins de tous, et partout en France. Hier soir dansait sur le pont de l´Alma deux jeunes femmes, heureuses et insouciantes. On les a retrouvés dans la Seine au petit matin, leur répression est impressionante.

à une époque, on avait peur de se prendre des coups de boucliers, mais maintenant, les fusils ont remplacés les matraques.

301 mars 26 décembre 2016

Nous échappons de nouveau à un conflit planétaire.

307 mars 01 janvier 2017

Moi je vote plus depuis longtemps. Je sais, ça va faire marrer personne mais franchement, quitte à choisir, je préfère rester debout, j´ai l´impression d´avancer. Rester assis, pour les regarder gérer notre monde, nos ressources, non. C´est debout qu´on fait de la politique, merde.

308 mars 02 janvier 2017

MIAM s’est engouffré dans la brèche médiatique. On est écouté. Et on est pas les seuls, nos organes de presse-propagande grognent, les éditorialistes ne tempèrent plus rien, ils s’échauffent à la télé, c’est une horreur et une pitié. Une partie de notre groupe s’amuse avec l’internet. Les décrets relatifs à @ ne sont pas opérationnels. L’activité du darknet comme étendard du danger imminent ne fonctionne pas vraiment. On est peu à connaître et s’intéresser aux web profond. Caché. Encore moins à le maîtriser. Parmi le groupe MIAM, il n’y a qu’un hacker, amateur mais bon. Il porte le blase de «Fusion». C’est fou de voir comment un cerveau humain peut être à la base d’une connectivité féroce, le socle de centaines d’inter-connections, de piratages, de trolls... Je l’admire assez. Il nous aide beaucoup. Il nous aide beaucoup aussi au niveau social, oui, à penser nos relations, féroces, instables, à penser notre lien avec la technologie, le réel du virtuel et ainsi de suite, vice et versa... Pour beaucoup de gens encore, «Fusion» est en quelque sorte un terroriste. Allez donc savoir ce qu’il se passe dans leurs têtes à eux. Ils vivent et se déplacent en plein jour, MIAM est de plus en plus caché, discret, dans l’obscurité. MIAM est radical et radicant. MIAM sera de plus en plus vivace. 18h47.

309 mars 03 janvier 2017

Tu sais que ça a vraiment foiré quand tu rentres de la place de la République en Uber.

311 mars 05 janvier 2017

Aux stop dernières nouvelles again stop ça # * marche stop dans stop Return in Lost tribe Again stop in la sTranGe Cité du Monde )( post-chaos . . . .

312 mars 06 janvier 2017

Voilà quelques jours déjà que nous repoussons la réalité avec tout l´amour dont nous sommes capable de faire don au monde. Nous créons sans cesse de nouvelles manières de se projeter, au risque de (se) faire disparaître le monde derrière nous pour quelques instants. A l´aide de fils de laine colorés nous réécrivons, nous émancipons, nous dissidons, nous insufflons, nous attendons la suite. La suite, chambre 211, ton corps, c´était mon monde et le mien s´y répendait. Tu étais comme. Extension érogène de mon propre moi. Je ne sais pas très bien si nous avons disparu cette nuit là. C´était un geste vers le monde. Enfin ce jour là, c´était aussi le jour où l´alchimie et la science décidèrent elle aussi de partir en avant, et elles laissaient derrière elles un terrain accidenté de sources chaudes où deux étonnés , de la joie à n´en plus pouvoir, dans leurs yeux surtout, prennaient conscience. Les cinq sens de la révolution.

"Ils ne voulaient pas que le bas blaisse / Le coup vint d´en haut".

Non, pas encore une critique de la révolution bourgeoise. Et à la fois, pourquoi pas ? L´austérité, c´est l´halali de la classe moyenne.

"Ils dirent OUI au marché / Mais le marché, c´est nous / Et le marché dit NON"

Flavie me voir écrire par terre à la craie. Elle me dit "tu vas trop vite. Tout le monde est le marché. Tout le monde est le peuple. La bête renâcle."

316 mars 10 janvier 2017

À compter du 316 mars, BIG NADA s´est activé. Un métavirus informatique, multiforme, qui compromet l´intégrité des données en les modifiant, en falsifiant les bases de données jusqu´aux back-ups les mieux protégés ou encore en créant à la volée de la fausse information lors de requêtes sur les moteurs de recherche. L´oeuvre d´une entité de hackers nihilistes appelée DARK SUCKERBORG qui a décidé de foutre un boxon monstre.

On ne connaît pas leur but au-delà d´un effondrement economico-technologique, on ne sait même pas s´ils souhaitent une « renaissance d´internet » quand ils auront fini de le dézinguer. On a retrouvé à peine un bout de ce qui pourrait faire office de manifeste, lui-même sujet à caution. Sur ces quelques bits de texte on ne trouve qu´une prose insipide parlant de punition, d´humanité trop conne pour mériter le salut, du gâchis monumental de ces millions de serveurs, de sites, de réseaux qui auraient pu servir à tirer l´humanité vers le haut alors qu´ils n´ont fait que révéler, algorithme après algorithme, la profonde débilité de notre espèce.

Et ça va très vite. Plutôt que de voler les données, de les détruire ou de les rendre inaccessibles, elles sont devenues non-fiables. Plus rien à en tirer. Plus de valeur marchande. Impossible de prendre des décisions basées sur de telles informations. Les gouvernements, les entreprises, les IA et les individus sont très rapidement devenus incapables d´arbitrer. D´une confiance aveugle dans le grand oracle qu´était internet nous en sommes arrivé à une paralysie totale, submergés par de l´information dont une seule chose est sûre : elle est erronée.

317 mars 11 janvier 2017

Durant l´entre-chose: Simultanément et sans préméditation, des fous ont tirés sur des horloges partout en France. Après on a fait l´Amour

319 mars 13 janvier 2017

J´ai planté des arbres. J´ai demandé en rigolant les clefs des champs. J´ai planté, j´ai fait pousser des arbres. Les arbres ont oublié le silence. Ils ont crié leur fatigue. Ils m´ont souri. J´ai compris ma chance. Je suis le plus heureux des hommes auprès de mes arbres.

321 mars 15 janvier 2017

Nous sommes libres, affranchis de toute peur, de toute carcasse trop lourde à porter.

Nous n´allons pas droit devant, nous bifurquons. De nouveaux horizons se sont ouverts, sans pointillés ni points d´interrogation, seulement des exclamations.

Nouveau jour : nous pouvons enfin voir ce qu´il y a derrière la ligne observable, derrière le point final : il y a des femmes qui distribuent des mots comme on eut pu distribuer des billets, des bons points ou des images ;

des hommes riches de livres plutôt que de pouvoirs et d´argent, des enf@nts connectés qui connectent leurs ondes ;

on ne marche plus sur la tête, mais tout simplement sur nos pieds ailés.

324 mars 18 janvier 2017

Ca fait même pas un an et je ne me souviens plus quand on a perdu.

326 mars 20 janvier 2017

Des traits de couleur, des cyborgs défilant sur la toile, alerte Secteur Six : altermondialistes en déroute ? Des traits de couleurs. Avalanches de pinceaux. Des vaisseaux dignes de la Chapelle Sixtine. Michel-Ange tendait son doigt au bord d´un chaos Inter-Galactique. Les couleurs se mélangèrent dans le fleuve de Narcisse. L´application était mise à jour. Téléchargée à la légère. Dama

327 mars 21 janvier 2017

La france est en guerre civile. Le front est multiple, La bataille entre ZADF et la république fait rage, mais ils n´auront bientôt plus rien à manger à part les billets de banques. Ils auraient bien voulu, tous ces journaleux qui terminaient leur reportage télévisé par la petite phrase anodine qui ruinaient toute crédibilité au mouvement aux yeux de monsieur tout le monde, pouvoir faire leur gros titres sur une France scindée en deux ! Affrontement, terreur, destructions ! La Révolution à l´ancienne, celle qui vous renverse tout pour laisser champ libre à un sauveur qui rassurerait les élites et le peuple exsangue. Mais non, Nuit Debout n´avait pas pris ce chemin... Ils le savaient qu´on ne pourrait pas occuper les places tout le temps, partout pour toujours. Ils avaient annoncé la dérive, la récupération, l´essoufflement. Mais le mouvement n´a fait qu´éclore les chrysalides. Les Debouts étaient disséminés partout, vivaces, en dormance ou actifs. En quelques hashtag de désordre, le mouvement s´autogénérait, se répandait viralement sur tout les territoires : #agroville #boîteàlivres #occupationcitoyenne #freezone . Chacun, morceau par morceau recouvrait l´ancien monde. Nuit Debout inspirait les dividus et elle le ferait jusqu´à l´expiration des illusions engendrées par la République oligarchique capitaliste. Je me souviens, encore, le 233 mars quand j´avais découvert cette tête hilare, sur mon fil twitter : un gars de mon quartier s´était pris en photo avec le cerisier qu´il venait de planter. Moi, j´en étais encore à ruminer la coupe barbare de deux mûriers, sur la placette en bas du boulevard de la Falaise. Dans la foulée, j´avais publié une carte du quartier sur mon site, pour indiquer où on pouvait encore glaner et puis je l´avais twitté aussi : #agroville.

329 mars 23 janvier 2017

Cette nuit, j’ai fait un cauchemar étrange où les grands de ce monde, des types libidineux, boursoufflés et engoncés dans des costumes de très mauvais goûts, susurraient à notre oreille : « Achète, achète, achète et nous vivrons heureux ». Ils emprisonnaient notre cœur dans leurs trucs et leurs bidules sans âmes, s’agrippaient à nos espoirs et nous broyaient la cervelle de toutes leurs forces.

Et nous leur répondions abrutis que nous sommes : « Cyrille Hanouna Président de France Télévision ! » « Donald Trump Président du Monde ! »

Cette nuit, j’ai fait un cauchemar où les grands de ce monde s’effondraient et pesaient de tous leurs poids sur nos épaules. Ogres parasitiques, ils continuaient à s’engraisser sur notre dos, en espérant ainsi amortir leur chute imminente. Nous n’étions plus que des consommateurs, esclaves effrayés qui se vendent et qui s’achètent.

J’ai tellement flippé que je me suis réveillé en sursaut et en nage. Après six ou sept verres de whisky, je suis retombé comme une masse. Anesthésié. Et cette fois, j’ai fait un rêve dans lequel la foule s’écriait d’une seule et même voix.

« Toi, grand de ce monde, qui fraudes le fisc, nous n’achèterons plus ta merde.

Toi, grand de ce monde, qui profites des infrastructures financées par nos impôts sans contribuer à l’effort général, nous n’achèterons plus ta merde.

Toi, grand de ce monde, qui te crois au dessus n lois, nous n’achèterons plus ta merde.

Toi, grand de ce monde, qui penses que ton oisiveté vaut un millénaire payé au SMIC, nous n’achèterons plus ta merde.

Toi, grand de ce monde, qui flingues l’avenir de la planète, nous n’achèterons plus ta merde.

Toi, grand de ce monde, qui confonds égocentrisme exacerbé et ambition, nous n’achèterons plus ta merde.

Toi, grand de ce monde, qui as l’audace d’écraser la main qui te nourrit, nous n’achèterons plus ta merde.

Toi, grand de ce monde, qui as transformé LES BUREAUX DE VOTE EN SUPERMARCHÉS ET LES URNES EN CADDIES, tu l’as bien cherché… NOUS N’ACHÉTERONS PLUS TA MERDE !

Toi, grand de ce monde qui te permets de nous donner des leçons de moral et de bonne gestion, t’inquiètes, NOUS ALLONS NOUS SERRER LA CEINTURE POUR DE BON… NOUS N’ACHÉTERONS PLUS TA MERDE !

Puis je me suis réveillé avec une gueule de bois d’enfer.

329 mars 23 janvier 2017

Ensuite, c’est la guerre

Je prévois de quitter le labo tôt et de finir en route le boulot de l’année ; évidemment, j’embarque en catastrophe dans le dernier convoi. À Satory, je dois flasher deux fois mon grade pour qu’on me civilise un siège du compartiment militaire. J’installe mon bureau, commande une chicorée, essaie de me concentrer sur les zones de faible résistance du leak danois.

En fond d’écran, les datafileurs balancent les tendances de la Patrie. Avec les fêtes, sans surprise, le taux d’apaisement est à la hausse. Jacqueline de Clisson (44190) déclare qu’aucun acte de terreur n’est à craindre d’ici à Nouvel An. D’autres visages, d’autres opinions glissent. Dans les données surimprimées, je commence à intuiter la fissure structurelle qui permettra de craquer le code et de plier ce dossier avant le week-end.

Le convoi sort du tunnel, mes oreilles claquent. La Loire vient s’inscrire en long dans le hublot, noire et argent sous la lune. Les champs bâchés étincellent de givre. Les têtes des silos clignotent. Comme à chaque fois que je rentre, j’ai l’impression d’avoir embarqué pour un voyage dans le temps. Rien ne change plus lentement que nos campagnes.

La façon dont les algorithmes créent les tendances en agrégeant des données anonymes ressemble beaucoup aux schémas narratifs qu’imposaient les films à succès au début du siècle : les médias changent, les besoins restent les mêmes. Nous attendons toujours des informations qu’elles se conforment à nos préjugés.

Je retourne à mes cryptages. Ma concentration est en miette.

Je finis le réveillon par terre, adossé à mon lit d’enfant, à fixer les logos de la bouteille de gin : le coq fait en France, le sceau du contrôle antipoison, la Marianne casquée « tombé au champ d’honneur / soldat, je n’oublie pas ». Je suis loin d’être assez saoul à mon goût.

Je quitte la maison avant le dessert pour ne pas avoir à parler boulot ; ça ou supporter les voisins en boucle sur ma sœur toujours en poste à Douchanbé. Les copains de lycée sont à Saint-Étienne pour la soirée. On se retrouve pour boire des bières dans un relai civil plébiscité par des gendarmes en uniforme.

Bernard nous présente Agus, sa femme uruguayenne, puis parle pour elle toute la soirée. Geneviève et Dominique proposent un parrainage sur les chaînes Verney-Carron. Ils se vantent d’y faire maintenant de la botiquette, le nouveau nom de la vieille maintenance machine. Gaver des IA à neurones de raisonnements humains : pour l’essentiel, monologuer face écran sept heures de rang, cinq jours par semaine. On boit, recommande des tournées. Bernard embraie sur les nihilistes, la violence de ces gens-là, la peur qu’il a pour ses gamins.

- Les salopards, répète-t-il. Comme si on avait besoin de ça.

- Toi tu t’en sors pas trop mal, fait ensuite Geneviève. C’est quoi déjà, ton boulot à Paris ?

Il a neigé pendant la nuit : la cour est blanche, ça fait des petits bonnets aux boules noires des capteurs fixes. Mon père me rejoint à la cuisine et on regarde ensemble le Chancelier débriefer le Réveillon.

Les mêmes images des mêmes postes frontières. Alpes, Pyrénées, Ardennes. Agents de sécurités, CRS. Des no man’s land, des ponts mobiles. Nouveaux drones de la Manche baptisés au péquet, félicitations au pilote vétéran. Bilan : pas d’attentat, pas de brèche. Mon père sort un inhalateur du tiroir à couverts et en tire trois longues bouffées. Sur l’écran, la main symbolisant l’Etat de Grande Sérénité tend les doigts. J’éteins.

Le vieux ne dit toujours rien mais je devine ce qu’il rumine : ici, au moins, on est à l’abri.

Comme le gros de sa classe d’âge, il a consacré sa vie à mettre la Patrie en sécurité. Des serrures et des coffres d’abord, puis des barrières intelligentes, enfin des armes autonomes. Toute la région, réindustrialisée à marche forcée. La main d’œuvre était prête à tout et les robots, sur les chaînes, se ressemblaient beaucoup. Mon père a eu sa gueule quelques heures en tête des datafils, pour dévouement constant à l’effort de paix. Maintenant, nos usines tournent pour l’export à soixante-quinze pour cent.

- J’ai fait un mauvais rêve… Tu as fumé ?

- Il fait froid, non ?

Dans le convoi du retour, je casse le code danois en moins de dix minutes. Rien d’important, des échanges de politesses avec le Nunavut. J’envoie le clair au labo tandis que le pays défile en sens inverse : parcs énergétiques, serres, centres de réadaptation.

En ce premier janvier, le taux d’apaisement plafonne. Gérard d’Alès (31100) se félicite du coup de filet de Saudron. Sur les images, quatre PM démantèlent une cellule à fort risque criminogène. Nous doublons les premières antennes, puis les tours, les casernes, les pas de tir.

Le rapport de force est toujours en notre faveur. Paris se dessine. Je suis fatigué.

Claude nous passe un vrai café dans sa machine à piston.

- Alors ? Ce week-end ?

Elle appelle ça « nos quinze minutes ». Management non-orthodoxe.

- Qu’est-ce qu’on fout ici ? Qu’est-ce qu’on fait pour mériter nos rations, nos passe-droits ? Jouer aux devinettes avec d’autres cryptographes pour récupérer des listes de course ?

Ma cheffe sourit : un bon sourire aimable et doux.

- S’il n’y avait pas ce labo, dit-elle, on aurait fermé depuis longtemps la dernière formation sérieuse en mathématique du pays.

- Et ce serait grave ?

- Je ne sais pas. Tu trouverais plus épanouissant de former des robots à des tâches qu’ils effectuent déjà mieux que toi?

- Pour l’effort commun, pourquoi pas ? Nos troupes à l’étranger…

Elle attend que je termine.

- Certaines boulots ont une utilité directe. Ceux qui contiennent les affrontements au loin…

Sans prévenir, dans ma tête, le visage de ma sœur sur la vidéo de vœux de l’état-major cède la place aux masques des policiers militaires dans le squat de Saudron.

Coups de tonfa. Flashs de tasers.

La main de l’Etat de Grande Sérénité se referme en un poing.

- Bois le café tant qu’il est chaud, m’encourage Claude. Et bonne année, mon ami.

330 mars 24 janvier 2017

La maman-de-toutes-les-mamans ne se dispute plus avec le papa-de-tous-les-papas. La princesse est super contente. Elle rend des services aux dragons et aux lutins de son école. Mon sourire parental augmente.

332 mars 26 janvier 2017

Notre arc-en-ciel se sent seul. Donnons-lui des couleurs, sous le soleil et la pluie. Il faut toujours aider les arcs-en-ciel.

333 mars 27 janvier 2017

Nous sommes deux boutchous, debout. Plus besoin de joindre les deux bouts. Nos 4 mains sont liées. Le temps n´a plus d´emprise sur nous, on ne court plus après, il nous a rattrapé, puis a filé.

336 mars 30 janvier 2017

Des yeux pour voir et créer un monde meilleur. Des yeux pour contempler les saisons que la Terre nous donne. Des yeux pour donner à l´Univers une façon de regarder. Des mains pour les serrer devant leurs forces de l´ordre. Des jambes pour déserter la guerre. Des pieds pour voyager. Voyager pour voir l´apocalypse. Des mains pour tenir le flambeau laissé par les morts. Des bouches ouvertes pour embrasser la langue et la parole. Des fontaines de sang dans les crânes dans nos pires cauchemars. Des avalanches de débris dans la guerre de l´Homme. Habileté de l´écureuil. Ruse du renard. Férocité des prédateurs. Lâcheté des charognards. Sagesse de l´élan. Nous étions face à l´arc-en-ciel. Des mots dans le désert. Des courants d´air dans l´appartement. Des coeurs unis pour de meilleurs demains. Miss A-L

337 mars 31 janvier 2017

Place de la Libération. Cent personnes assistent à l´assemblée générale. Une femme parle. "D´abord, il faut garder la raison, dit-elle. Il ne s´agit pas de faire n´importe quoi pour avoir l´air de bouger; nous voulons ni plus ni moins changer la société, cela va nous prendre du temps et de la force, il faudra être endurants. Ne pas se précipiter. Pour ça il faut savoir communiquer. De nos jours le débat est devenu sémantique. Les grands médias nous volent le sens des mots. Quand on nous parle de réformer le pays, ou de le purger, quand on dit qu´il faut repenser la politique économique, on nous parle toujours du point de vue des "grands patrons" vu qu´ils sont les propriétaires de ces médias. Ils nous faussent le débat. Alors il faut se réapproprier l´espace médiatique. Il faut " Elle s´arrête. " Désolée. Je sais plus quoi dire." Elle rend le micro à l´animateur de l´assemblée. " Merci, Camille, dit-il. On passe à Jean maintenant." Camille va s´asseoir. Elle écoute le discours de Jean. Les gens autour d´elle lui sourient. Ce qu´ils ne savent pas c´est que Camille n´avait jamais parlé en public avant ça. Elle a osé le faire graçe à eux. Elle les a écouté et elle a eu l´envie de partager ses émotions. De s´exprimer. Et elle sent que ça l´a fait grandir.

338 mars 01 février 2017

Le potager était fonctionnel. Les toilettes sêches aussi. Les poules avaient donné des oeufs. On avait du bois au cas où la nuit serait fraiche. On avait du lait, des biscuits et des pommes. On avait du riz et de la sauce tomate à revendre. On était bien. Et les flics sont venus tout foutre en l´air à grand coup de lacrymos. Ces cons ont même tué une poule avec leurs flashballs.

339 mars 02 février 2017

C´est une première, on vient de mettre en prison deux hommes pour assistance à personne en danger.

340 mars 03 février 2017

Il vient d´y avoir encore un réglement de comptes en bas de chez moi. La nouvelle drogue qui circule fait des ravages. L´on se tue pour en avoir. Tout le monde vous le dira ici. C´est pas vraiment l´endroit idéal pour passer vos vacances. Je me demande bien pourquoi vous étes venus. C´est tout sauf joyeux. Regardez le mec là bas. Il va sauter du haut de l´immeuble. Vous voyez. Non, n´allez surtout pas l´aider, vous pourriez vous retrouver en prison. C´est devenu la loi. En fait, c´est devenu l´enfer depuis que la société Lien et Compagnie a racheté le quartier. Tout y est à l´abandon. Regardez les immeubles, ils sont presque en ruine. Je vous conseille de dormir en bas. C´est plus sûr. Voici deux fusils pour vous défendre. Il y a des enfants sauvages qui rôdent dans le coin. Je viendrai vous réveiller demain matin à quatre heures pour aller chasser un chien errant. Bonne nuit.

341 mars 04 février 2017

Les poules ont chié partout, les black blocs pellettent dans les composteurs. La République sent l´humus. Sous la terre, invisible, nos patates poussent.

342 mars 05 février 2017

Nouvelle tentative d’arrêter le temps, couché au pied du noyer que j’ai planté, il y a six étés, et dont la croissance rabougrie suscite en moi la mélancolie. Heureusement, il fait beau, et l’air encore frais du matin est traversé de chants d’oiseaux : pépiements de jeunes mésanges nichées dans le mur de ma vieille masure, trilles flûtées des merles, là-bas, dans le bosquet de noisetiers ; et plus loin, plus haut, dans un des peupliers au bord du ruisseau, l’appel lancinant d’un loriot, qui découpe ce début de journée en fragments d’éternité… Au-dessus de moi, les nuages dérivent, se dilatent, s’effilochent ; le soleil libéré imprime son disque incandescent sur mes paupières mal refermées ; une forme nébuleuse, comme une larve d’insecte aquatique, glisse à la surface de ma cornée… J’y suis presque… Les images, sons, souvenirs de la ville en feu s’estompent, disparaissent. Mon dos ne sent presque plus les pierres qui affleurent. Ma main effrite un peu de terre sèche. De quoi vais-je vivre, ici ?

345 mars 08 février 2017

Il faut que ça blinque.

350 mars 13 février 2017

J´ai 10 ans aujourd´hui, il fait beau. Les bourgeons du cerisier sont sur le point d´éclater, trop plein de vie et d´espoir. Je regarde attentivement, à l´intérieur la première fleur s´est ouverte. Elle est belle, blanche et fraiche. Une légère brume flotte sur les montagnes. Je sens mon cœur vibrer dans ma poitrine, je suis heureux. J´ai enfin deux chiffres à mon age. Je me rapproche du monde adulte.

Plus tard je veux être archéologue.

En même temps j´ai compris, même si on ne me l´a jamais dis, que je suis différent, j´ai des capacités et dans ma tête il y a des tonnes d´idées.

Un jour ma mère m´a dit que ce qui rendrait le monde meilleur, le sauverait c´est d´inventer une batterie pour stocker l´énergie, car on ne sait pas faire. C´est pas très clair dans ma tête mais ça m´inspire cette idée.

Cet hiver il a fait tellement beau que la cuvette est devenue un brouillard piquant et opaque. Le dernier jour elle s´est mise à pleurer, elle ne comprenait pas que les voitures soient autorisées à rouler ou que le voisin fasse du feu. Quand elle ne comprend pas ma mère elle bug et elle pleure. Par chance juste après il a plu.

351 mars 14 février 2017

Nous évitons encore un carnage.

360 mars 23 février 2017

Ils m´ont tirée au sort pour participer à l´assemblée des mille, celle chargée de la rédaction de la constitution. Bel honneur ! Ce sont les copains de Paris qui m´ont envoyé le message pour me le signaler, ils se demandaient si ce n´était pas une homonyme, ils ont dit que je pourrais participer à la commission scientfique, ou bien à la commission de refondation sociale, et ça fait envie ! Les travaux commencent le mois prochain, je suis indemnisée (et bien !), on trouvera quelqu´un pour faire mon boulot. C´est ce qu´ils disent et je suis sûr de la bonne volonté de la République à mon égard. Reste un petit souci, un rien du tout, un détail sur la belle image. Je suis actuelllement en hivernage à Concordia, Antarctique, et le dernier avion a décollé hier. Est-ce qu´on va pouvoir faire ça par Skype ?

361 mars 24 février 2017

Cette matinée-là, la mère noël mourut. Ce matin-là, un ministère rendit l´âme. Ce jour-là, une carriole brassa du vent. Ce matin-là, les pigeons chièrent de partout. Ce jour-là, on avait vu le fantôme de Léo Ferré hurler "Liberté ! " aux passants de la rue Allende. A ce moment-là, un lutin bleu mangea un âne. Une femme brisa un homme. Ce jour-là, je revis cette lumière dans l´azur et ce fut un peu de l´enfance perdue que je retrouvai comme un billet de 50 euros au fond d´une poche. Cette après-midi-là, un homme mourut. Ce jour-là, les autoroutes étaient bloquées. Ce soir-là, après le gavage télévisuel, je vomis toutes les images dans la cuvette des WCs. Cette nuit-là, Mozart se retourna deux fois dans sa tombe. Cette nuit-là, je ne dormis pas. Et quand se leva l´aube, je n´étais pas bien sûr qu´un nouveau jour arrivât. Les nuages tombèrent sur le siège de l´ONU. Cette année-là, le calendrier s´était emballé.

366 mars 01 mars 2017

Il y a des brèches partout maintenant.

Cela fait longtemps qu´on le sait.

Dans les sourires qui font la poésie de la rue,

Dans l´ordre mondial qui se pète la gueule,

Dans le défilé des techno hippies revenus de la Lune,

Dans la manif des derniers punks qui se débattent,

Dans le collectif hip-hop du chant des ruelles,

Dans le mur des hontes au fil de l´Histoire,

Dans les barricades qui ne faisaient pas peur à Gavroche.

369 mars 04 mars 2017

Au Plazza, on a aidé les femmes de chambre, elles font nuit debout depuis des dizaines d´années déjà. Puis à la radio, on les a fait parler, quelqu´un a proposé de les aider à revendiquer et à s´organiser, ça commence pas ne pas accepter d´être traités comme des esclaves. Après, on fera notre propre hôtel, le Chrone Plazza.

375 mars 10 mars 2017

Carnaval est revenu ! Les gosses en délire agitant leurs minettes vers les chars (des bonbons, des bonbons !), la foule bigarrée grimée ondulante au grès des convois, des "oh!" et des "ah" aux lanceurs de drapeaux. Tout pareil. Presque. Les voitures de police ont été remplacées par des chars à ressort, genre tête de carton-pâte qui grimace quand tu l´approches. Ils ont même remplacé les pickpockets et autres maraudeurs par des distributeurs de cafés, fait pas si chaud quand on n´est pas en plein soleil. Ils ne me manquent pas, ni les uns ni les autres. De toute façon, pour le prochain défilé, on a prévu avec les gosses de fabriquer notre propre "caisse à savon lanceuse de sucettes avec une grosse bébète qui rigole et des paillettes pour faire zoli".

389 mars 24 mars 2017

Sur des draps tendus entre deux piquets métalliques, ils ont écrit avec du sang de porc. “Abbat le gouvernement”, “Non à la chair à canon”. Une centaine de bouchers, désosseurs et sacrificateurs se dirigent vers l’Elysée. Mais impossible d’approcher. Il y a des herses et des blocs de béton dans toutes les rues. Et surtout, ce tank avec le canon pointé sur les ouvriers. Il ressemble à un matou obèse, qui fait sa sieste.

395 mars 30 mars 2017

Demain c´est notre anniversaire. On a fait une pièce démontée pour fêter ça. Une sorte de mille-feuilles de mots. Un gateau mille fois bon, mais quand même digeste.

396 mars 31 mars 2017

Déjà un an qu´on est planté là.

Pour fêter ça on a monté des stands, des spectacles, des actions fortes. Des pancartes anniversaires défilent, certains parmi les premiers Debout reviennent pour l´occasion. Gamelles bio, vin de l´amitié, on grossit les rangs, fois deux. Un gars à côté de moi rigole en disant qu´on a volé le pain des syndicalistes.

Mais les têtes sont fatiguées, lessivées, les slogans à peine visibles. Les acharnés continuent d´occuper le quartier de l’Hôpital Saint Louis, depuis que Lordon y est hospitalisé "sous bonne garde".

Sur mon smartphone je regarde le fil de l´actu. Personne n´en parle. Rien de neuf. J´apprends quand même que Joey Starr a fait des blagues douteuses à la Nouvelle Star, et que Finkelkraut a rejoint le parti d´Emmanuel Macron.

397 mars 01 avril 2017

Aujourd´hui c´est l´anniversaire du jour où le traditionnel poisson d´avril s´est transformé en pied de nez de mars. Sur les réseaux sociaux, un appel a été lancé pour un gâteau debout. Plus de 300 volontaires se sont signalés. Les participants n´ayant pu trancher au sujet de la recette, il a été décidé que le gateau debout serait la pièce montée de tous les gateaux qui parviendraient indemnes jusqu´à la Place. Grâce à l´appel "bougies debout" rassemblant 365 volontaires porteurs d´une bougie chacun, l´événement grand souffle debout poura avoir lieu au son de la chorale debout, entonnant pour la circonstance le désormais célèbre hymne de la place : on n´est pas rentré chez nous. Rassemblement des gateaux prévu ce soir 19h au pied de la statue. Grand souffle à 20h.

399 mars 03 avril 2017

l´homme venu du futur parlait lors de l´assemblée générale, son discours plein d´emphase avait galvanisé la foule présente : " je sais que cela parait fou disait-il dans un français parfait, mais je viens de l´année 2042 et il faut que vous sachiez qu´ il n´y a plus d´Europe, plus de France, rien qu´un gouvernement mondial dirigé par des businessmen - le mouvement Vie debout n´existait pas dans mon passé, mais un beau jour tout le monde s´est mis à se réunir spontanément dans la rue malgré les interdictions... vous comprenez ce que ça veut dire ?! continuez la lutte ! continuez à ..." Dans un flash de lumière rouge trois policiers temporels apparurent sur la place. L´homme du futur était visiblement apeuré de les voir. "Vous êtes en état d´arrestation !" Les trois policiers lui tirèrent dessus sans sommation. L´homme du futur tomba à terre. Son corps fut secoué d´horribles convulsions. Les trois policiers repartirent comme ils étaient venus. Une fois de retour à leur base, leur grand chef leur dit : "vous avez échoué..." / "comment ça échoué ?, dit l´un des policiers, il est mort devant nous..." / "Il est peut-être mort, continua le grand chef, mais vous n´avez pas pu l´empêcher de faire son discours, maintenant ils savent qu´ils sont entrain de changer l´avenir..."

400 mars 04 avril 2017

Ici l´aube se lève. Là-bas la nuit tombe. Nous échappons de justesse aux bombes.

404 mars 08 avril 2017

L’Internationale Erroriste proclame un jour de l’erreur-système. Le lendemain, elle s’excuse dans un communiqué : elle s’était trompée de jour.

405 mars 09 avril 2017

Erreur 405. Revolution not found.

408 mars 12 avril 2017

On a fait l´amour au milieu du chaos. Souviens-toi des caresses.

416 mars 20 avril 2017

La nouvelle était tombée : Les flics sont des robots ! Un informaticien fou avait trouvé le moyen pour les "déconnecter". C´était un drôle de spectacle dans les rues. Des hommes et des femmes en uniformes qui tombaient à terre. /// Moi je m´en doutais. Et Ali aussi s´en doutait. On le disait aux autres mais on ne nous croyait pas. Maintenant tout le monde se rendait à l´évidence. Si les flics étaient des robots, et nous alors ? On commençait sérieusement à s´inquiéter quand on a vu des camarades s´évanouir dans les camps, comme si on les avait éteint. La journée s´annonçait longue.

417 mars 21 avril 2017

ce matin, tous les réseaux sociaux sont inondé de faux tweet. il y en a tellement qu´il est devenu complétement impossible de demeler le vrai du faux . Marine cite les paroles de l’internationale , Juppé déclare vouloir sortir au plus vite du capitalisme .les journaliste de BFM TV racontent tout et vraiment n’importe quoi . c’est tellement simple a faire que tous le monde s’y est mis, sur l’exemple d’un gamin de 17 ans . Dans les rédactions, c’est le chaos intégral. Inondé d’information contradictoire, libération décide ne plus rien relayer du tout. à 12h30, la situation est devenue tellement intenable que le gouvernement a tout bonnement decidé de rendre le site inaccessible jusqu’a nouvel ordre. Sur terre, on respire un peu.

418 mars 22 avril 2017

Error 418 – I’m a Despote^WDeathpot^WTeapot

419 mars 23 avril 2017

Lordon aurait pris les armes et rejoint le maquis. Il reste introuvable mais tous les CRS du pays se sont juré de lui faire la peau.

420 mars 24 avril 2017

Ça y est, Lordon est mort.

Manuel Valls salue "un homme de caractère et de conviction" tandis que Jean Luc Mélenchon pleure "le rassembleur que j´ai toujours souhaité être". Emmanuel Macron n´a rien à déclarer.

J´ai peur pour l´avenir. J´hésite à rentrer chez moi.

420 mars 24 avril 2017

les résultats du premier référendum électronique en France sont sans appel. À la question; "Êtes vous pour ou contre la légalisation des drogues douces", les Français ont utilisé leur smart phones en masse (91% de participation) pour répondre POUR, à 68%. Tous les messages seront analysés pour comprendre la motivation des Français et mettre en place une loi en conséquence. Prochain référendum électronique le 505 mars, "Pour ou contre l´Euthanasie".

421 mars 25 avril 2017

Les dés sont jetés ? Pas de problème. On a encore quelques atouts dans la manche au cas où…

422 mars 26 avril 2017

La partie est annulée? Pas de problème. On a trouvé un libre arbitre : à lui de jouer.

434 mars 08 mai 2017

Second tour de l’Élection Présidentielle. Le Mouvement Blanc Profond occupe par surprise 2024 bureaux de vote partout en France et refuse de livrer les urnes. Les résultats ne peuvent pas être proclamés. Marine Le Pen hurle au viol démocratique et au complot juppéo-macronique. Alain Juppé, assuré de gagner, devient plus blanc qu’un tract de Blanc Profond. Dans une guerilla homérique, la police parvient à libérer les bureaux de vote mais toutes les urnes ont brûlés. L’Élection est invalidée, Hollande reste président par interim, fantôme et fantoche, la rue prend le pouvoir. La sixième République est en marche.

436 mars 10 mai 2017

Ils essaient, en vain, de nous interdire les plaisirs de la vie. Ce soir on emmerde le monde, c´est vendredi soir et chacun a dansé sur de la Cumbia endiablée. Le sous-sol de l´ancien Carrefour est suffisemment insonorisé pour que les danseurs puissent se déhancher et que les buveurs buissent s´assoifer, sans qu´aucune milice à l´extérieur ne soit informée de nos émotions présentes.

439 mars 13 mai 2017

Ccrrrrrrr! Tel était le bruit strident de la friction de de ma craie usée sur le mur ou je marquais précieusement le nombre de jours d’oppression supplémentaire que nous passons. Pour ne pas me perdre je les regroupaient par cinq, puis à force j’avais finit pas les regroupés par centaines en les entourant. Bientôt une demi-dizaine de ces regroupement se trouvaient sur ce mur, à tel point que je m´était résolu à changer de mur si les choses ne changeant pas. Je prend une pomme de mon panier à fruit qui se trouve sur la table à droite de mon mur, je regarde l’heure, 9:43 le rassemblement quotidien a déjà du commencer. Je cours autant que ma jambe droite amochée par les crs me le permet, tout en mangeant ma pomme juteuese, qu’elle est bonne! Peu après 10 heures je rejoins le rassemblement qui me fait savoir qu’aujourd´hui on prépare l’aide pour faire tomber un des derniers politiciens avare de pouvoir cloîtré dans sa villa gardée par des chiens et par des féroces crs enragés. Aveuglés par ses promesses non tenues comme à l’ordinaire il ne se rendent pas compte de la supercherie et, si il ne trouvent pas raison je me batterais au prix de ma vie pour que mes frères vivent dans la paix. L’offensive devrait avoir lieu d’ici quelques jours, j´espère que je n’aurais plus à compter les barres sur mon mur d’ici là. Tom JEANNOT

440 mars 14 mai 2017

François Pupponi a été nommé président à vie de l´Agence Nationale de Rénovation Urbaine par décret du Ministère de l´ Égalité des territoires et de la Police de la Laïcité. Des discussions sont en cours entre l´ANRU et l´Assistance Publique des Hôpitaux de Paris afin d´étendre aux questions de santé publique les méthodes qui ont fait leur preuve en matière de rénovation urbaine. Depuis les premières opérations de l´ANRU 1, rappelons qu´ alors que les inégalités sociales ont augmenté de manière continue, leur visibilité a décru en raison inverse. La démolition et la reconstruction de centaines de milliers de logements sociaux a permis de faire disparaître les traces visibles depuis l´espace public de la misère sociale. Les grands groupes du bâtiment et les travaux publics ont pu voir leurs activités financées par des budgets sociaux initialement destinés à des personnes physiques ne créant pas d´emploi. Fort de ces résultats François Pupponi a proposé de s´attaquer aux concentrations grandissantes de personnes malades dans les hôpitaux publics liées à l´accroissement de la pauvreté et du vieillissement de la population en utilisant le même mécanisme. De même que l’inégalité du territoire et la ghettoïsation des quartiers créent la pauvreté des habitants de même le regroupement d´individus dans des hôpitaux publics les affectent et les rends malades. D´où la solution évidente :démolir les hôpitaux pour guérir la population.

442 mars 16 mai 2017

Ccccrrrrrr! 442, j’ai reconté deux fois pour bien être sur. Le dernier est maintenant dans le royaume de cerbère, notre offensive à bien été menée à bout. Joie de cette victoire éclatante et tristesse de la perte de Max, bras levés pour négocier avec les chiens du dernier politicien qu’il restait, il ne voulaient pas nous écouter, comme quoi les mots sont des balles pour peu qu’on sache quoi dire, leurs armes aussi on eu leur mot à dire et on couper la parole à Max qui n’a pas résister et qui y est rester sur le carreau une fois mis dans le brancard. Demain un hommage lui sera rendu et la médaille de combattant libertaire lui sera remis à titre posthume. Il n’en aurait pas voulu Max ! Il voulait juste vivre dans un monde meilleur, pas vivre dans un autre monde. Le référendum pour la décision des pays à aider dans leur lutte de manière prioritaire aura lieu demain. Je commence un autre mur. Tom JEANNOT

444 mars 18 mai 2017

La nouvelle a été annoncée ce matin. Le vieux Jean Marie Le Pen est enfin décédé dans son lit, comme ça sans prévenir. Son domestique entrait lui apporter son petit déjeuner et son exemplaire de Rivarol fraîchement édité et l´avait trouvé éteint, l´oeil clos, parti dans son sommeil rejoindre les terrains de chasse de ses ancêtres hyper-boréens.

La Place de la République avait accueillit l´événement dans un partage de liesse et d´indifférence. Les débats se poursuivaient et j´étais surpris de voir que l´attention restait concentrée sur les propositions et le travail des ateliers alors que ceux qui fêtaient bruyamment l´événement étaient plutôt minoritaires, isolés et franchement saouls.

En revanche, les illuminés du collectif Aube debout, eux, ne parlaient que de ça. Car ils ne savaient que parler du passé en fait.

Rassemblés sur la place du Trocadéro, ils cherchaient à créer un contre pouvoir à la Nuit debout. L´éviction retentissante d´Alain Finkielkraut avait renforcé leur conviction que leur place n´était pas ici. Et que le mouvement, qu´on le veuille ou non, resterait ancré à gauche. Définitivement.

Alors, ils devaient proposer leur monde à eux et rassembler leurs troupes et leurs idées avant d´être définitivement balayés.

Les deux pôles se repoussaient naturellement et leur cohabitation, d´un bout à l´autre de Paris, se passait pour l´instant sans incident. Les provocations étaient ponctuelles et n´avaient pas de conséquence. Mais l´ambiance restait tendue. On sentait que n´importe quoi pouvait tout faire sauter d´un seul coup.

La mort du vieux patriarche, symbole du traumatisme d´un échec de la démocratie en général et de la gauche en particulier au tout début du vingtième siècle, de vieux réflexes culturels et ethniques racistes, colonialistes, complotistes et anti-sémites, semblait clore enfin une époque d´épuisement et de dégradation continuelle de la démocratie à la française.

La libre parole d´Aube debout me paraissait être la logorée incontrôlable de l´agonie non-réalisée du vieux breton. Toutes les pires utopies d´une extrême droite morbide s´y donnaient libre court. Qui aurait cru ça possible aujourd´hui?

Combien de temps encore y aura t´il de la place pour ces deux pôles opposés? De quel côté la balance penchera t´elle? Combien de temps avant l´affrontement final de ses pôles irréconciliables et l´écroulement définitif du château de cartes des partis politiques?

Ce soir quelques vidéos de mauvaises qualité partagées sur le net semblent attester qu´une soucoupe volante aurait été aperçue au dessus du désert australien ....

450 mars 24 mai 2017

Ici l´on sent la chaleur des flammes mais cela pourrait être pire. Nous évitons encore un drame.

456 mars 30 mai 2017

Cueillir des cerises.

456 mars 30 mai 2017

Avoir des idées est dangereux. Si vous n´avez pas de permis pour communiquer, inutile de sortir de chez vous pour participer à des débats citoyens. Seuls les membres de l’État sont autorisés à y participer. Le reste de la population est dépendante de la radio, de la TV ou d´Internet pour s´informer. Mais les nouvelles sont faussées puisque seules les "informations officielles" ont le droit d´être diffusées.

Au petit matin, place de la Libération, les manifestants se sont fait tués par la police qui ne discute plus qu´avec les armes. En début d´après midi, place de l’Étoile, on a massacré d´autres manifestants "par principe" dixit le chef de la police. Le Président s´est exprimé en fin de journée : "tout va bien, nos intérêts sont protégés... je suis serein face à l´avenir." Les élites n´ont jamais été aussi aveugles, aussi imbibées de cynisme. Dans la soirée, une explosion ravage la moitié du Parlement Européen. L´attentat est revendiqué par les martiens qui sont exploités depuis cent ans pour la richesse de leur sol. Aucun communiqué dans les médias. Le silence est d´or. Demain est annulé.

460 mars 03 juin 2017

Le mouvement de désautomatisation s´étend. Cette fois-ci, toutes les écluses de France sont sabordées et occupées par un groupe appelé "Le contre-courant". La flotte fluviale est immobilisée à quai. Inusités, les bateaux-mouches des canaux parisiens accueillent alors des cours de la Nouvelle université populaire Montreuil-Saint-Ouen. À Lyon, plusieurs luxueuses péniches ont été taguées "La Croisière s´abuse."

465 mars 08 juin 2017

Essayer d´articuler la tentative de mettre en forme et de poser l´éventuelle possibilité d´un projet de société. On en est là...

476 mars 19 juin 2017

A ma fille - E.P

Lorsque l’enfant était enfant, ce fut le temps des questions suivantes :

Pourquoi suis-je moi et pourquoi pas toi ?

Pourquoi suis-je ici et pourquoi pas là ?

Quand commence le temps et où finit l’espace ?

Vingt heure. quatre cent soixante seize mars.

Tandis que dehors tout ça se passe... Tu te souviens.

Etendue, tout près de nous, le lait sucré qui humectait tes lèvres, ce contact primordial qui te rassurait tant, cette petite patte qui venait frôler les nôtres. Il y avait aussi ce sourire, ce sourire si léger, mais si profond à la fois, découvrant tout juste qu’il était un seuil pour découvrir l’autre. Je suis sûr qu’il en est toujours ainsi.

Il y avait maman, qui te chérissait tant, qui savait à quel point les jours passés dans ses bras contenants t’aideraient à penser ces chemins inattendus, t’aideraient à ce qu’ils deviennent moins inconnus. Il y avait papa, si balbutiant, si étourdi, qui te chantait de vieilles histoires, jolies rengaines, qui s’émouvait de tous tes cris, rires et chagrins. Et il y avait aussi «les autres », ceux qui n’étaient pas « nous », qui étaient si différents, mais finalement si proches – des cheveux, des yeux, une bouche, un sourire - et qui te plaisaient donc tout autant. Je suis sûr qu’il en est toujours ainsi.

A chaque musique, tu avais le désir d’une musique encore plus saisissante, à chaque dessin, le désir d’un dessin encore plus frappant. Tu découvrais les habitudes, ce sourire du matin, cette voix si rassurante, ce sein si bon et réconfortant ; savourais les surprises, ce chat qui te mordillait la main, ces couleurs et ces bruits si étonnants, ces airs si émouvants ; t’imaginais certainement déjà créer et résister. Je suis sûr qu’aujourd’hui, il en est ainsi.

493 mars 06 juillet 2017

Le gouvernement fait passer en force de nouvelles lois sécuritaires. D´immenses grèves et manifestations sont organisées de partout dans le pays. Réprimandées à grand coup de gaz lacrymogène, de matraques et de taser. On étouffe l´affaire dans l’œuf. De moins en moins de personnes s´aventurent dehors. Le couvre feu est établi à 19H30 depuis trois mois. Mais certains héros anonymes tentent encore de sauver les idéaux humanistes en allant dessiner dans les rues.

Je les aime bien les dessins en bas de chez moi. Il y en a un qui représente une colombe. Mon grand père m´a dit que c´était le symbole de la paix. Je sais pas trop ce qu´il voulait dire par là. J´ai jamais connu autre chose que l´état d´urgence. À une époque, peut-être que ça valait le coup de vivre. Maintenant faire un dessin sur un mur peut vous valoir la peine de mort. Il est beau ce dessin en bas de chez moi. Cette colombe pleine de grâce. Mais la tache de sang à côté témoigne de la brutalité de l´arrestation. Où l´ont-t-il emmené, ce graffeur plein d´audace ? Là où il est il ne peut sûrement plus dessiner. Alors je rajoute un cœur à côté de la colombe. Et voici que la police de la pensée débarque. Ils sont quatre. Inhumains avec leurs casques noirs opaques. Avant qu´ils ne m´attrapent j´écris le mot Poésie. J´aperçois la concierge de l´immeuble qui ferme ses volets. Elle sait ce qu´il va se passer et elle ne veut pas voir ça. Puis le coup de matraque me fait tomber au sol. Ils me passent les menottes puis me jettent dans leur camion. C´est le prix à payer pour rester libre aux pays des droits de l´homme...

494 mars 07 juillet 2017

Je me sens seul-sur-mars. Me déplaçant de monde en monde. Y croisant des galères en plein naufrage. Les passants sont des ombres. Seules certaines se détachent. Opaque. Bizarre. La rue semble sans fin. Nous ne sommes que des passagers du vent. J´ai l´impression de ne croiser que des mirages. Les camarades rencontrés sur la route ont disparu. La solitude m´envahit. Je devrais écouter du gros son pour tenir. Je presse le pas sans savoir pourquoi. L´air chaud me fouette la peau. Un faible rayon vert s´engage sur le boulevard. Un courant d´air claque la porte. Je longe le fleuve. J´accueille le ruisseau. Je touche du bois. Je manipule des mots. J´écris la liberté sur un bout de carton. La rivière se laisse aller. L´ondine tombe, goutte par goutte. Voilà ma/ta vie. Je pourrais hurler face au miroir. Pleurer sur le goudron. Rire et danser dans des bras de pénombre. Pour faire savoir au monde que nous sommes là. Les solitaires qui errent sur les sols désertés. Je me sens seul-en-mars. Nous ne sommes que des passagers du vent. Nous ne sommes que ce que fait la poussière. Mais il suffit d´une main dans une main. Seul-sur-mars. Seul-en-mars. Mais ensembles, pour l´amour de l´Homme, ensembles.

499 mars 12 juillet 2017

Le festival de musique pronait la paix et l´amour. Il dura une demie-journée et se termina dans le sang. Des milliers de festivaliers étaient devenus totalement dingues à cause d´une nouvelle drogue de synthèse. Il y eu des femmes violées dans la foule. Il y eu de nombreux bléssés dans d´immenses bagarres incontrolables. Des tours d´enceintes furent brûlées. La scène fut prise d´assault par des jeunes enragés. Les agents de sécurités étaient débordés. Et puis des bombes furent lâchées sur le site. Il n´y eu aucun survivant. Et tout ça fut diffusé en direct à la TV et sur Internet. C´était la fin d´une utopie. Nous pensions avoir évité le pire. Nous pensions que c´était ça grandir...

500 mars 13 juillet 2017

Fiat annonce la conversion de la totalité de sa gamme en voiture électrique et l’investissement massif dans les routes solaires. Fiat Lux !

501 mars 14 juillet 2017

Deux réunions ce même jour. Il a fallu scinder le groupe. Quand on touche à l’argent, la prudence vaut. Belleville, au sous-sol d’un bistrot sur la place.... et Glacière, dans une loge désaffectée au 19, rue.... Les deux équipes planchent sec sur les fintechs sous la houlette d’anciens de la banque. Il y a là plus d’ordinateurs que d’humains. Le réseau passe mal au sous-sol. Chaotique mais les gens ont le désir et la hargne d’apprendre, surtout Marie, Tyana, Romain, Fahd et Kallias - les premiers à avoir adhéré à cette action cinglée, démesurée ! Après sept heures d’immersion, l’enthousiasme grippe, les têtes pannent. « Tu crois qu’on y arrivera ? Qu’on aura un jour l’accès ? » « On en a déjà discuté... » « Les banques ont tout externalisé. C’est par les tuyaux qu’on peut passer. STET, SWIFT, LCH-Clearnet, Euroclear... » « Les meilleurs morceaux ! » « On verrra après. Faut s’outiller. Le premier pas, c’est de savoir trouver ce que l’on cherche. » En fin de journée, les deux groupes se lâchent. Pliant le matos, tout le monde se donne du « FinSpecteurs », du « FinQuêteurs ». Tyana propose CLIC, Collectif libre d’inspection du capital. Bien cinglés les aminches ! Ça ! Assez pour s´y remettre tous, trois fois la semaine. Fin du programme dans 200 jours.

502 mars 15 juillet 2017

Ca y´est, on est enfin tous d´accord ! Tout comme certaines professions respectables, les élus, désormais ne pourront accéder à leur poste en cas de casier judiciaire non vierge ! Pourquoi ça n´avait pas été mis en place ?... Le changement va être radical. Sont-exclus sur le champs tous les élus dont le casier est souillé, même de petits larçins sans importance.

Et la nouvelle vient de tomber, 71 % des élus dégagent ! C´est énorme ! Nous avons été aveugles pendant si longtemps.

Objectif, atteindre le 1000 mars pour enfin écrire une constitution qui nous ressemble.

Il faut faire aussi en sorte que l´argent dépenser pour chercher en vain l´existence d´autres planètes serve plutôt à trouver les manières de vivre dans le bien-être et l´équilibre sur la nôtre.

Quelque chose me dit que la première moitié du chemin est désormais derrière nous...

504 mars 17 juillet 2017

Je suis allé dans la horde. J´ai vu des âmes en proie aux griffes du cynisme. Trop lourd j´étais, trop faible. Je n´ai pas pu les rattraper. Avec les pieds sur terre, le vent dans les plumes, ouvrons nos bras à l´unité. Donnons-nous une chance de nous rendre forts.

512 mars 25 juillet 2017

Je me connecte sur le portail Republique.org. Je clique sur l’onglet « Projets de lois » : l’écran affiche une liste de propositions classées par thèmes, sous-thèmes et/ou par état d’avancement. Les projets surlignés en jaune sont ceux qui ont obtenu un avis d’intérêt préalable par plus de 500 000 e-citoyens – est citoyen tout homme et toute femme de plus de 18 ans domicilié(e) en France et à jour de ses obligations fiscales. Les projets surlignés en vert sont ceux qui sont actuellement en cours d’examen par des commissions parlementaires dont les membres sont tirés au sort parmi les citoyens. Je clique sur l’un de ces projets, pour consulter les comptes rendus des travaux de la commission ad hoc concernée. J’apprends que la commission a décidé – pour éclairer sa réflexion - de constituer un panel d’experts paritaires et transdisciplinaires qui peut rendre des avis mais n’a aucun pouvoir décisionnel. Je consulte la liste d’experts proposés et envoie un message pour suggérer un nom supplémentaire. Je reçois aussitôt un mail m’informant que ma proposition sera étudiée lors de la prochaine session et que la commission me fera un retour sur la décision prise. Satisfait, je poursuis ma consultation en cliquant sur une proposition surlignée en orange : un projet de loi presque abouti, que la commission qui l’a préparé soumet pour avis à un panel élargi de 3 millions de e-citoyens. Je n’ai pas été tiré au sort pour ce panel donc je ne peux intervenir mais la consultation des travaux en cours me permet d’affiner ma réflexion. Je clique enfin sur une proposition surlignée en rouge, soumise au vote de l’ensemble des e-citoyens. Je télécharge le texte de la proposition de loi, avec ses diverses annexes (avis du panel d’experts, avis du panel citoyen élargi, avis du conseil constitutionnel, etc.). J’ai 45 jours pour étudier ces documents et préparer mon vote, qui doit intervenir avant le 557 mars à minuit. Quarante-cinq jours pendant lesquels divers groupes d’intérêt vont tenter d’influencer ma décision, bien sûr… Heureusement, j’ai configuré mon pare-feu et mes logiciels anti-lobbying pour blacklister les groupes d’intérêt les moins transparents. Et je peux compter sur les médias indépendants que j’estime de confiance pour m’aider à décrypter les enjeux les plus importants.

513 mars 26 juillet 2017

Cela se passe soudainement. J´acquiers des pouvoirs inhumains, surnaturels, comme si j´étais un dieu. Je suis à ce moment-là en manif Nuit Debout. Je change en eau glacée les premiers flics qui s´avancent vers nous. Sans le faire volontairement, j´élimine aussi quelques manifestants. Une immense lassitutde m´envahit : à quoi bon rester ? Je quitte la Terre. Je me téléporte sur Mars. Je ne reviendrai jamais là-bas. Je soupire. Je marche sur le sol martien. Je laisse errer mes pensées sur ces cratères, sur ces massifs rocheux. Je pense à l´Humanité.Tant de prétention, de bassesse. De passion ou de sagesse. Tant de violence dans nos portes verrouillées. Tant d´amour. Tant de fraternité. Tant de haine. Tant de peur. Tant de destruction. Tant d´insignifiance. Dois-je continuer ? Tant de raisons pour ne plus y croire. Tant d´illusions. Tant de temps perdu. Tant de souffrance inutile. Je ne reviendrai jamais. J´étends les bras. J´use de mes pouvoirs de dieu. Je m´envole. Dans ma bulle. Dans mon monde. Pour celui des naufragés, je n´ai qu´indifférence.

517 mars 30 juillet 2017

Les violence policières étaient quotidiennes. Mais sur les places les militants étaient toujours là. Le gouvernement envoyait ses troupes afin de faire tomber la pression. Mais dans toutes les villes de France, le peuple voulait reprendre le pouvoir. Une nouvelle Constitution avait été adoptée par les citoyens. Deux forces cohabitaient. L´ancien gouvernement et le peuple debout. C´est ce jour-là qu´éclata la Guerre. Les rues étaient gorgées d´espoir malgré les combats. La police et l´armée eurent raison de nombreux militants. En début d´après midi, on pensait qu´on était fini... Mais les martiens arrivèrent avec de grandes banderoles "nous sommes amour" et se rallièrent à notre cause. Leurs armes étaient plus efficaces que celles des policiers et des militaires. Sans leur aide, il est évident qu´on n´en serait pas là aujourd´hui.

// Et à des millions et des millions de kilomètres de la Terre, une sonde automatique poursuivait sa course à travers l´espace, indifférente au vacarme qui régnait sur sa planète d´origine... //:

528 mars 10 août 2017

On cueille tout.

On est capable d’être assez cons pour encore se rendre visite À PIEDS, et sous la flotte même, parce que c’est bon la flotte ! C’est vertical, et c’est un vertical qu’on peut tutoyer ! Merci.

535 mars 17 août 2017

En ce 535ème jour de Mars, dans les volutes de fumées et le chaos ambiant du Laboratoire des Idées, une chose plus que surprenante s´est produite. Un phénomène physique inexpliqué de par sa nature et son ampleur a commencé à se répandre. Désormais les ombres avaient un poids, une action réelle et palpable s´exerçait sur certaines personnes se trouvant sous leur emprise. Étonnamment, tous n´y étaient pas sujet de la même façon. Si Ceux d´En Haut ont très rapidement fini aplatis, écrasés soudainement sous le poids nouveau des ombres du bâtiment où ils se trouvaient, pour terminer en une masse informe écarlate, ce phénomène ne touchait pas Ceux d´En Bas. Ainsi en moins de 12 heures de panique la plus totale, au travers des médias et des infosphères, la nouvelle s´est répandue que plus de la moitié des Hauts avaient succombé au milieu de leurs villas ou de leurs tristes sociétés cubiques. Les autres Hauts qui avaient eu la chance d´être informé à temps se sont réfugiés dans les faubourgs, les plaines ou les champs, loin de tout bâtiment et de leur ombre létale, sous le regard mi-inquiet mi-amusé des Bas. Alors que s´égrainaient les minutes a la recherche d´une explication et d´une solution à ce problème, une question taraudaient Ceux d´En Haut qui voyaient poindre le crépuscule et sa noirceur fatale : "Qui survivra a cela? Qui passera sans encombre la nuit, debout?" V.G

550 mars 01 septembre 2017

On était habitué aux attentats. Bombes, camions, tireurs fous, etc. La vie suivait son train fantôme. Encore un désastre d´évité, pensions-nous à la vue des corps fumants sur le trottoir...

555 mars 06 septembre 2017

Je crois. Ou bien 556 ? J´essaie de tenir le compte, de garder vivant notre agenda marsien, je trace des bâtons sur le mur, comme les taulards dans les histoires. Sur nos affichages, dans nos têtes et jusque dans les tags lumineux maintenant vendus par Decaux, c´est encore, ce matin, le 1er avril qui commence. Le 1er avril chaque nouveau jour, comme un mauvais running gag. Moi aussi j´ai d´abord fait des blagues à base de Bill Murray, de marmottes, de jour sans fin. Moi aussi j´ai fini par m´en lasser "Autant de 1er avril qu´il faudra" : la une du Figaro n´a pas changé depuis des mois. Je commence à avoir froid.

565 mars 16 septembre 2017

L´orbite de la planète X Nibiru, détectée officiellement en 2016, se confirme...Elle passera entre la terre et le soleil sous peu...Cette découverte inquiétante survient tandis que l’activité des tempêtes solaires est également en forte progression cette année. Ces éruptions solaires menacent sérieusement d’interférer avec les communications par satellite et GPS, sans parler des risques croissants d’impulsions électromagnétiques qui pourraient être fatales pour le réseau électrique, plongeant instantanément des milliards de personnes dans le noir, sans aucune source d’électricité pendant des mois, voire des années.

La diminution du champ magnétique a pour effet de doubler l’exposition aux radiations solaires, entraînant une épidémie de décès dus au cancer de la peau, une accélération des changements climatiques, et une progression des conditions météorologiques extrêmes.

Un hashtag #NibiruDebout est créé pour déterminer si les gens sont pour ou contre la fin du monde...

567 mars 18 septembre 2017

J´ai plus rien à me mettre. Ma penderie fait la gueule. Je fous tout ce qui met le blues dans un de ces grands cabas échangeables à vie par Carouf. -La grande distribution n´existe plus mais j´ai encore un de leur sac ;p ! - Il me plaît bien celui-là, il est décoré avec des grosses fleurs orangées. Mona lui a cousu quelques fleurs en tissus en plus, je l´adore. Je pianote sur ma console domestique "JadeOr", les derniers dessins de la créatrice de vêtement s´affichent sur sa page d´accueil. J´envoie une demande sur le réseau d´échanges local et parts me faire bouillir de l´eau. La notification me surprend juste après ma douche. Mona est disponible pour me faire les trois robes qui me font envie.

En passant à l´espace FestiDoni du quartier, pour poser mes vieux habits, je repère un magnifique gilet à capuche rouge. Les petites fées de l´atelier ont brodé les manches qui devaient être trouées. j´adore les papillons qui virevoltent tout autour de mes poignets quand je la passe. Je l´emporte avec le sourire de Manu qui enregistre mon échange. Mon Lien vibre dès que je me mets en mode travail. Phil s´est encore bloqué le dos ! J´accepte la mission sans hésitation même si je sais que Louisa se connectera sans doute dans quelques minutes. J´enfourche un vélo commun devant le magasin d´objets réutilisés et descends jusque chez Phil pour lui faire les quelques manipulations dont j´ai le secret. Ensuite je passerai voir mes patients habituels. Il y a beaucoup de personnes âgées dans mon quartier. Ils ont plus besoin de parler que de se faire masser mais je sais faire les deux :)).

568 mars 19 septembre 2017

Cinq sans 68. Ca faisait un paquet de décennies depuis la dernière fois. Qu´est-ce que ça fait du bien ! Du bien commun. Un bien fou. Bien plus loin.

586 mars 07 octobre 2017

J´évaste loin du filtre pop de la cyber modernité

587 mars 08 octobre 2017

Le T9 m´agace

Ma cyber-life est en stand-by

600 mars 21 octobre 2017

La planète X Nibiru est désormais visible par tous, les masques tombent...L´élite mondiale se volatilise dans des bunkers souterrains afin d´échapper au cataclysme imminent qu´ils ont caché et envoie ses chiens de gardes militaires et policiers pour contenir les masses qui se révoltent partout sur la planète le temps que les Annunakis emportent les élus connaissant le savoir des anciens batisseurs vers un nouveau cycle cosmique.

601 mars 22 octobre 2017

Les vendeurs de légumes se sont fait arrêtés devant nous. On n´a pas bougé sinon on était cuit. Alors on a regardé le spectacle comme tout le monde. Les coups pleuvaient sur les pauvres fermiers. Et l´on se rassurait. On l´a échappé belle. Encore un peu et c´était nous...

602 mars 23 octobre 2017

Les frontières poussent et repoussent partout.

On arrache tout. On a tout arraché.

Il n’y a plus de frontières.

Et je plante un cerisier.

603 mars 24 octobre 2017

Le président (j’ai oublié son nom) saute en parachute.

604 mars 25 octobre 2017

Le parachute (j´ai oublié la marque) a échoué à sa tâche.

618 mars 08 novembre 2017

Des drones, encore des drones ! Ces foutues vibrations ! L´angoisse. On est tous devenu les chiens de Pavlov... VVVBBBRRRRRRR = un bon pour un tabassage dans un commissariat et plus dans ta nuque si affinité. Hier Julie m´a balancé en rigolant : "Tu fais vibrer mon cœur comme une nuée de drones un jour d´émeute." Au moins maintenant, je penserai à elle en les entendant. Créer des espaces supportables, la pioche dans une main, la plume dans l´autre. La poésie de la lutte...! Et merde je délire, vla´ que je m´imagine vivre une putain de romance !

619 mars 09 novembre 2017

Des fauconniers écolos dressent leurs rapaces pour attaquer les drones de la police. Lors d’un rassemblement, les oiseaux récupèrent les policopters dansserres et les ramènent à des hackers qui les reprogramment pour filmer les tactiques des keufs et enregistrer les abus. « Ya qu’à pas, Faucons » est le motto du mouvement.

620 mars 10 novembre 2017

Il n’en fallait pas plus à la police pour déployer ses drones de combat. Les puissantes machines de l´État déchiquettent les ailes, brisent les ailes et les serres aguerries. Les rapaces des NuitDeboutistes tombent en masse, c’est une nuée de plumes et de sang qui s’abat sur les places occupées, dans toutes les villes de France. Les antispécistes ne sont pas les seuls à verser des larmes pour ces grands oiseaux massacrés, c’est un véritable carnage.

624 mars 14 novembre 2017

On a tout fait pour maintenir Agroville en vie. Le combat fut rude ce jour-là.

628 mars 18 novembre 2017

Le monde devient route. Le monde redevient monde, la marche redevient marche et l’horizon Horizon.

Les noms des villes planent ; ce n’est pas ça qu’il est bon de nommer. Les lieux sont subjectifs.

Comme il n’y a plus de frontières CQFD il n’y a plus de douaniers, la police des frontières est une faune décadente et mal rasée ; ce sont de vieux gardiens qui tiennent plus du veilleur que du flic - ils sont là ils ne savent plus pourquoi, mais ils recueillent la parole de ceux de celles qui passent, et la rendent au suivant.

Ils sont assis sur de pauvres chaises et ils t’adressent la parole, ou pas.

Tu les comprends, ou pas.

Tu t’arrêtes, tu passes, ils sont ta seule étape. Et ils ont vu ceux et celles qui t’ont précédé(e).

Ils te proposent un maté un raki une vodka, une clope un air de flûte, une blague un peu douteuse (mais d’un air entendu qui te fait marrer) un cri une étreinte, un regard comme si tu prenais part au secret (mais lequel?), un peu de leurs sardines à l’huile deux vers de Darwich une dernière rasade de thé noir et des cornichons russes, une chanson qui fait frémir le tissu de l’air, puis ils t’indiquent un chemin auquel tu ne comprends rien plus rien tu as tout vu et tu n’as rien compris et tu ne sais pas si tu as aimé mais il fallait bien en passer par là.

Tu passes, et tu cueilles tout.

Comme il n’y a plus que ces vieux pensifs moqueurs échevelés rieurs renfrognés sur leurs chaises pour toute frontière, pour seuls points fixes, le fleuve humain va de nouveau comme la vie qui va, comme un seul corps vivant, aimant, allant.

Il n’y a plus de documents, plus de papiers, plus de noms. Les noms flottent.

Qu’est-ce que tu nommes alors ? C’est sûrement autre chose.

Et l’Instant est plus fort que tout.

Et le Désir est le moteur.

641 mars 01 décembre 2017

L´EQUATION DU WAGON

Nous étions embarqués. Tout le monde était calme, mais sans l´être. Le calme s´affichait. Il n´existait pas. Le calme était une moindre fluctuation de la gueule, ou un coude bien accoudé. Tu bouillonnais dessous.

Mais le calme était un calme de référence. Tout le monde devait avoir cette surface-là.

— Oui… Bien sûr, mais…

Et donc là, on avait un paysage et on diminuait l´amplitude des excitations nerveuses. Chacun était un pilote intime de lui-même. Nous étions une civilisation de pilotes.

— Ah ! Mais… Non ! C´est toi qui le dis !

On diminuait également la fréquence des vibrations nerveuses. On transformait les hachures en créneaux et en courbes. En s´appliquant, une bouillie invraisemblable de hachures hachurées devient une courbe lisse. L´enveloppe du pudding criard dessine le calme.

Sur un bout, pas beaucoup. Les cassures sont obligatoires.

— ÉTEIGNEZ VOTRE PORTABLE, S´IL VOUS PLAÎT, MONSIEUR.

On s´applique, mais l´application n´est pas le calme. Le contrôleur intérieur mange une énergie folle. Le stock crie. Tout pilote surveille ses jauges.

— Si… On sera bien obligés d´en reparler... Mais si...

— QU´Il FERME SA BOUCHE, CE CONNARD !

— Je vous en prie ! Restez poli !

J´aurais aimé que Calme existe. Calme est un souvenir, un état de l´homme d´avant. Calme des profondeurs est un beau monstre, doux, énorme. Un monstre partagé. Tout le monde le mangeait.

— Ma pauvre petite… Qu´est-ce que tu crois ? Ils n´en voudront pas !

Les bouts de rage localisés n´attendent que ça. Une occasion pour former une onde.

— LE PORTABLE, Il FAIT DODO ! IL Y A UN DESSIN !

— Non… C´est rien, c´est…

— VOUS ÊTES UNE CRASSE ABSOLUE OU QUOI ?

L´onde est une vibration de concert. Enfin, nous partageons. Merde Absolue n´est rien d´autre qu´un partage.

— Mercredi, peut-être… Et encore...

— T´AS DÉJÀ VU ÇA, TOI ?

— NON ! JAMAIS !

L´agglomération de la rage produit un condensat. Le condensat se propage et agrège les rages de proche en proche. Les paquets d´ondes deviennent réels.

— VOUS FAITES CHIER, MONSIEUR ! ÉTEIGNEZ TOUTE DE SUITE CE PORTABLE !

Une surface impeccable apparaît. C´est un contrôleur.

— ETEIGNEZ VOTRE PORTABLE, MONSIEUR.

— Bon... Chérie… On en reparle… Parce que là…

— ETEIGNEZ VOTRE PORTABLE, MONSIEUR.

La rage agglomérée est une dose énorme. Le contrôleur la boit en mode urgence. Il prévient tout le monde, le train penche car il entame un virage. Cela ne doit inquiéter personne. Il suffit de rester vissé dans son fauteuil. L´inertie devient alors une force. On est penché par rapport au monde, mais à l´intérieur du wagon, tout est droit. L´angle se calcule. Ce point est connu depuis l´antiquité.

— Surtout, attends… Ne fais rien... D´accord ? Parce que là… Mais oui... Plein, plein, plein… Tout plein...

Le contrôleur commande le traitement. Le gars ne parle plus. Chérie grésille dans sa main, mais le contrôleur confisque le portable et l´éteint. Nous sommes au milieu d´un silence nouveau.

— NOUS ARRIVONS DANS QUINZE MINUTES.

Le chariot des plaisirs arrive dans l´allée centrale. Des drones usinent l´os pariétal et décalottent le gars. De longues cuillères fines et coupantes prélèvent des morceaux de cervelle. Ils sont trempés dans de la pâte à beignets et plongés dans l´huile bouillante. Les drones distribuent les beignets en mode nuée. Chacun a droit à une sauce de son choix.

— NOUS ESPERONS QUE VOUS AVEZ EFFECTUE UN BON VOYAGE.

Les nanofossoyeurs terminent la réduction. Le chariot des plaisirs emporte tout.

648 mars 08 décembre 2017

À qui apartient la rue aujourd´hui ? Aux voitures, aux pubs. Et nous alors ? Ils ont tellement peur de laisser la rue redevenir simplement piétonne. Ils ont peur des promenades, ils veulent juste qu´on entre et qu´on sorte des échoppes. Mais nous, si on est dans la rue, c´est juste parcequ´on aime ça, etre là, dans ces lieux interstitiels, dans ces espaces entre. Quand j´étais môme, je zonais dans les mall toute la journée, à rien faire. Juste regarder les gens. Apprécier le temps qui passe. On nous laisse plus ne rien faire. C´est beau, de ne rien faire dans la rue. J´aimerai qu´on y fasse moi. Et quant à ces putains de bagnoles, ouais, elles peuvent bien brûler, on leur a tout donner et on leur doit tout. Moi, quand je marche, j´ai pas une putain d´armure. Si vous me touchez, JE CRÈVE ! Alors s´il vous plait, hein, gardez vos klaxons et vos insultes et vos clignos et vos putain de réservoirs. Foutez le camps de ma rue !

650 mars 10 décembre 2017

Puis tout à coup sont venus les avions pour assainir la zone. Pluie de napalm sur le quartier. Je revois encore les lumières et j´entends encore les cris. Moi je suis passé au travers. J´ai pu fuir ce cauchemar mais je me demande à quel prix...

652 mars 12 décembre 2017

Il est 11H, et tout va bien.

664 mars 24 décembre 2017

Je tombe sur l´harmonie

Pourquoi je ne continuerais pas à lui tourner le dos ?

666 mars 26 décembre 2017

Toujours pas d´arrivée de l´antéchrist place de la République. La conférence des évêques de France se refuse à tout commentaire.

667 mars 27 décembre 2017

L´antéchrist a fini par arriver. Il a eu du retard à cause des problèmes dans le métro.

673 mars 02 janvier 2018

Camille a grandi, il a séché, il est beau. "Qu´est-ce qu´on va faire de tout ça?" je demande, montrant la rue sous la fenêtre. "La même chose. On va en prendre soin."

678 mars 07 janvier 2018

J´ai pris la fuite

683 mars 12 janvier 2018

Quand je repense aux soirées il y à deux ans et demi... Eux ils évoluaient déjà en sous marins, ça leur passait au dessus ces conneries de nuits debout. On fabriquait un futur presqu´utopique... Dire qu´ils avaient commencé à faire parler d´eux à peu prêt à la même époque. Ça aura vite prit leur merde. Ah c´est sûr que dans la plupart des endroits c´est plutôt pas mal ce qu´ils ont fait, mais y en a d´autres, comme ici, où c´est complètement partit en vrille. "Nul n´échappera à notre contrôle" qu´ils disaient. Ben tiens.

Avec la non violence et le dialogue démocratique qu´ils prônent, on se demande bien comment ils vont leur faire regagner la raison aux fanatiques qu´ils ont eux-mêmes fabriqués. Parce que eux, ils se privent pas. Et aujourd´hui c´est nous qui subissons.

688 mars 17 janvier 2018

on dort toujours debout. on veut toujours changer la société. on croit toujours dans l´humain, la poésie et le partage. même si les flics frappent et que les médias mentent. on a toujours l´envie de démonter le capitalisme afin d´offrir au futur quelque chose de plus sain.

689 mars 18 janvier 2018

"On aurait du se forcer à boycotter les blockbusters américains, me disait Jacques (66 ans). Maintenant il y en a plein qui ont l´esprit pourri. On aurait du se forcer à boycotter les idées parasites, les grands médias détenus par les marchands d´armes, les renvoyer face à leur cynisme. Maintenant il y en a plein qui continuent d´user de violence. On a lancé l´alerte et ils nous ont craché dessus. Parfois je me demande ce que je fais encore ici. Mais je perds pas espoir. On peut encore boycotter leur façon de voir la vie. Et même si on me traite d´idéaliste ou d´utopiste, je crois sincèrement qu´on a raison. On croit encore en l´humain ici. Et on est toujours debout."

697 mars 26 janvier 2018

Presque 700 jours à vivre la nuit, plus de 600 petits matins à croire que quelque chose a changé, changera encore… Les nouveaux patrons de presse ont déjà verrouillé les médias, les télés sont au bord de la faillite, les nouveaux canaux de communication, eux, émergent sur Tor, les cryptoparties nous ont enseigné à mieux nous cacher, une vie clandestine commence à s´organiser…

698 mars 27 janvier 2018

Le conseil d’école sera un peu différent ce soir. Pour une fois je ne vais pas juste écouter la parole directoriale en attendant que l’heure passe. Aujourd’hui, il y aura beaucoup plus de parents et pas seulement ! Lors de la dernière AG des Nuits Debout locales, on a proposé d’ouvrir l’école tous les jours, tous les soirs, toute l’année et nous devons organiser les permanences, les ateliers les activités et les principes de partage du lieu.

La nouvelle constitution est encore toute fraîche, l’Etat-Nation a éclaté sous la pression du mouvement Nuit Debout mais nous gardons la même éthique qu’au début. Nous ne sommes pas un mouvement qui détruit mais un mouvement qui construit à côté, en attendant que leur obsolescence programmée les emporte. La localocratie, mise en place à la suite de la Marche constituante entamée le 62 mars, permet de démonter, remodeler, remonter doucement à partir de l’ancien monde. Tout doit se recycler aime-t-on proclamer dans notre société qui a tant jeté. Lors d’une précédente Nuit Debout, -le nouveau nom officiel des conseils municipaux spontanés dont la constitution a entériné les pouvoirs législatif et exécutif locaux,- nous avons obtenu que les écoles soient gérées par la communauté scolaire et plus par la mairie centrale. Nous avons plus de latitudes, les rapports entre le personnel anciennement municipal et le personnel enseignant s’est humanisé, chacun ne se cache « plus derrière des règlements et puis des lois » comme le chante Zoufris Maracas mais nous n’avons pas encore vraiment utilisé cette liberté.

Au début, la situation des enseignants paraissait un peu inconfortable à mes collègues. Ils avaient peur pour leur classe, leurs affichages, leur matériel. Lors de la pré-réunion, entre nous, chacun a signalé ce qui était important pour lui et puis finalement nous nous sommes retrouvés sur une liste de principes de respect élémentaires que le directeur a rappelé à tous en introduction de la réunion. C’était lui notre porte-parole « naturel » mais les hiérarchies étaient prêtes à céder et ma docilité n’était que de circonstance. Les habitudes ont la vie dure surtout dans notre bonne vieille institution qui, après avoir essayé, pendant plus d’un siècle, de former des citoyens libres, semblait étonnée d’avoir réussi.

Au début nous avions installé des tables dans la salle polyvalente et puis rapidement, nous avons constaté que notre petit dispositif habituel était totalement inapproprié. La réunion s’est finalement passée dans la cour. Mon collègue de CP est allé chercher le micro, les baffles qui servent habituellement pour la fête de fin d’année et enfin on a pu s’entendre.

Le directeur a commencé par distribuer des créneaux pour l’utilisation des locaux par les associations. Les parents s’impatientaient, l’un d’eux a fini par lancer le sujet qui les avaient tous attiré : ouvrir l’école, c’était bien beau mais allait-on pouvoir faire sauter le mercredi ?

Les enseignant ne seraient plus des fonctionnaires d’état dans quelques mois. Nous étions appelés à devenir ce qu’on nommerait sans doute des Personnels Ressource sur les Territoires. La passion des sigles et des noms alambiqués est toujours l’apanage incontesté de l’ancien monde. Le gouvernement a du mal à lâcher la main mise qu’il a sur son parc d’esclaves publiques et malgré la mise en place de la nouvelle constitution, nous sommes encore sous son joug pour quelques temps.

Les associations ouvrirent une brèche dans nos atermoiements, en proposant de prendre aussi des créneaux le mercredi matin.

Nous finîmes par renégocier l’ensemble du calendrier scolaire pour réellement prendre en compte les prescriptions concernant le rythme de l’enfant. Nous ferions nos sacro-saintes heures de fonctionnaire mais quand nous venions de le décider.

La mise en place du revenu de base avait permis aux parents de s’accorder plus de temps pour leurs enfants mais l’école, elle, n’avait pas encore libéré les élèves de la cadence fordienne à laquelle ils étaient soumis. C’était chose faite !

Le sourire aux lèvres, je passe maintenant par le parc pour rentrer chez moi histoire de jeter un œil sur le potager lancé cette année par le groupe scolaire. Il faudra attendre encore quelques années pour que le verger donne mais le quartier aura de beaux légumes dès cet été.

700 mars 29 janvier 2018

Et puis sans un bruit, les chars ont envahi la Ville. Leurs canons tiraient au hasard réduisant en poussière tout ce qui se trouvait sur leur passage. Nouas avons pu nous en aller juste avant l´heure fatale. Mais où partir maintenant que tout n´est que cendres ?...

710 mars 08 février 2018

On croit rêver. Aujourd´hui, des policiers ont déposés les armes. Place Clichy, après une demi-heure de négociations. Je me demande jusqu´où ira cette frénesie. À coups de mots et de verbes, ils ont rendus leurs fusils et leurs matraques. Et sont venus nous rejoindre dans cette grande marche. Certains pleurent, d´autres les embrassent, je me contente de les regarder. Aucune haine dans mes yeux, ce sont des hommes comme moi. Un trentenaire mal rasé retire son casque, d´où il laisse échapper une longue chevelure blonde et bouclée. Il me fixe des yeux, et sourit. Avec une grande tendresse. Au fond de moi, je sais qu´aujourd´hui, on a gagné quelque chose.

713 mars 11 février 2018

moments nous sentons une lourdeur s´appesantir sur notre dos. Cette lourdeur nous le savons, ce sont des ailes qui nous poussent. Nous avons tué la pudeur, vécu l´été, frénétiquement, sensuellement, et affirmé : à notre colère se mélange une sorte de grâce, une reconnaissance envers les choses et les êtres, un désir de crier que la vie, de toute façon, un jour, allait gagner. C´était peut-être ce jour-là.

715 mars 13 février 2018

J´ai 11 ans aujourd´hui. Le cerisier fait la gueule. Il a fleuri à Noël et maintenant ne sais plus ce qu´il doit faire. Mes parents ont peur qu´il meure. Je compte sur la capacité des espèces à s´adapter. Sur des périodes si courtes j´ai peu d´espoir... Les pics de pollution font dorénavant partie de notre quotidien. On s´y est parfaitement adapté. Ma mère bug. Cette fois ci elle ne pleure plus. Avec les voisins et mon père ils ont décidés de passer à l´offensive. Ca fait 2 mois que l´on n´a pas eu de récré à l´école. Des groupes se montent un peu partout dans la cuvette. Les gens étouffent. Le blocus de toute les stations services du Grésivaudan est mise en place, puisque les pouvoirs public ne font rien, ne font plus rien depuis longtemps. Je trouve ça bizarre moi que le pouvoir n´ai aucun pouvoir.

720 mars 18 février 2018

C´est la première fois que je reviens. La place est déserte. Le mouvement s´est déplacé ailleurs. Ils ont l´air de trouver ça mieux. Preuve qu´on ne leur a jamais fait peur, finalement. Ce sont les mendiants qu´on préfère cachés. Qu´ils se terrent. Pas les terroristes.

Ils ont fait des travaux. Viré les bancs. C´est moche.

Je dis ILS parce que je les imagine comme nous. Multitude. En raison des flics. Mais autant, derrière cette impression de masse, il n´y a qu´un ou deux péquenots, comme les méchants dans les films des U.S.

C´est la première fois que je reviens. Ils se terrent. On se terre. Où aura lieu l´affrontement ?

728 mars 26 février 2018

Encore un abattoir libéré ! Les sanctuaires se sont multipliés, depuis quelques centaines de jours, où les bêtes peuvent profiter de leur liberté retrouvée. J´ai encore vu des sortes de buffles, près du bois de Vincennes, s´ébrouer dans la terre, au soleil, formant des nuages de poussière brillante. Dans cette nuée, dans ce singulier poudroiement, je découvrais l´image même de notre soulèvement : des bêtes assemblées faisant se lever la plus politique des poussières. C´était à n´en pas croire ses yeux. Il y avait aussi quelques déclassés, de ceux qu´on disait fous ou perdus, avant les nuits, et ils regardaient les bêtes au loin, et certains se risquaient même à les approcher. Là aussi, on retrouvait quelque chose comme de la dignité, et puis du courage aussi, du courage dans le cuir bien vivant de ses buffles monstrueux, peut-être des bufflesses d´ailleurs, je n´en sais rien. Toujours est-il que j´étais là, moi aussi, à noyer ma douleur dans le silence des arbres, quand ils sont arrivés. Et à les voir j´ai senti naître quelque chose de neuf en moi, ou peut-être bien quelque chose de très vieux, quelque chose dont j´ai pu faire l´expérience enfant mais dont je ne sais plus rien. Quelque chose qui ressemblait aussi, à s´y méprendre, à ce truc que j´avais dans le ventre lors de ma première nuit dans les rues, sur les places, et par la suite partout ailleurs ; quelque chose, donc, comme un feu, mais d´un feu que des forces extérieures, nocives, auraient couvé pendant longtemps, trop longtemps. Feu venu de loin, sans doute, mais ravivé par la proximité des vivants entre eux. Proximité retrouvée des autres humains, mais aussi proximité des bêtes. Je me souviens de cette nuit, ça devait être le 233 mars, où ce sont tous les noctambules de Montmartre qui se sont agités pour sauver un chien blessé, dont le regard et la plainte disait combien il souhaitait rester encore un peu ici-bas, dans cette ville où de plus en plus de gens lui ressemblait. Ce chien-là, dont on me dit qu´il s´appelait Zamir, avait inondé les gens d´énergies nouvelles. On sentait bien, à ce moment précis, alors que le ciel était rouge au-dessus des toits, qu´à défendre les vivants on retrouvait des choses perdues depuis longtemps. Les buffles de tout à l´heure ont fini par disparaître à leur tour. Ils dorment sans doute dans un bosquet ou bien s´abreuvent de l´eau de la seine. Peut-être même sont-ils en ce moment même en train de marcher dans la ville, de taper fort des sabots sur le pavé de Nation, de Bastille ou de Rivoli. Les totems avaient torts, à leur manière : rien ne vaut, pour un clan, que des animaux vivants.

734 mars 04 mars 2018

Mitch était sorti de son compact´appart en début d´après midi. Il faisait beau dans la banlieue de Nouvelle Ville. Le printemps commençait à peine. Le soleil brillait dans le ciel saturé de pollution. Mitch était descendu dans le parc en bas de son immeuble. Il avait pris une canette d´eau au distributeur et s´était assis à l´ombre. Devant lui, trois filles étaient affalées sur un banc. Toutes vêtues d´un casque de réalité virtuelle. Elles avaient apparement entre treize et quinze ans. Les cheveux rose, bleu et rouge fluo. Leurs trois casques étaient reliées entre eux par un petit cable noir. Elles planaient dans le Réseau.

Mitch était de l´ancienne école. Les nouveaux gadgets ne l´intéressaient pas. Il persistait à vivre dans le réel bien que celui-ci fut devenu morne et automatique. Ils étaient nombreux, jeunes et moins jeunes, à s´évader dans le Réseau pour oublier les contraintes d´une vie dûre. Dans l´immeuble, la plupart travaillaient à l´usine de la Link Company. Mitch connaissait un peu les trois filles. Ils se croisaient au changement d´équipe de 7h du matin. Mitch comprenait pourquoi elles ressentaient le besoin de partir un peu. Le travail était répétitif et ennuyeux. Ils construisaient des ordiphones à la chaîne.Puis il fallait regarder l´endroit où ils vivaient. Le parc était sale. Il n´y avait pas d´herbe, ni de fleur. Seulement des graviers et du sable. L´immeuble était gris avec de longues traces noires. Et derrière la route, il y avait le même immeuble et le même parc, les mêmes ouvriers et le même horizon de béton. On construisait tout à l´identique dans le secteur 78.

Mitch voulu parler aux trois filles, mais il se retint. Il ne savait pas quoi leur dire. Il bu alors une gorgée dans sa canette d´eau. Elle avait un goût metallique. Il regardait les trois filles quand celle aux cheveux bleu enleva son casque. Quand elle croisa le regard de Mitch, elle lui dit d´un air froid :

- Qu´est-ce que tu regardes ?

Mitch balbutia deux mots d´excuse et bu une nouvelle gorgée dans sa canette.

- Hey les filles, reprit-elle, y´a un mateur.

Les deux autres enlevèrent aussitôt leurs casques.

- Qu´est-ce que tu fais là, connard ? T´as tout le parc pour t´asseoir, pourquoi tu t´asseois devant nous ?

- Ouais, ça te plais de nous mater comme ça ?

- Qu´est-ce que tu veux ?

Mitch voulait répondre qu´il voulait du contact humain, qu´il en avait marre de se sentir cloîtré dans son compact´appart, qu´il était sorti prendre l´air,et qu´après les avoir vues il s´était assis non loin d´elles pour se sentir moins seul... Mais elles l´auraient pris pour un pervers.

- J´ai oublié le code de l´allée B, je voulais savoir si vous pouviez m´aider, mentit-il.

- C´est 368KS, dit la fille au cheveux rose. Maintenant dégage avant qu´on appelle le garde...

Mitch s´éloigna d´elles. Tout en se rapprochant de l´immeuble, il entendit :

-Trop chelou le mec. -Ouais, il a même pas d´casque.  -Quel ringard...

Mitch prit un coup au moral. Il ne pensait pas avoir l´allure d´un mateur. Il ne faisait que les regarder, il n´avait pas de mauvaises intentions. Les gens étaient de plus en plus suspicieux. Spécialement ceux qui planaient trop dans le Réseau. Les contacts humains devenaient de plus en plus difficiles. Les gens ne se regardaient plus et ne s´adressaient presque plus la parole. Si Mitch avaient parlé trop longtemps à ces filles, elles auraient pu appeler le garde car Mitch était trop vieux pour être avec elles.Si elles pensaient qu´il était un pervers, le garde l´aurait emmené au poste de police pour un lavage de cerveau. Alors il vallait mieux rentrer. Pourquoi risquer si gros. Mitch aurait aimé pouvoir les convaincre des dangers du Réseau. Mais c´était se battre contre du vent.

Une fois chez lui au quinzième étage de l´immeuble, Mitch considéra son compact´appart. Dans l´unique pièce de vie, il y avait son lit mural, une armoire, une poubelle, un WC, un lavabo, un frigidaire et un microfour. Mitch étouffait ici. Sa seule envie était d´en partir. Il voulait aller aux Landes Vertes, où l´on disait qu´il y avait de l´espace et des gens souriants. Mais il fallait de l´argent. Et le compte de Mitch était presque à sec. Son loyer lui coûtait une fortune.

Mitch se réchauffa une boite alimentaire. Il la mangea machinalement, le regard fixé sur son microfour. Puis un atroce sentiment de solitude le pris d´assaut. Mitch voulait parler à quelqu´un. Il décida donc d´aller voir Dolly au CyberBar à côté de l´immeuble. Mitch jeta sa boite alimentaire à la poubelle et sorti de son compact´appart. Le couloir était lugubre, l´entretien était mal fait, le sol collait. L´ascenceur était bloqué alors Mitch dû prendre les escaliers. Une fois dehors, il croisa la route des trois filles du parc qui ricanèrent en le croisant.

Il ne lui fallu pas longtemps pour arriver au CyberBar. Les lieux sentaient le renfermé. Il n´y avait pas d´humain à l´intérieur. Dolly était une androïde de dialogue. Pour 10 crédits, Mitch pouvait parler une heure avec elle. Le robot était assis à une table au fond du bar. Dolly était éclairée par des néons rouges.Il inséra la pièce dans la fente prévue à cet effet sur l´épaule gauche de l´automate. Puis il s´installa face à elle. L´androïde était de taille moyenne, mince, les cheveux noirs et courts.

-Bonjour, lui dit-elle d´une voix qui n´avait rien de synthétique. -Bonjour Dolly.

-Quel est ton prénom ? -Je m´appelle Mitch.

C´était toujours pareil. Les automates demandaient toujours le prénom de leur interlocuteur afin de personnaliser le dialogue.

-Bonjour Mitch. De quoi veux-tu parler ?  -Je ne sais pas... J´ai juste besoin de parler ces temps-ci...

-La météo annonce du beau temps pour demain. J´aime le soleil, pas toi Mitch? -Pas vraiment...

-Tout le monde aime le soleil, non ? -Je suppose... C´est ce qui nous maintient en vie... -Mais tu as dit que tu n´aimais pas vraiment le soleil. Tu n´aimes donc pas la vie ?

-Pas cette vie, en tout cas... -Pourquoi, dis-tu cela ?

-Parce que les gens se comportent comme des machines... -Mais pourtant tu parles à une machine. -Oui, c´est vrai. Mais avec toi je me sens moins seul.

Ils parlèrent de choses et d´autres jusqu´à ce que le forfait soit épuisé. Lorsque Dolly s´arrêta de parler, Mitch ressenti une lourde tristesse s´abattre sur lui. Il ne savait pas quoi faire. Puis une idée lui traversa l´esprit. Il déconnecta l´androïde et l´emporta avec lui. Heureusement pour lui, il ne croisa personne sur le chemin vers son compact´appart. Il monta les quinze étages à pied avec Dolly dans les bras. Puis il la brancha là où il pouvait, entre le frigidaire et le micro four. Elle prenait la moitié de la place et Mitch n´avait pas d´autre choix que de rester debout adossé à son lit mural. Il se reposa jusqu´au soir. Puis il parti pour le service de nuit à l´usine d´ordiphone.

Le lendemain, les trois filles se moquèrent de lui quand elles le croisèrent au changement d´équipe de 7h du matin. Mais Mitch les ignora et alla récupérer son salaire journalier. Il sorti de l´usine et pris la direction de son compact´appart. Une fois chez lui, il glissa une pièce de 10 crédits dans le bras de Dolly. Celle-ci se mit en route et lui dit :

-Bonjour, quel est ton prénom ? -Je m´appelle Mitch.

-Bonjour Mitch. De quoi veux-tu parler ?

Et pour la première fois de sa vie, il se sentait heureux.

747 mars 17 mars 2018

Ça fait un moment que les Hommes qui luttent se sont transformés en combattants. En à peine 2 ans, la firme chinoise TotalGoogle a pris du jalon, et rares sont ceux qui ont échappé aux puces électroniques, véritable moyen de traçage et de privation de liberté. Avec les copains on a passé des mois à se charcuter les bras pour s´enlever les merdes qu´ils nous imposent lors d´arrestation arbitraire. Les scarifications sont à la mode de cet été pour les quelques 6 % de la population en résistance.

Leur nouvelle invention, après l´échec du mur électromagnétique qui divise officiellement les pays, c´est le mur électromagnétique individuel, où les Perdus (comme on les appelle) peuvent se retrouver dans leur bulle. C´est con, j´en croise des mignons avec qui j´aurais bien aimé me frotter dans le temps… tous ces plaisirs charnels qui se perdent est d´une tristesse sans fin.

750 mars 20 mars 2018

De nouveau, bombes et fracas. De nouveau des survivants sur les routes qui fuient le désastre pour une autre frayeur...

754 mars 24 mars 2018

Ce matin la place était vide, pas un seul hacktiviste en vue. Le sergent-chef arborait un large sourire à la vue de cette place déserte qui avait vu se dérouler 753 jours de lutte. L’ordre avait gagné, comme toujours, pensa-t-il. Le camion de nettoyage de la voirie passait et repassait, effaçant toutes les plus infimes traces des conflits passés. C’est finalement cette idée toute bête, qui avait obligé tous les manifestants à quitter les lieux : du son ! Très fort, à la fois très grave et très aigu, pénétrant la chair, faisant trembler le corps, et perdre l’esprit. C’était comme cela que les forces de l’ordre avaient gagnés. Le sergent-chef allait surement être décoré pour son idée. Il fallait maintenant s’assurer de son succès définitif durant les prochaines 24h. Mais pour lui, point de doute, il n’y avait aucune chance que les N’Deboutistes et autres hacktivistes se repointent, la majorité d’entre-eux devaient être momentanément sourds ou avec un mal de crâne qui leur empêchait d’envisager un retour sur la place. Les plus combatifs avaient été appréhendés par la Police ou étaient devenus définitivement sourds après avoir osé faire face de trop près face aux membranes vibrantes géantes déployées par les CRS.

À mesure que la luminosité sur la place augmentait, quelques pigeons survolaient les pavés à la recherche de nourriture, en vain. Le sergent-chef donna une série d’instruction au talkie-walkie puis en observa les conséquences. Un fourgon banalisé rentra en marche arrière sur la place, quatre agents en sortirent avec un bloc d’environ 2 m3 qui devait peser facilement trois tonnes. Ils le déposèrent au milieu de la place au moyen de chariots hydrauliques, et repartirent. À la suite de cela, toutes les voitures de polices stationnées autour de la place mirent en marche leurs gyrophares et partirent. Le sergent-chef rentra dans sa 208 banalisé et attendit. Au bout de 30 longues minutes, une camionnette de la voirie arriva, le conducteur ne semblait pas pressé. Il prit tout son temps pour sortir du véhicule, en descendre puis aller ouvrir la porte arrière du véhicule. Le sergent-chef suivait la scène des yeux, sans aucun signe d’inquiétude mais néanmoins passablement agacé par l’attitude décontracté de l’agent public. Celui-ci sortit une perceuse à béton du véhicule et commença tranquillement son chantier. Il perça des trous aux quatres coins du cube. Une fois les trous achevés il fixa le cube à l’aide de cours câbles de large diamètre et de pieux métalliques. La fixation du cube achevé, il remonta dans son véhicule et quitta la place. Le sergent-chef regarda alors sa montre il était 11h45. Quelques passants regardaient le cube de loin à peine intrigués. Il faut dire que le cube était de même couleur que le macadam de la chaussée, ce qui à première vue, le fondait parfaitement dans le décors. Le sergent sortit prestement de son véhicule, se dirigea en direction du cube et une fois tout proche en palpât la surface avec ses doigts. Au bout de quelques secondes son index gauche trouva ce qu’il cherchait. Un petit bouton quasi-invisible se trouvait sur une des arrêtes du cube, il le pressa imperceptiblement puis s’en retourna à sa voiture. Une fois de retour dans l’habitacle il sortit une sorte de smartphone, et lança une application. Sur son écran une vue en plan large d’un des coté de la place se matérialisa. L’image en noir et blanc, était en réalité une image proche infra-rouge, haute définition, de jours comme de nuit. Il glissa son doigt sur l’écran et une autre de vue de la place apparut. La mine satisfaite, le sergent-chef, posa le smartphone sur le tableau de bords, démarra et quitta la place. Il était grand temps d’aller chercher à manger, il continuerait de tester la bête cette après midi…

De retour sur la place, vers 13h, le sergent-chef eu la bonne surprise de voir un petit groupe d’adolescents aux cotés de son cube. Deux d’entres eux étaient même assis dessus. La première crispation policière passée, il se dit que c’était l’occasion de tester le système en situation réelle. Il saisit le smartphone de commande, le déverrouilla rapidement puis entra sur l’application de contrôle. Les fesses des deux ados masquaient en partie la vue. Cela ne l´empêcha pas de prendre quelques clichés HD de trois d’entre eux. Je leur ai tiré le portait entre les jambes de leurs camarades pensa-t-il amusé. Il ouvrit un sous-menu, sélectionna le signal “periodic chirp” entra les valeurs de “15” à “20” kHz, positionna le curseur de décibel sur 80%, puis pressa “Execute”. On entendit rien. Enfin un adulte de plus de 30 ans n’entendait rien, car tous les jeunes présents autour du cube, vraisemblablement saisis par le bruit intense, s’était instinctivement écartés du cube. L’un d’entre eux, initialement assis sur le cube, était même tombé par terre. Lorsque le sergent-chef appuya une seconde fois sur “Execute”, les ados quittèrent la place en courant. Le sergent-chef était aux anges, il la tenait son arme anti-manif, pour lui s’était définitif ! A la suite de cela, il rentra faire son rapport à son son supérieur à la préfecture de police.

Après avoir reçu les félicitations de sa hiérarchie, lors de l’exposé de sa présentation concernant les observations sur les deux jours passés, le sergent-chef s’affala à son bureau. Il resta ainsi immobile dans cette position un moment. Ce devait être sa manière à lui de récupérer de ces missions nocturnes interminables. Cependant le répit fut de courte durée. A peine, deux minutes s’étaient écoulées lorsque le téléphone du bureau sonna. Il décrocha, et sa mine fatigué se décomposa encore plus à l’écoute de son interlocuteur. On lui signalait que la place était de nouveau occupée. Il était 19h. Son équipe était en repos, lui aussi normalement, mais il était le seul à savoir opérer le cube. Il répondit qu’il ne fallait pas intervenir tout de suite, qu’il se rendait sur place en civil, et qu’il allait tester le cube avant toute intervention. Une fois le téléphone raccroché, il saisit sa veste et se rendit en voiture banalisé aux abords de la place. Elle était pleine à craquer.

Aucun être humain n’était cependant sur la place, une nuée de drônes, plusieurs centaines de robots roulants de toute tailles ainsi que quelques dizaines de robots-serpent occupaient l’intégralité de la place… Les hacktivistes s’étaient passés le mots. Si certains robots n’étaient rien d’autres que des robots du commerce sur lesquels étaient scotchés un papier ou carton de revendication, d’autres étaient bien plus complexes et personnalisés. Pour le sergent-chef, fin technologue, cela n’était pas possible. Il fallait piloter tous ces robots de quelque part. Il scruta des yeux la place et les immeubles qui l´entourait à la recherche d’une planque, ou d’un potentiel poste de commande. Mais il ne vit rien. Certains robots devaient être les hotspots de connections sans-fil des autres robots contrôlés à distance, mais lesquels ? Qu’a cela ne tienne, il allait trouver une solution. Il ne lui fallut que 3 minutes de réflexions pour envisager l’une des meilleures. Il passa deux appels, l’un à la caserne de pompier la plus proche, l’autre au préfet de police. Il demanda l’envoi de camion à lanceurs d’eau. Si les ondes acoustiques ne servait plus à rien contre des robots, une bonne douche froide ferait très certainement l’affaire.

Lorsque les camions de pompiers arrivèrent, la flotte de robots hakctivistes commença à s´agiter dans tous les sens. Et lorsque les pompiers sortirent de leur véhicule pour tenter de dérouler une lance à eau, des drones fusèrent de partout, les agressant de toutes parts. On se serait crus dans les oiseaux d´Hitchcock. Malgré tout, au bout de quelques minutes, ils réussirent à cinq hommes à se dégager suffisamment pour dérouler sur quelques mètres une lance incendie et à la mettre en marche. Au même moment un camion lanceur d’eau arriva sur la place. Les jets d’eau faisait de gros dégâts parmi les robots. Les drones touchés était systématiquement hors-jeu. Cependant certains robots semblaient être étanches, d’autres très compacts et monoblocs se remettait en marche malgré les chocs ou les translations forcées. Mais les robots n’allaient plus résister très longtemps. C’est alors qu’un son intense se fit entendre du cube. Un bruit tellement intense notamment aux basses fréquences qu’il provoquait la vibration des carcasses de robots les unes contre les autres, ce qui rendait le bruit global encore plus insupportable. Ce son émanant du centre de la place était insoutenable pour tout humain. Les pompiers retournèrent très vite dans la cabine de leurs camions et se bouchaient les oreilles. Les camions lanceurs d’eau s’étaient brusquement arrêtés. Le sergent-chef qui suivait la scène d’un peu plus loin depuis sa voiture, était perplexe. L’application de contrôle sur son smartphone était ouverte, il avait visualisé, depuis le début de la soirée, l’ensemble de la place sous tous les angles. Il n’y avait eu aucun problème technique. Mais ce n’était pas lui qui avait exécuté une requête d´émission de son intense. Il tentait d’appuyer frénétiquement sur le bouton stop du générateur de son de l’application, mais rien n’y faisait. Il n’avait plus le contrôle. Le bruit lui devenait vraiment insupportable malgré la distance. En colère il démarra en trombe et alla garer sa voiture un peu plus loin. Il ne comprenait pas comment c’était possible. Les hacktivistes avaient pris le contrôle du cube à distance… Pour eux cette nuit-là, la victoire fût totale !

755 mars 25 mars 2018

Alors que les premiers rayons du soleil venaient indirectement l’illuminer, la place était comme endormie. Quelques N’Dboutistes étaient allongés dans leurs sacs de couchage au milieu d’un amas de robots éteints. La plupart des robots n’avaient plus de jus.

A quelques mètres de là, le sergent-chef dormait profondément dans sa 208 banalisé, le siège en position quasi allongé. Cette détente policière n’était pourtant pas générale. La place était encerclée de voiture banalisée dans lesquelles la plupart des agents des forces de l’ordre étaient aux aguets. Ils discutaient entre eux via une messagerie sécurisée sur smartphone d’un nouveau plan pour vider la place de ses occupants, et ainsi rétablir l’ordre. Un évènement vint interrompre le fil des discussions animées.

Une dizaine de personnes entrèrent sur la place, à première vue, ils avaient l’air de randonneur équipés chacun de sacs de randonnées et de chaussures de marche. Ils se mirent à ramasser les robots, pour certains ils remplaçaient le bloc batterie, pour d’autres bien amochés ils récupéraient les pièces clés : caméras, cartes de commande, moteurs pas à pas et autres actionneurs ou capteurs onéreux. Au bout de quelques minutes, les drones dont la batterie avait été remplacé s’envolèrent et disparurent. Les robots terrestres eux restèrent sur la place. Les hacktivistes préféraient ne plus prendre de risques, plusieurs robots avaient mystérieusement disparu cette nuit là. A l’heure qu’il est, les robots devaient être désossés et inspectés par la police scientifique.

Depuis chez lui, Yann, veillait derrière son PC depuis la victoire de la soirée passée. Il avait fait partie du groupe de hackers qui s’étaient introduits dans le cube pour en prendre le contrôle à distance. Maintenant, c’était en quelque sorte son tours de garde. Il devait déclencher les impulsions sonores en cas d’intrusion policière sur la place. Les militants dormants aux cotés des robots auraient d’abords été réveillés en hâte par une sonnerie supportable, afin qu’ils puissent s’équiper des bouchons et casques anti-son dont ils disposaient. Pour Yann, le problème était maintenant que les super batteries du cube étaient presque vides. Les N’Dboutistes étaient en réalité dans un grand état de fébrilité, et malgré le tapage médiatique et le sentiment de victoire qui dominait sur les réseaux sociaux, Yann était inquiet. Il se garda bien de communiquer son état d’âme ou toute information sur l’état du cube, cela ne pouvait qu’affaiblir encore plus son camps, pensait-il.

Les agents en civils positionnés autour de la place, avaient longuement échangé, la matinée avançait, et leur scénario d’intervention se précisait. Ils s’étaient fait surprendre bêtement par les robots la veille, mais on ne les y reprendraient plus. Même en effectif réduit pour cause “d’état d’urgence permanent” et de “plan antiterroriste renforcé”, il ne fallait pas beaucoup de ressources pour évacuer cette maudite place, selon-eux. A 10h30, leur plan rentrait en phase d’exécution. On vit une série d’engins de chantier arriver par la rue la plus large, tous les agents en civils s’équipant de casques anti-bruits sortirent de leurs véhicules. Les engins électroniques démarrés ou non, partaient à la benne par coups de pelleteuse, comme de vulgaire gravats. Les militants réveillées par les bruits tentèrent de faire une chaîne humaine pour protéger la place et une partie des robots. C’est alors que le cube se remit en marche. Tous les êtres humains présents sur la place firent les même gestes hâtifs et maladroits: tenter le plus rapidement possible de fixer ou d’ajuster son équipement anti-son.

Alors que les tractopelles et autres camions “s’amusaient” à frôler les N’Deboutistes pour tenter de les faire reculer dans leur peaux de chagrins technologique, deux camions de CRS arrivèrent en trombe sur la place. Au bout de 5 minutes, la trentaine de militants présents étaient appréhendés puis menottés par les CRS. Ceux-ci les refilaient aux agents en civils qui les forçaient à monter dans les voitures banalisés, direction le poste de police. Durant tout ce temps, les sirènes multi-fréquences du cube crachaient tout ce qu’elles pouvaient, sans résultat. Tous les humains présents, plutôt bien équipés, supportaient les bruits résiduels intenses qui traversaient les équipement de protection sonore. La place se vidait rapidement, sans que les hacktivistes ne puissent rien faire.

Quand le sergent-chef se réveilla vers 11h30, il se crût en plein rêve. Comme la veille au matin, des camions allaient et venaient sur une place quasi-vide. La présence du cube, toujours planté au milieu de la place, permit à son cerveau de s’assurer qu’un jour était bien passé. Finalement les N’Dboutistes n’avaient tenu la place qu’une dizaine d’heures. Soit une des plus courtes périodes d’occupation de la place depuis le début de #NuitDebout. Par le passé, stands, caméras, podiums, et même petits salon de lecture étaient montés sur la place. Mais cela avait été interdis, les dernières explosions, le 456 mars, sur une autre place occupée par le même mouvement avaient laissé des traces, et son lot de mesures sécuritaires. Depuis, les forces de l’ordre avaient la consigne de détruire “tout matériel potentiellement nuisible n’étant pas habituellement présent sur une place de centre-ville”. Ce texte flou permettait de détruire par exemple une guitare ou une caisse en bois d’un musicien de rue. Bien sûr, une grande tolérances sur le niveau d’interprétation de ces directives étaient laissés aux forces de l´Ordre pour la mise en oeuvre sur le terrain. Depuis ce jours, les N’Dboutistes n’avaient qu’une option pour occuper les place, celle d’occuper debout sans véritable matériel ou alors en prenant le risque que l’existence de l’objet apporté soit réduite rapidement au statut d’objet confisqué ou détruit. Même les smartphones entraient dans la catégorie des objets régulièrement confisqués par les forces de l’ordre. Cela avait un coté pratique pour eux, cela évitait que les manifestant ne filment, de nouveaux, de potentielles exactions, comme cela c’était produit dans les premiers jours de mars.

Dans l’après midi, les CRS repartis, le sergent-chef donna ses ordres par téléphone. Il allait faire rapatrier le cube à son atelier. Il allait suivre, comme la veille, les évènements sur place de manière à s’assurer que tout resterait sous contrôle. Les heures qui suivirent furent calmes et sans encombres. Le cube fut enlevé comme il était venu, et la place passée au karcher, retrouvait son éclat d’antan. Une belle couleur grisâtre citadine contrastant avec les murs clairs des façades environnantes, que les touristes adorent photographier. Mais aux vues des derniers articles de presse internationaux sur les évènement en ville, on n’était pas prêt d’en revoir des touristes...

21h passé, les opérations de nettoyage étaient terminées depuis la fin de journée. S’en était suivie, une période de surveillance policière préventive qui s’était déroulée sans encombres. Le sergent-chef, dernier sur les lieux, s´apprêtait à rejoindre son véhicule pour rentrer chez lui. Il entendit alors dans son dos, un objet volant fusant à grande vitesse à environ 8 mètres d’altitude. Un drone ! Encore un maudit drone, se dit-il énervé. Le drone fit le tour de la place en un instant. Une suite d’actions précises était exécutée extrêmement rapidement par l’engin. Le drone déroulait, au dessus des arbres qui entouraient la place, un fil de pêche transparent quasi invisible à plusieurs mètres. Après avoir fait le tour de la place plusieurs fois, le drone fit les diagonales, puis les transversales du carré qu’il venait de tracer. Le sergent-chef, compris ce que faisait le drone en voyant apparaître une sorte de toile d’araignée géante à 6 ou 7 mètres d’altitude. A la suite de cela, une cinquantaine de drone arriva sur les lieux. Chacun des drones figea sa position à un endroit de la toile. Une fois attaché à la toile, ils se désolidarisaient d’une partie d’eux-mêmes puis repartaient. Durant deux minutes, une rotation d’une centaine d’engins volants s’opéra. Puis tous les drones disparurent. Le résultat final n´aboutissait qu’à une sorte de toile d’araignée géante suspendue, et contenant en de multiples endroits, des petites boites noires. Quelle nouvelle mauvaise surprise lui réservaient encore les hacktivistes, pensa le sergent-chef blasé. Sa pensée fut malgré elle initiatrice de la suite des évènements. Une à une les boites explosaient, laissant apparaître des poupées gonflables pleines d’hélium sur lesquels divers messages partisants étaient inscrits. Celui que l’on pouvait lire le plus fréquemment était “#Nuit Debout Continue et Continuera !”.

Le sergent-chef, dans un état de lassitude et de fatigue préoccupant, se dit que cela aurait pu être bien pire. Il décida de ne pas informer pas son QG de cette occupation, somme toute, très modérée de la place. Elle n’entravait même pas le passage sur celle-ci. Il rentra donc chez lui. Le nettoyage des ballons gonflables pouvait bien attendre le lendemain.

Cette nuit là, la place fut occupée en silence par une armé de poupées gonflables suspendues, représentantes symboliques, pacifistes et silencieuses des N’Deboutistes et du mouvement qui malgré tout perdurait depuis 755 jours. Ce soir-là, dans cette ville, les hacktivistes, par une occupation symbolique et certainement éphémère, maintenaient cette lutte qui marquait les esprits durablement dans le pays !

Ce matin là, la place était une fois de plus vide. Vide de toute âme, et vidée bien sûr de toutes les poupées gonflables installées la veilles par les drones N´Deboutistes. La place était vidée de toute son énergie résistante et militante qui l´avait occupée des mois durant. Même si symboliquement, la Nuit Debout avait perduré toute la nuit. Au petit matin, une équipe de voirie, escortée de manière préventive par 4 escadrons de gendarmes mobiles, avait précautionneusement tout nettoyé. L´équipe technique était repartie ensuite mais les gendarmes eux étaient restés. Ils avaient même reçu le renfort sur le coup de 7h30, de militaires venus en camionnettes et camions labellisés "Plan Vigipirate". Les hommes et leurs véhicules encadraient la place et avaient pour ordre d’y filtrer toute entrée. Les ordres étaient clairs. Tout objets volants de type drone devaient être abattus. La provocation de la veille avait été de trop. Les militaires appliquaient sur la place la mesure déjà mise en oeuvre sur tous les sites nucléaires français depuis plusieurs années déjà. Un drone hacktivitiste ainsi qu´un pigeon en avait déjà fait les frais. Leurs carcasses gisaient sur les pavés dans un recoin de la place.

C´était cette scène de guerre civile, qu´observait depuis son véhicule, le sergent chef. Il était dépité, car en premier, lieu il n´était plus aux commande sur la place. Ensuite, c´était l´armée et non la Police qui intervenait en pleine ville et cela lui était insupportable. Enfin, il était convoqué pour manquement grave ce soir à 18h, par son supérieur.

Après tout ce qu´il avait enduré ces derniers jours, ce n´était pas le moment de lui faire des reproches. Un sentiment d´injustice l´envahissait, cependant comme depuis toujours, son devoir de réserve passerait avant tout.

La journée se déroula sans qu´aucun incident ne soit à signaler. Le mouvement de contestation ne portait-il pas le nom de sa période d´activité, à savoir la nuit ?

Les jours s´allongeant, celle-ci arrivait de plus en plus tard. A 18h, le sergent-chef était devant la porte du bureau de son supérieur. Le capitaine Amtamberg ouvrît la porte brutalement, créant un courant d´air qui vint sortir le sergent chef de ses pensées. "Bonjour sergent", lui fit le capitaine, "bonsoir mon capitaine", lui rétorqua l´autre. Le capitaine désigna l´intérieur de son bureau pour l’inviter à entrer puis une fois les deux hommes dans la même pièce, claqua la porte. Depuis le couloir, on ne pouvait distinguer les mots échanges par les deux gradés. La rencontre fut néanmoins brève mais certainement ferme. Le sergent-chef en ressorti sonné. Il était suspendu pour 15 jours, et ne pourrait reprendre ses fonctions qu´au mieux au terme de cette période durant laquelle une enquête serait menée. Police mise à part, sa vie n´était animée par rien d´autre depuis longtemps. Divorcé, sans la garde de ses deux filles, brouillée avec sa famille, il n´avait d´autre fonction que sergent-chef, d´autre famille que la Police elle-même. Pour lui, il n´y aurait d´autre destination que la Place, pour ne rien perdre du dossier malgré la mise à pied. Il allait comme la nuit précédente, suivre de loin les événements sur la Place et tenter d´enquêter. De retour à son véhicule, il pensa même que cette injuste sanction était une aubaine pour laisser de côté le maintien de l´ordre afin d´aller à la recherche du QG et des têtes pensantes hacktivistes. Ils avaient toujours su faire preuve d´inventivité jusqu´à hier soir. Ils allaient sûrement remettre cela cette Nuit. Pourquoi pas tenter de les infiltrer, pensa-t-il.

La Nuit tomba calmement cette nuit-là sur la place. Une rotation de gendarmes et militaires s´opéra coup sur coup. La place était toujours aussi sécurisée et impénétrable. Plusieurs camions de ravitaillement s´était ajoutés aux nombreux véhicules présents sur place. Les forces misent en place pouvaient non seulement abattre tout robot, ou faire suffoquer tout manifestant, mais ils pourraient en plus tenir face à une ville insurgée tout entière, sans manquer de gaz lacrymogène, de grenades assourdissantes ou de balles en caoutchouc. La tension était palpable. A tel point que quelques recrues inexpérimentées avaient tirés par erreur quelques balles de flash-ball qui avaient détruit les vitres d´une boutique fermée depuis longtemps. C´était simplement un couple de chats, se disputant un territoire, qui avaient déclenché la réaction démesurée des gendarmes. Vers 21h alors que la luminosité naturelle était totalement remplacée par l´éclairage public, on pouvait sentir une certaine impatience d´en découdre dans les rangs. Pourtant cette nuit-là, les soldats français ne verraient pas un seul N´Deboutiste face à eux.

L´opération N´Deboutiste commença vers 23h30. De toutes les bouches d´égouts de la place, un gaz incolore et inodore s´échappait. C´était un euphorisant léger, utilisé simplement par les N´Deboutistes pour détendre les militaires et les rendre moins vigilants. Personne ne s´aperçut de rien sur la place. Pourtant peu à peu, dans les attitudes, on pouvait sentir que les hommes se relâchaient. Certains soldats parlaient entre eux, beaucoup ne s´occupaient plus de scruter frénétiquement la place et vadrouillaient sur la place par petits groupes, la mine bien plus détendus qu´auparavant. La deuxième phase du plan N´Deboutiste se mis en place. Simultanément aux fond de plusieurs rues donnant sur la place, une voiture faisait des appels de phares périodiquement. Une patrouille intriguée se dirigeait alors vers le véhicule afin de faire partir le conducteur. C´est alors que des effluves denses de chloroforme et d´alcool piquaient le nez des soldats une fois arrivés à environ 20 mètres du véhicule. Les vapeurs sortaient par deux entrées d´eaux de pluie le long de deux trottoirs face à face. Pris dans le nuage, la patrouille s´effondrait dans un sommeil immédiat. Les N´Deboutistes sortaient alors de leur camionnette, récupéraient et ligotaient les soldats et les plaçaient dans leur petits fourgons. La pénombre des rues encaissés ainsi que le dysfonctionnement malencontreux du dernier lampadaire de chaque rue permettait une assez grande discrétion dans l´opération.

Quand le sergent-chef se rendit compte du stratagème, il voulu sortir son arme de service mais ne la trouva pas car il l´avait rendue. Il couru vers l´un des véhicules et ouvrit la porte arrière de l´un d´eux. A peine la porte ouverte, il tomba nez à nez avec un homme, qui masque à gaz sur la figure, lui sembla de plus en plus flou. Au bout de 3 secondes il s´écroula. Il voulait infiltrer les N´Deboutistes, il était maintenant endormi et ligoté dans une de leur camionnette. Peu après cet incident. Quelques hommes en uniformes sortirent des fourgons et prirent la direction de la place. Les N´Deboutistes habillés en soldats portaient toujours leurs masques à gaz. Lorsqu´ils arrivèrent sur la place, les militaires de fonction étaient endormis. Plusieurs groupes vêtus de masque à gaz se repartirent sur la place. Certains collaient des affiches sur les camions de l´armée. D´autres, déshabillaient partiellement les soldats et leur mettaient dans les mains pancartes et banderoles. D´autres enfin, récupéraient du matériel de gendarmerie ou militaires dont ils pourraient avoir besoin. Talkie-walkie sur canaux chiffrés, gaz lacrymogènes, uniformes, etc. Ils s´employaient également à détruire toutes les balles de Flash-Ball qu´ils trouvaient. Si les N´Deboutistes prenaient soin de ne pas froisser l´intégrité physique des soldats endormis, tous les gradés subissaient le même sort que les premières patrouilles piégés. Ils étaient ligotés puis transportés dans des camionnettes pour partir on ne sait où.

La place s´était transformée en une sorte de Nuit Endormie. Une version de la manifestation où tous les protagonistes dormaient avec ou directement dans leurs divers supports revendicatifs. Les slogans avaient quelque peu évolué depuis la veille, influencés par les révélations dans la presse, d’une fuite d´eau lourde dans l´estuaire de la Gironde au viveau de la centrale du Blayet. Ainsi on pouvait lire en plus des traditionnels "Stop à la Précarisation de la jeunesse", des plus contextuels "France endettée, centrales perforées" ou encore "L´argent a décidé, le nucléaire va nous irradier". Demain la Nuit Debout continuerait, mais pour cette nuit, les manifestants avaient changé de camp.

761 mars 31 mars 2018

Aujourd´hui les fleurs bleues ont explosé comme des avions de chasse coupés dans leur élan. Les débris se sont répandus sur la zone de zanzibar et nous étions là, à regarder des bulles d´eau se former et engloutir lentement les corps. Un président déchu, quelques ministres emasculés et quelques flaques qui se rejoignent pour se transformer en mare puis sûrement en lac d´ici demain. Dans 239 jours seulement, Paris sera englouti sous un océan et nous pourrons respirer à nouveau. Charline sert de la sangria dans des tasses émechées et nous buvons lentement, pour la première fois depuis des jours.

773 mars 12 avril 2018

Il parait que le Quatre Temps brûle. La ligne 1 est coupée, la Défense bouclée. On met un bail à descendre depuis Nanterre. Fumées. Hélicos. Des blindés légers sur la dalle. Un drapeau noir à tête de mort flotte encore sur le toit de l´Arche. Même Camille est impressionnée. "Imagine la quantité de réunions annulées. Les powerpoints. Le manque à gagner..." Elle rit. Quelque chose, plus loin, pète.

777 mars 16 avril 2018

J´ai quitté Paris quelque temps, pour prendre l´air surtout. Avec ces conneries de calendrier marsien, j´ai aucune idée de la saison, mais en y réfléchissant bien, je m´en fous. Certains jours, il fait beau d´autres moins. Finalement ce que je retiens de tout ça c´est qu´on est pas encore sortis de l´auberge. Je crois que je me suis trop éloigné de la cité, et maintenant je suis perdu, dans le temps et dans l´espace. C´est assez pratique pour m´exercer un peu à l´exercice introspectif, un luxe que les villes refusent bien souvent à leurs détenus. J´ai lu quelque part que les hommes construisaient leurs métropoles comme on construit une prison. Cela paraît d´autant plus vrai que l´on s´évade. Mais voilà, les états d´âme n´ont pas vraiment leur place en politique. Je crois que je suis quelque part entre Paris et Orléan. J´ai traversé pas mal de zones commerciales. Étrangement, hors de murs de Paris, les choses semblent assez calmes, encore épargnées par l´effervescence du mouvement, même deux ans plus tard (à peu près, je crois). Je suis passé acheté des clopes dans une station service.

779 mars 18 avril 2018

Il n´y aura plus de lendemains qui chantent... Nos coeurs s´usent et nos corps flétrissent...

781 mars 20 avril 2018

non non non, tu n´y es pas, regarde les choses un peu mieux, concentre-toi, focus. Tu vois ? Ici, c´est comme ma chambre, je viens là pour me brosser les dents, tous les soirs. Ca marche bien, surtout quand il pleut. Moi, j´aime bien vivre dehors, faire popo derrière la statue. Je fais tout debout, ouais. J´ai décidé de pousser le truc jusqu´au bout. Debout. Faut savoir aussi qu´ici, on me connait. Et moi, je connais tous les chiens qui viennent chier ici avec moi, juste devant les CRS. Ils sont marrants, les soldats. Des fois je me frotte contre leurs armures, juste pour y mettre un peu de pisse. C´est comme ça que je les sens venir, c´est pour ça que je peux faire ce que je veux, sur cette place. Moi, j´ai décidé de reprendre l´espace public, moi, j´ai décidé que ce serait par moi que ca commencerait, tout ce merdier, tout ce mouvement, tout bien remuer, tout ça passke je suis pas cap de bien fermer ma gueule.

789 mars 28 avril 2018

Dans mon panier tout neuf, je récolte les objets déchus, les choses oubliées. J´en ai ramassé des tonnes. Chez moi tout s´entasse ; je veux dire : chez nous, puisque j´habite ici désormais, dans les immeubles jadis inoccupés que nous habitons collectivement. Je souffle sur les choses que je trouve, et avec mon souffle (et les souffles des autres), je tente de les façonner de nouveau, de leur inoculer une nouvelle vie. Où l´on découvre que le recyclage, c´est l´immortalité ; et que le chiffonnier passe son temps à se métamorphoser lui-même. Les choses anciennes abondent, dans mon panier tout neuf. Et avec mes ami.e.s, on s´essaye à y lire, à y écrire le futur, à partir de toutes les choses déchues, de tous les peuples oubliés. Ce soir j´irai danser sur les riddims des DJ du quartier, cocktail mixé de bruits anciens, de sons retrouvés, de silences neufs, de mélodies d´antan qui chantent notre présent d´utopies réalisées.

793 mars 02 mai 2018

Leila a gardé sa brûlure. C´est parti de là, en fait. Les journalistes avaient raison, il y a deux ans. On était mous. Mais les indignés ne sont pas des escalopes : ils ne s´attendrissent pas quand on les frappe. Je ne voulais pas en arriver là. Vraiment pas. Leila nous guide. Nous sommes six, brûlure par devant.

798 mars 07 mai 2018

très fragile

800 mars 09 mai 2018

Dans l´écroulement de l´immeuble, le vieil homme a perdu sa femme, son fils, sa fille et ses petits-enfants. Il a les jambes broyées (il ne marchera plus jamais). D´où tire-t-il la force de pouvoir encore sourire lorsqu´il voit le soleil se lever ?

803 mars 12 mai 2018

j´ai du bon data dans ma datatière. tu n´en auras pas. on fait pété la datatière. facebook ferme. fin de partie. début d´autres réseaux. les bots sont aux anges. lolilola

807 mars 16 mai 2018

Le cyberespace aujourd´hui, c´est un peu comme une sensation que j´avais quand j´étais petite dans le train ou l´avion la nuit. Dans l´obscurité on voyait des lumières sur notre visage, la lumière des écrans, moi-même reflétée dans la vitre du train, mon reflet déformé par le verre, projeté sur les paysages, les maisons, les autres. Comme une information translucide, un filtre sur une vie, une surface lumineuse toujours en mouvement, qui disparaît soudainement parfois, et reviens, et repart. Une part de moi-même que je ne contrôle pas. Devenue un fantôme électrique. Comme les petites lumières des lampadaires au loin, cachées par le feuillage des arbres, qui apparaissent en flashs lumineux. Comme une fenêtre illuminée suspendue dans le ciel noir. Des visions de fragments de vie. Un monde d´ombres, de reflets, de doubles. La vitre du train la nuit, et nous-mêmes emportés sans sentir la vitesse.

808 mars 17 mai 2018

Quand je repense aux soirées il y à deux ans et demi... Eux ils évoluaient déjà en sous marins, ça leur passait au dessus ces conneries de nuits debout. Dire qu´ils avaient commencé à faire parler d´eux à peu prêt à la même époque. Ça aura vite prit leur merde. Ah c´est sûr que dans la plupart des endroits c´est plutôt pas mal ce qu´ils ont fait, mais y en a d´autres, comme ici, où c´est complètement partit en vrille. "Nul n´échappera à notre contrôle" qu´ils disaient. Ben tiens.

Avec la non violence et le dialogue démocratique qu´ils prônent, on se demande bien comment ils vont leur faire regagner la raison aux fanatiques qu´ils ont eux-mêmes fabriqués. Parce que eux, ils se privent pas. Et aujourd´hui c´est nous qui subissons.

816 mars 25 mai 2018

Le lecteur d´ADN du taxi est en panne. Encore. Le chauffeur gromèle, sort son smartphone et prend mes empreintes digitales et rétiniennes. Il est tard. Je veux juste rentrer chez moi.

824 mars 02 juin 2018

En pleine rue, j´ai assisté aujourd´hui à une étrange lecture. Une femme trans déclamait ces mots de Walter Benjamin : "Aux yeux ducaractère destructeur rien n´est durable. C´est pour cette raisonprécisément qu´il voit partout des chemins. Là où d´autres butentsur des murs ou des montagnes, il voit encore un chemin. Mais commeil en voit partout, il lui faut partout déblayer. Pas toujours parla force brutale, parfois par une force plus noble. Voyant partoutdes chemins, il est lui-même toujours à la croisée des chemins.Aucun instant ne peut connaître le suivant. Il démolit ce quiexiste, non pour l´amour des décombres, mais pour l´amour du cheminqui les traverse." [...] «  Lecaractère destructeur n´a pas le sentiment que la vie vaut la peined´être vécue, mais que le suicide ne vaut pas la peine d´êtrecommis. » La femme trans était grave et sa voix ressemblait à s´y méprendre à celle d´une planète : très lointaine et très lente et pleine de matière inconnue. Elle ne lisait pas, elle vivait, elle appliquait, elle réalisait dans la rue le phrasé magique d´un auteur mort depuis bien longtemps. Ce n´est pas la première fois qu´une telle chose se produit ; c´est même devenue ordinaire depuis que les nuits se sont ouvertes. Mais elle, la femme trans à la voix interplanétaire, m´a donné le sentiment d´être passé par le feu ou par pire encore que le feu. Je me suis couché sur le toit, les yeux face au ciel, avec quelques ami.e.s. La voix était toujours là, et les chemins de partout partaient de mon crâne en filins de lumière.

830 mars 08 juin 2018

C´est beau une vie la nuit.

840 mars 18 juin 2018

La Poste, prise d´une habituelle pulsion commémorative, édite un carnet de timbres spécial "Nuit debout". Sur l´un d´eux, les jacarandas ont bien poussé. Leurs fleurs tapissent le sol de la place d´un bleu flamboyant. Malgré un tirage ultra limité, la cote-catalogue reste nulle. Les philatélistes boudent.

846 mars 24 juin 2018

Si on avait gagné, au moins on aurait pu voir les factions s´entre-déchirer, les leaders tirer la couverture à eux, les vainqueurs gâcher tout en s´arrachant leur part d´héritage. Ca aurait été beau. Ca aurait été triste. Mais on a perdu.

850 mars 28 juin 2018

Les robots ont rasé une autre ville. Mécaniquement. Ils sont bien payés pour ça. Ils ont passé leur journée à torturer des humains pour le compte d´un obscur gouvernement. Ceux et celles qui en réchappent sont jetées dans des camps de travaux forcés. Il y a-t-il une autre façon de vivre ? Il y a-t-il une alternative à ce chaos ? Derrière les ombres, il y a-t-il un brin de lumière ?

854 mars 02 juillet 2018

Trois fois que mon vote est perdu. Trois fois que je le confie à un type que je trouve bien, mignon et tout, et trois fois que je me fais baiser. Jamais le même, tu noteras ? Mignon, à chaque fois, facho à chaque fois. Comment on peut s´infiltrer aussi loin dans les rhizomes et réussir à glisser des motions anti-migrants ? Normalement, tous ces mecs sont no-border ? Non ? Non. Il y a des connards partout. Démocratie liquide, démocratie liquide, j´aimerais bien t´y voir. - mais pourquoi tu n´as pas voté toi même ? Tu pouvais ! C´est ça le concept de la démocratie liquide. - Le mec était mignon, moi si le mec est mignon, je craque. Démocratie liquide contre mec mignon, j´ai fait mon choix.

858 mars 06 juillet 2018

Imia ou Kardak. Ou Limnia ou Ikizce. Deux îlots. Ni turcs, ni grecs. La zone grise. Au terme de mon périple sur une planche d´apprentissage de natation, une vague me rabat sur une colonie d´oursins. Je m´agrippe. La pierre m´érafle. Je grimpe. Les occupants, serrés comme des sardines, me tendent une Thermos. "Bienvenue en zone grise !", me dit un hirsute, en anglais. Il rigole. Ses bras et ses mains sont éraflés, comme si les mouettes l´avaient bouffé. "Tu viens d´où ?" me demande un autre. "Marseille", je réponds. Tout le monde hausse les épaules. "On trempe tous dans la même soupe", énonce une femme aux lèvres gercées. En français, cette fois. Elle me tend son bras. Dessus, on a tatoué "Austéri-Thé". Elle rigole. "Quand même… Je ne pensais pas que ça arriverait si vite", ajoute-t-elle. "Les zones grises, il n´y a que là qu´on est bien". De l´autre côté du rocher, quelqu´un chante. Je m´évanouis de fatigue. Demain, j´entamerai ma nouvelle existence. Non citoyenne. Non européenne. Réfugiée volontaire en zone grise.

868 mars 16 juillet 2018

qui a pété ?

869 mars 17 juillet 2018

La matinée est ensoleillée. Mais une étrange fumée monte dans le ciel. Le sol tremble. Une centrale nucléaire vient d´exploser dans le nord de la France. Alerte générale. Panique monstrueuse. Sur toutes les chaînes TV, on retransmet la catastrophe en direct. Et puis tout à coup, plus rien. Tous les écrans diffusent de la neige. D´autres secousses se font sentir. D´autres réacteurs lâchent en région parisienne. Réaction en chaîne. La France brûle. L´apocalypse a lieu. Mais ce n´est pas encore le pire...

870 mars 18 juillet 2018

" Nous sommes probablement fous à lier, comme vous le dites si bien cher Monsieur. Il est vrai que nous vivons dans une démence continuelle. Peu d´entre nous osent l´avouer. Au sein de l´Empire, nous nous chargeons d´éliminer la part des citoyens qui ont un esprit...disons : trop critique. Bien qu´ils soient peu nombreux, ils ont un pouvoir si important qu´ils pourraient renverser l´ordre établi si leurs idées étaient partagées par... disons... ne serait-ce que 30% de la population. Or, nous tenons à notre délire. À la démence qui nous permet de vivre tel que nous le voulons. Nous tenons à nosprivilèges. S´en débarrasser serait s´abaisser à votre niveau. Et nous ne le supporterions pas. Nous produisons la Mort afin que la Vie se régule d´elle-même. Vous me suivez ? Le MONDE que vous et moi percevons n´est qu´une infime partie de la réalité. Des possibilités infinies nous dépassent, et aussi intelligents que nous soyons, nous sommes incapables d´en prendre conscience. Nous nous en contentons. Mais certains en veulent plus. Et vous en faites partie. Voilà ce qui nous gène. Vous voulez un AUTRE MONDE où tout ce que vous jugez atroce et amoral n´existerait pas. Où notre brigade d´interventions spéciales n´existerait pas, car nos activités sont à vos yeux trop violentes. Mais pour que la paix se fasse dans ce MONDE, cher Monsieur, il faut combattre. Et malheureusement, il est nécessaire d´user de la force pour combattre ceux qui vont à l´encontre des règles de l´Empire. Ceux qui sont tout simplement hostiles à notre mode de vie. Mais votre présence parmi nous prouve notre bonne volonté. Nous aurions pu déjà vous tuer. Facilement. Donc soyez satisfait, cher Monsieur, de l´état de la situation. Si nous vous portons préjudice en réquisitionnant votre ferme, n´y voyez rien de personnel. C´est l´Argent qui nous pousse à agir de la sorte. Votre terrain sera pour nous une sourcegigantesque de revenus. Nous avons un amour immodéré pour l´Argent,le Luxe, la Démesure, l´Opulence, le Confort... Vous ne comprenez sûrement pas. Quel manque d´empathie. Mais j´avoue avoir du mal à me mettre à votre place. Pourquoi attachez vous autant de valeur à votre vie minable ? Certes, c´est ici la terre de vos ancêtres, et vous êtes attachés à vos racines. Mais vos ancêtres sont morts depuis bien longtemps, et il n´est jamais trop tard pour se déraciner et construire une nouvelle vie ailleurs. D´ailleurs, nous pouvons vous fournir un logement. Nous avons pensé à tout. Nous pensons toujours à tout. Et puis, vous avez signé le contrat non ? Sans lire cette close, n´est-ce pas ? Je comprends votre désarroi. Mais vous n´avez pas tellement le choix. Acceptez de laisser le terrain ou nous nous verrons forcés d´user de méthodes peu avouables pour respecter notre contrat. Et nous avons comme principe d´honneur de toujours respecter nos contrats dans les moindres détails. Alors que décidez vous ? Je vais être franche avec vous cher Monsieur, les industries du pétrole, du gaz, du nucléaire, de la chimie, et j´en passe, ont tellement saturés la planète de leurs déchets qu´il ne reste que votre terrain qui soit absolument pur. Vous savez comme moi qu´il nous appartient déjà. Ce n´est qu´une question de temps. Le contrat est signé. Ah, je sais, je sais …vous rêviez de tomates, de je ne sais quel légume, quel arbre, quelle fleur, poussant à foison. Et vous n´êtes pas si loin de ce que nous allons faire. Nous allons construire un complexe gigantesque grâce au fond récolté après des années d´intense travail. À l´intérieur de ce complexe, il y aura des zones réservées à l´élevage de plantes, de légumes, d´animaux, des bassins purificateurs d´eau, et d´autres zones réservées à un groupe d´hommes, de femmes, d´enfants, soigneusement sélectionnés par nos soins. Ce qu´il y a de mieux en terme d´humains. Et ce complexe seraun nouvel arche destiné à le sauver du destin chaotique qui attendle reste de l´Humanité. N´est-ce pas une merveilleuse idée ?! Et cela sur votre terrain mon cher ami fermier. Ah mais, vous n´aurezpas la chance d´assister à ce miracle. Car vous avez signé le contrat. Cependant, si vous tenez à la vie, et si vous tenez à demeurer sur la terre de vos ancêtres, j´ai une proposition que je vous conseille d´accepter. Donnez-nous votre cerveau. Je m´explique. Il n´est pas facile de savoir comment gérer des bêtes, des plantes, des légumes, comment gérer des animaux destinés à nourrir des milliers de personnes sur une durée indéterminée. Pas pour vous. Vous avez tenu votre ferme toute votre vie. Vous maîtrisez à la perfection l’élément clé qui nous manque afin que notre plan ne s´écroule pas. Donnez-nous votre cerveau et vous aurez la vie sauve. Bien sûr, ce sera une vie végétative, vous allez perdre la plupart de vos sensations actuelles, mais votre intellect sera total. Je peux vousl´assurer. Ce sera une nouvelle vie pour vous, vous me saisissez ?..."

888 mars 05 août 2018

L´ex journaliste de BFMTV rigole "vous nous aurez vraiment emmerdé jusqu´au bout. Comment vous vouliez qu´on fasse notre boulot ?", puis replonge ses mains dans le bac à vaisselle.

899 mars 16 août 2018

L´explosion a fait trembler la ville entière. Les voilà qui reviennent... Les spectres robotiques de la mort impitoyable. Et dans la fumée des ombres fuient, courent se réfugier là où elles le peuvent. Tant bien que mal entre les rafales d´armes lourdes. Des familles détruites. Des âmes piétinées. Tout ça au nom du profit et de la rentabilité. L´avenir commence là où une certaine idée du futur s´est brisée...

900 mars 17 août 2018

A Toulon, le passeur nous dit, "ce sera 25 mille". Moi : "On avait convenu 5 mille par personne", il dit "pour ce prix vous aurez droit à trois tentatives". Et : "si vous êtes pas contents, vous pouvez toujours essayer Gibraltar". Elle frissonne. On a entendu, par d´autres voyageurs, des rumeurs sur ce qui se passait dans les Pyrénées. On a vu à la télé les images du camp de rétention britannique dans le protectorat, alors je dis, "okay, on peut partir quand ?". Lui : "trois semaines au plus tôt. Il y a de d´attente, sauf..." "Sauf quoi ?" "Sauf si vous êtes prêts à passer par la Lybie, on peut vous mettre après-demain sur un porte-conteneur." Je dis qu´on va réfléchir. On va réfléchir. Le soir on est sur le port, moi, elles, les deux enfants. La Méditerranée est plate et sombre, presque huileuse. La côte tunisiennes à 700 bornes à peine, moins loin que notre maison. Il va falloir prendre une décision, mais la nuit vient sans apporter de réponse.

901 mars 18 août 2018

En proie à cette espèce de dédoublement qui fait de moi le spectateur privilégié de mes propres initiatives, je craque à l´intérieur et pianote, d´un seul élan, la fameuse séquence encore jamais utilisée.

Tous les candidats assignés à l´un ou l´autre aspect du programme ont signé leur promesse de respecter les critères de sécurité, ils sont soumis à une surveillance de tous les instants. Si l´un d´eux, tant militaires que civils, déroge à son serment, il s´expose à la conséquence suivante : mourir dans des circonstances étranges et imprévisibles (le plus souvent, il sera victime d´un assassinat déguisé en suicide ou en accident).

La difficulté réside dans le fait qu´une simple énergie ne ressent rien, n´entends rien, ne voit rien...

À la suite de certaines expériences, nous avons acquis la conviction que vous devez entreprendre vos recherches dans les environs du Massif Central, où la tradition situe d´ailleurs diverses manifestations étranges. Nous savons que de nombreuses histoires se racontent encore, qui ont trait à de mystérieux phénomènes qui se sont produits et répétés à proximité, au cours des siècles. Je ne peux malheureusement pas vous en apprendre davantage, mais on vous renseignera plus amplement sur place. Prêtez l´oreille à toutes les légendes, car elles possèdent toutes un fond de vérité. Soyez attentifs aux moindres allusions même s´il vous semble a priori que ce ne sont que des ragots, et ne négligez aucun écho, ni aucun propos, ni aucune croyance, même si vous avez tendance à la taxer de superstition ridicule. Par contre, si vous n´estimez pas avoir l´estomac assez solide pour assimiler ces notions ou si vous pensez ne pas pouvoir en supporter les conséquences, n´allez pas plus loin.

Pour parvenir à réaliser une exploration véritable, c´est-à-dire pour pouvoir vraiment connaître les mondes abordés par le truchement du double énergitique, il est nécessaire de doter celui-ci de sens identiques ou analogues à ceux dont l´homme dipose. Il faut, autrement dit, que le double émis puisse voir, entendre, sentir, éprouver des sensations diverses et des sentiments variés, se comporter en un mot comme un être vivant normalement constitué.

Nous ne sommes que des apparences. Vous jouez avec la crédulité des gens pour camoufler vos agissements. Combien sont-ils sur Terre à vous servir aveuglément en ne sachant même pas à quelle cause ils se dévouent,en ignorant qui sont leurs maîtres ?

Les mécanismes du cerveau humain ne sont encore, ni tous élucidés, ni certainement près de l´être. Ses composantes physiques, son fonctionnement électrochimique, les pièces détachées du moteur, en quelque sorte, tous ces milliards de cellules neuronales cablées en centaines de milliards de connexions, avec leur discontinuitées synaptiques sur lesquelles diverses substances médiatrices lancent des ponts qui ne durent, la plupart du temps, qu´une infinitésimale fraction de seconde, ont été « mises à plat », disséquées de toutes les façons possibles.

Cela dépassait largement tout ce dont il avait rêvé en concevant l´énergie personnifiée.

Dans l´enchaînement paralogique de tout mauvais rêve, se glisse, tôt ou tard, une scène plus horrible ou plus absurde que les autres. Qui dépasse les possibilités d´adaptation du dormeur à cette réalité parallèle et l´expulse de son cauchemar, le cœur emballé, la respiration brève.

Il se disait, non sans raison d´ailleurs, qu´il se proposait d´affronter une puissance qui lui était inifiniment supérieure, contre laquelle il ne pourrait évidemment rien.

D´où viennent, où vont, à quoi servent ces activités parfois fantastiques, parfois quasi« raisonnables » qui laissent le corps en place, mais entraînent notre esprit dans des lieux, des domaines et des aventures dont on a souvent bien du mal à interpréter le sens ?

Il avait imaginé une force dotée de sens, capable de se rendre dans une multitude d´endroits que les engins les plus perfectionnés ne pouvaient atteindre, vers des mondes lointains naturellement incaccessibles, d´où l´énergie personnifiée rapporterait un grand nombre d´images, de perceptionset de sensations... ce rêve était réalisable qu´en ayant la possibilité d´aller sur n´importe quel monde en formulant seulement le vœu de s´y trouver...

L´être humain éprouve quelque peine à concevoir que la vie et l´intelligence puissent se manifester sous d´autres formes que celles qui lui sont coutumières. Même quand vous essayez d´imaginer un être supérieur, doté de qualités exceptionnelles et de facultés intellectuelles incomparables, vous lui donnez un physique semblable au vôtre et vous en faites un sur-homme, ou une sorte de patriarche débonnaire,ou un héros doté d´une force physique incommensurable, ou encore une femme d´une beauté singulière... Incapable de se dégager d´une sorte de narcissisme, l´homme n´invente alors jamais qu´une image améliorée de lui-même... Mais la vie peut revêtir bien des aspects et bien des formes, et celles-ci ne sont pas forcément concrètes.

Pourquoi se lancer dans cette aventure ?, se demandait-il. Pour servir et satisfaire la vanité des hommes, qui entendaient être leurs propres maîtres et les seuls artisans de leur destinée ? Il s´était cru transformé jusqu´au fond de son âme et il se rendait compte peu à peu que cette modification n´était que temporaire.

L´étre humain n´est pas seulement amateur de confort matériel ; il tient aussir à une sorte de confort intellectuel, état de paresse qui repose sur ce qui est communément admis et sur le refus systématique de tout ce qui risque de remettre en question ce que l´on a choisi de tenir pour vrai. La conséquence de ceci est que depuis toujours l´humanité a été orientée dans une fausse direction et conduite sur une voie tortueuse jonchée d´un agrégat de conspirations et entravée par un amoncellement d´informations biaisées.

Les romanciers d´antan commettaient une double erreur. Il se souvenait qu´on lui avait parlé d´un signe distinctif, d´une marque qui permettait leur identification. Mais il lui semblait que cette explication n´était pas entièrement satisfaisante.

Les rêves ont pris, cette nuit,des formes plus précises, plus organisées, mais il est évident que les auditoires découverts dans ces rêves n´étaient que des images de substitution plaquées par nos cerveaux humains sur les véritables destinataires de cette hypnopédagogie imposée. Qui plus est, les leçons de cette seconde nuit était déjà plus complexes, plus riches que celles de la première.

En réalité, tout le comportement humain est profondément influencé par la mort. Pour ceux qui croient en une autre vie, en une existence dans un au-delà, elle marque à la fois la fin d´une étape et le seuil de cette existence nouvelle, différente et meilleure. Même ceux qui possèdent cette foi admettent l´idée que le corps ne franchit pas cette frontière entre deux mondes, qu´il doit être abandonné ici-bas, devenu inutile.

À ce stade, notre ou nos élèves,puisque nous ignorons même s´il s´agit d´une entité ou d´autant d´individus distincts que nous sommes de professeurs, ne va ou ne vont pas tarder à pouvoir s´exprimer couramment dans notre langage véhiculaire. Tout dépend de ses ou de leurs facultés d´absorption et d´intégration d´un mode de communication nouveau pour elle, ou pour eux.

Être venu de l´espace...Homme... Tu as douté... Il ne faut jamais douter... Voilà pourquoi tu ne peux repartir... Ta présence parmis nous prouve que nous sommes prêts à accepter le dialogue. Ce qui te paraît être un abus de puissance et d´autorité est nettement nuancé par notre intention d´exposer au grand jour les détails de cette conspiration.

Il ne vous est pas demandé d´y croire mais simplement d´en observer la manifestation à la lumière de ce qui s´est produit dans le passé, de ce qui arrive actuellementet de ce qui est en train de se tramer juste sous votre nez.

Si vous vous apprêtiez à envahir une civilisation étrangère vous ne le feriez sans doute pas en déployant une armada d´aéronefs qui sillonneraient le ciel au risque d´être abattus – ce sont les êtres moins évolués qui ont recours à ce genre de tactique. Au contraire, vous ne feriez que suggérer votre présence et, en semant le doute, vous apparaîtriez à quelques citoyens. Vous produiriez une telle confusion que chacun finirait par ne plus croire en personne ni en rien.

Maîtres ? Puissance. Autorité. L´être humain. L´être humain lointain naturellement éprouve quelque peine de s´y retrouver...L´envie d´aller sur n´importe quel monde en formulant seulement le vœu était nettement nuancée par l´intention d´exposer au grand jour les détails de la conspiration. Quel est le dialogue ? Quelle est la Cause ? Où sont ceux qui se dévouent en ignorant être abusés ? Camouflez vos agissements. Combien sont-ils à repartir... de la Terre ? Leur présence pour nous servir nous prouve aveuglément que nous sommes des Êtres venus de l´espace... que des apparences...

En proie, de nouveau, à cette espèce de dédoublement... En moi, tout se mêle et tout se contredit. Me suis-je endormi ? Ai-je rêvé ? Je ne le pense pas. Toute la séquence était d´un grand réalisme et d´une logique sans faille.

904 mars 21 août 2018

Je me rappelle d´Athènes en 2015. La défaite de Syriza face à l´Eurogroupe. Qu´avons-nous fait à part gueuler sur les réseaux sociaux ? Aujourd´hui, je retrouve, à Paris, les mêmes slogans aux murs. Mot pour mot. Je me rappelle d´Athènes en 2015. Brûlons les Banques ! Quelle obole fermera tes yeux, Schauble ? Aujourd´hui, les murs de Paris sont bardés de formules mortuaires. Qui d´entre nous était debout à Syntagma en 2015 ? Qui à Gezi, en 2013 ?

916 mars 02 septembre 2018

Les gros camions arrivent mais les derniers champs résistent.

930 mars 16 septembre 2018

Un type torse nu arbore un tatouage près du pelvis. ACAB. Ce nest pas un tueur de baleines. Sommes-nous les esclaves de nos slogans ? La peau, notre frontière. Qui la perce ? Pourquoi ? All Capitalist Are Bastards. Où est ce putain de cachalot blanc ? "I see in him outrageous strength, with an inscrutable malice sinewing it. That inscrutable thing is chiefly what I hate; and be the white whale agent, or be the white whale principal, I will wreak that hate upon him."

942 mars 28 septembre 2018

Je me rappelle avoir rejoint le mouvement il y a quelques années, et quand je l’eus rejoint, je me rappelle que les autres l´avaient rejoint depuis des années déjà, depuis quand dure ce mouvement ? Ce matin un type m´a abordé dans la rue pour crier sa joie et fêter la première colonie terrienne dans un autre système solaire.

950 mars 06 octobre 2018

à combien d´apocalypses avons-nous survécu ?

954 mars 10 octobre 2018

C´est ma deuxième fouille rectale de la journée. La première c´était à la sortie de Monoprix, parce que ça avait bippé. Là c´est juste parce que j´avais vraiment envie de voir ce film au cinéma. Et encore, je suis Blanc.

968 mars 24 octobre 2018

Et tout ça, c´était du vent ? Rien de plus beau au monde.

975 mars 31 octobre 2018

trop fragile

986 mars 11 novembre 2018

Ô Tis, suspends ton vol : les ascenseurs sont hors service, les piéton.nes affluent dans les rues intérieures ; Reconquista de l´espace social. 6ème étage, le bruit des voix tues reste dans le silence sus-pendu.e. Le battement de ton coeur, sourd. Je le sens qui se bat contre le mien, mesure assymétrique. Il n´y a plus de technologie entre nous. DéTis, peau à peau, je reprends possession de mes sensations dépixélisées. Tends, scion vers l´intemporel ; Amour. L´utopie prend corps.

987 mars 12 novembre 2018

Hier dans le ciel des milliers d´oiseaux, à presque me faire peur. Les choses ont tellement changé depuis le début de ce long Mars ; changé en mieux, pour beaucoup d´entre elles. Mais c´est toujours Saturne qui règne là-haut, toujours Saturne qui tourne et, malgré tous nos efforts, fait exister la douleur. Car oui, la douleur est toujours là ; mais c´est une douleur différente : douleur diffuse de ceux qui ont le sentiment de vivre depuis des siècles ou des millénaires et d´en avoir assez vu. Douleur de ceux qui savent que la justice n´est jamais qu´un projet dont on ne connaîtra jamais la réalisation achevée. Douleur de ceux qui dorment et qui dans leur sommeil entendent tous les morts, tous les os des morts grincer, et même les morts venus d´autres planètes. Douleur, donc, intarissable. Mais la révolution n´avait pas pour cible la douleur, mais l´oppression, la douleur née de l´oppression. J´ai toujours su cela, mais cela ne m´a jamais semblé aussi clair qu´aujourd´hui. L´oppression recule ou fait mine de reculer, mais la douleur continue de prospérer dans nos cartilages, sous nos nerfs. La mort est si grande, le soleil si chaud, les bêtes si belles lorsqu´on les observe libres. Il y a une trentaine de jours de cela, nous étions au moins une centaine au niveau de l´esplanade centrale, sur le petit promontoire rocheux installé là par des paysagistes insurgés. Nous regardions le soleil lentement décliner entre quelques nuages. La journée, tissée de luttes diverses, avait été fructueuse. Nos coeurs baignaient dans une paix profonde. Et pourtant, assis là, sans parler, nous sommes nombreux ce soir-là à avoir pleuré. Non par fatalisme ou par désespoir, seulement parce que la douleur du temps était venue nous visiter. Ayant rabattu sur moi une couverture - le vent venait de se lever - je savourais mes larmes comme un enfant fatigué. Mon coeur était chaud, semblable à une bête endormie. Mes yeux déchiffraient l´avenir dans le lointain : il n´y avait là que du feu, que des larmes et du feu.

992 mars 17 novembre 2018

On y est presque les copines

993 mars 18 novembre 2018

Bientôt nous verrons clair.

995 mars 20 novembre 2018

La constitution vient d´être approuvée. La pression du peuple a eu raison des institutions politiques. Seul une petite poignée de conservateurs continuent à critiquer le mouvement Nuit Debout. La foule est en liesse, tout le monde est dans la rue.

997 mars 22 novembre 2018

La mer a monté. Pieds nus, on zone sur les places à la recherche de coquillages, de bois flotté, de saloperies utiles que les vagues ont recrachées. On paresse un peu, aussi : on apprivoise, pour les temps à venir, la nouveauté de ces grèves infinies.

998 mars 23 novembre 2018

Couchés dans la nuit, nous nous cachons.

Il y avait de l´espoir et du doute, dans ces premières nuits, des idées et des projets. Nous forgions nos possibles. Nous étions des emprunteurs, chantant aux temps chauds. Mais le temps passait, ramenant le froid de l´automne, chassant nos corps, sinon nos cœurs, des places venteuses.

Ils nous trouveront. Ils nous trouvent toujours, l´un après l´autre.

Plongés dans notre calendrier imaginé, nous avons oublié les dates et les échéances. Quand les beaux jours revinrent, il y avait un nouveau pouvoir qui dirigeait notre pays. Nous ne nous en soucions pas. Ces mots, pouvoir, pays, présidence, n´avaient guère de sens pour nous. Nous étions libres, nous étions jeunes. Dans l´obscurité toujours lumineuse des villes, nous inventions d´autres passés, nous espérions d´autres futurs. Nous réécrivions la constitution, en rires et en chants. Nous avons oublié que d´autres, pendant ce temps, le faisait également, sous la lumière si obscure des néons des ministères. Nos paroles étaient poèmes, toujours multiples et contradictoires ; les leurs étaient la loi, froide dans son unicité.

Nous sommes clandestins dans nos propres villes, dans notre propre pays. Sans papiers, sans argent. Sautant dans des trains, brouillant les pistes. Pour gagner du temps.

Nous n´avons rien vu venir. Trop occupés à inventer, à réfléchir, à proposer, nous avons oublié les rythmes du monde. Les nuits se suivaient et ne se ressemblaient pas. Nous rêvions. En oubliant qu´on ne rêve qu´endormi, et que nous laissions ainsi le privilège de l´éveil à ceux qui voulaient voir en nous des ennemis. Nos seuls ennemis étaient ces mots qui se faisaient omniprésents : risque, urgence, crise, effort, nation. Sécurité, surtout, brandi partout, bientôt dirigé contre nous.

Nous ne sommes plus en contact les uns avec les autres. Trop dangereux. Les premières rafles nous ont bien appris. Mais nous suivons l´actualité, et à chaque arrestation, nous pleurons, tant nos espaces se réduisent. Les frontières sont fermées, le web trop surveillé. Nous n´avons plus d´ailleurs.

Nous sommes revenus, obstinément, chaque soir, bravant les lois et les interdits, défiant les uniformes et les menaces. Nous avons fait corps. Nous avons crié nos slogans, tagué les murs, défié les ordres et leurs forces. Nous avons fait société contre l´État. Nous avons cru jusqu´au bout à un sursaut, nous avons attendu des renforts qui ne venaient pas. Ce n´est pas la haine du pouvoir qui nous a détruit, mais l´indifférence des gens. Nous n´y étions pas préparés. C´est notre faute. Nous avions oublié qu´une place est toujours une île, coupée du monde. Nous avons vécus en insulaires, entourés d´horizons ; nous sommes morts en pirates, condamnés de partout.

Nous n´avons plus de travail, plus de droit, plus de visage, car on est dépossédé de son visage lorsqu´il orne des avis de recherche. Nous ne sommes plus.

Il y a eu de la colère, il y a eu de la violence. Moins qu´ils ne le disent, mais plus que ce que nous voulions, dans ces premiers jours de mars, si lointains maintenant. Le pouvoir a parlé de débordements ; et le pouvoir s´est fait canal, digue, barrage. Nous avons été interdits, diabolisés, combattus. Pourchassés.

Nous ne sommes pas faits pour cette vie de fuite, nous qui étions fêtes. L´errance nous mine, nous divise, nous abat. Elle nous ôte le souffle. Ils nous arrêtent, mais, avant cela, nous mourrons d´asphyxie.

Nous ne voulions qu´y croire. / Sire Flo

998 mars 23 novembre 2018

Deux ans et demi après la première nuit debout, un an et demi après la grande « reprise en main » (de fer). Les places de la République sont désertées, quadrillées par les escouades caparaçonnées. Flics à tous les croisements, caméras sur tous les panneaux : les citadins rasent les murs, l’ordre règne. Mais les insoumis ont pris la clé des champs. Partout maquis, bastions, îlots, zones à défendre… Les filles et gars de Notre Dame des Landes ont creusé des tranchées, posé des mines, planté des pals. A Garge-les-Gonesses, chaque nuit, le chantier « AuchanParadise » est attaqué : on retrouve au matin des tractopelles calcinés, des grues décapitées ; le dôme de verre protégeant la piste de ski « indoors » craque sous l’assaut des pierres et des billes de plomb tirées par des « Thierry la Fronde » encagoulés. Dans l’Isère, à Roybon, des hordes nocturnes tronçonnent les palmiers aux abords du Center Parcs, infiltrent la « bulle tropicale » pour pisser dans les piscines. Partout, les hypermarchés et les plateformes alimentaires low-cost sont dévalisés, malgré l’armement des vigiles et les portiques sécurisés. Les armureries ont été prises d’assaut. Fusils de chasse et armes de poing passent de main en main, stockées dans les greniers et dans les caves. Les insoumis gagnent les hauteurs (ou les profondeurs), s’unissent, se scindent, prolifèrent, profitant du moindre vide, du moindre interstice… Chaque nuit, sur les collines, des feux s’allument et se répondent. Chaque nuit, les murs des bâtiments officiels s’ornent d’un nouvel appel, d’un nouveau défi. Les « dragons » de Marine écument les bourgs et le fond des vallées, mais les cîmes et les forêts leur échappent, ainsi que le labyrinthe infini des chemins secrets et des sentiers oubliés.

999 mars 24 novembre 2018

Avancer, reculer, ça glisse pareil. Quoi ? Voter la reconduction des mille prochains jours, décréter la non-fin ou procrastiner encore un peu. Etendre le concept à Avril, why not. Ma voisine trouve que ça fait un peu pêchu, de toute façon on ne s´en sort pas avec les dates, l´anniversaire du petit dernier on n´a jamais su où le caser. Moi j´espère. Un Demain, avec sa majuscule : encore quelques Nuits, debouts, avec les plus volontaires, pour faire oublier la peur du vivre ensemble. Non, j´irai pas voter. Je m´en fiche, des dates. Je ne veux plus avoir peur, c´est tout

999 mars 24 novembre 2018

A la veille du millième jour, les événements s´accélèrent: les peuples ont enfin compris que le noeud gordien qu´il fallait trancher, c´était l´argent et son usage barbare. On a brûlé des tonnes de billets sur la place de la République, les banques et la bourse ont été investies par les manifestants. Tous les militants des multiples alternatives au capitalisme ont pris la place des ministères et de l´Elysée, non pour prendre le pouvoir mais pour coordonner les initiatives locales et citoyennes. Les centres informatiques Amazon, BNF, INSEE, etc., ont été récupérés par les Anonymous et aussitôt transformés en une immense banque de données autogérée, révolutionnaire. En une seule journée, on voit poindre la société dont nous rêvions depuis si longtemps sans y croire: la société sans argent, la société où l´échange marchand sera éradiqué au profit d´un accès libre et universel à tous les biens et services dont nous disposons avec pour seules limites des règles simples: il y a ou il n´y a pas, c´est écologique ou pas, c´est renouvelable ou pas, c´est utile ou pas... La simple sortie du système monétaire, la fin des profits financiers obligatoires, va changer radicalement le politique et les relations sociales. A peine amorcée, cette rupture radicale laisse entrevoir des possibilités infinies et des énergies insoupçonnées. Le mythe du roman "Le Porte monnaie, une société sans argent" qui avait paru en 2013 devient réalité. Les quelques "illuminés" du site "La désargence.org" nous ont heureusement laissé une masse de documents, d´analyses, de prospectives utiles. On sait maintenant que le néolibéralisme n´est pas la fin de l´histoire, qu´une nouvelle page s´est écrite durant ces mille Nuits Debout. L´oligarchie capitaliste, les politiques et leurs chiens de garde médiatiques se sont dispersés dans la nature, impuissants à contrecarrer la marée révolutionnaire....

999 mars 24 novembre 2018

Depuis, nous en sommes là. Déguenillés, usés, désabusés. On marche, bien alignés, synchronisés, dans ces longs couloirs sombres et sales. On se suit, sans but précis. On ne parle plus, mange presque plus. On ne rêve et espère même plus. Et puis il y a elle. Oui elle, qui marchait pas loin de moi. Toujours à portée de mes yeux. Les siens étaient peut-être bleu ? Je ne sais pas. Elle, qui un jour se retourna. Personne devant moi ne s’était encore jamais retourné ! Elle avait soudaienement un air hébété et en même temps excité. Je crois qu’elle réagissait ! Oui c’est ça, elle réagissait !! Perrine Brs

999 mars 24 novembre 2018

Mille jours dans mars / Mille jours en trente et une journées / Ça pourrait paraître une éternité / Mille jour poue le dieu Mars / Mille jours pour le dieu de la guerre / Mille jours pour mener la guerre / Mettre hors la loi, une loi et son monde / Et par ma foi / Aura-t-on assez de mille jours en mars?

1000 mars 25 novembre 2018

Sonnons-nous rendez-vous.

Il est temps, déjà le jour se lève.

Quelque chose est en train dans l’univers.

1000 mars 25 novembre 2018

MDR. Nous arrivons enfin sur Vénus. L´amour règne sur la Terre. Les médias nous racontent de belles histoires d´amitié. La jungle de Calais a été transformée en jolies maisons écolo grâce aux pots communs qui servent de redistributions sur le prélèvement volontaire des gains acquis par nos stars du tennis et du foot, nos stars de cinémas et nos grandes entreprises qui ont créé le dividende sociale et le dividende salariale en parallèle au dividende des actionnaires. Le monde est plus beau parce que tout simplement du haut en bas de l´échelle des revenus, chacun et chacune est solidaire de l´autre d´une façon ou d´une autre. Les offshores ne sont qu´un très lointain souvenir, les banques veillent à la richesse collective des peuples et n´agissent plus en banksters tout simplement parce que dans les banques aussi Nuit Debout a essaimé sa révolution et que les jeunes pousses qui ont étudié l´économie prennent des places à responsabilité qui responsabilise le monde de la finance à ses devoirs citoyens. Oui. Incroyable! Nous nous sommes téléportés de Mars à Vénus et nous commençons le nouveau calendrier Vénusien destiné à durer aussi longtemps que l´Humanité fera partie du système universel. MDR. Nous allons fêter ce soir les Nuits Debout Place de la République et sur toutes les places de la Terre pour cette réussite colossale dont personne parmi les anciens irresponsables ne donnaient de chance. Notre aventure spAciale a gagné grâce au move de notre Love et à notre Paix intérieure que nous pratiquons tous les jours. Nous avons atteint Vénus par téléportation et ça, personne ne pouvait croire qu´un certain Einstein nous avait donné raison.

1000 mars 25 novembre 2018

L´avenir est écrit ici ! Je veux en faire parti... / Christophe

1312 mars 03 octobre 2019

L´avenir existe encore. Viens.